« Dans la toile » de Vincent Hauuy

Isabel Gros, critique d’art, vient de vivre un terrible cauchemar. Survivante d’une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Elle subit de lourdes séquelles, troubles de la mémoire, syndrome post-traumatique. Son mari, médecin, qui s’occupe d’elle, décide de l’emmener dans un chalet isolé dans les Vosges afin qu’elle se sente mieux loin du monde.

Mais la vie dans le chalet n’est pas de tout repos. Elle a des crises de somnambulisme, des trous noirs et son mari lui cache des choses.

Vincent Hauuy distille une atmosphère oppressante tout au long du roman. Huis clos un tantinet inquiétant où la paranoïa se mêle à l’irrationnel. Le lecteur ne sait pas si Isabel est dérangée ou si vraiment il se passe des choses bizarres autour d’elle.

L’auteur est très habile et surprend constamment le lecteur, on croit comprendre ce qu’il se passe mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’on pourrait le croire.

Voilà un thriller psychologique des plus efficaces.

Édition Le Livre de Poche

« Octobre » de Søren Sveistrup

Une jeune femme est retrouvée dans une aire de jeux pour enfants. Son corps mis en scène est amputé d’une main, un petit bonhomme fabriqué en marrons accroché au-dessus d’elle. L’enquête est confiée à Naia Thulin, qui pense à son prochain départ de l’équipe, et à Mark Hess, transfuge de Europol. Très vite une deuxième femme est assassinée avec la même mise en scène. On découvre que les empreintes d’une petite fille disparue depuis un an apparaissent sur les marrons.

Je n’en dis pas plus car il faut vraiment découvrir ce thriller sans en savoir trop. Je ne connaissais pas moi-même l’histoire, je m’étais laissée guider par toutes les bonnes critiques que j’avais vu passer. Et je l’ai dévoré.

Tout est bien fait dans cette histoire. Le prologue qui intrigue, les scènes de crime macabres, les personnages de policiers tout en failles et questionnements, l’ambiance tendue et le dénouement inattendu. Une maîtrise du suspense qui tient tout le long, des petits rebondissements qui nous font croire qu’on a compris qui était le meurtrier.

Je me suis laissée totalement embarquer par ce premier roman. Søren Sveistrup est le scénariste de la série « The Killing », on sent la technique du raconteur d’histoires.

Bref très efficace et addictif, tout ce qu’on attend d’un bon thriller.

Édition Le Livre de Poche

« Qaanaaq » de Mo Malø

Qaanaaq Adriensen est envoyé au Groenland pour une enquête. Adopté à l’âge de trois ans, il n’est jamais revenu sur sa terre natale. Il y va de mauvaise grâce, habitué à mener ses enquêtes à Copenhague.

Trois ouvriers d’une plateforme pétrolière ont été retrouvés sauvagement assassinés. Tout laisse penser qu’ils auraient été attaqués par un ours. Épaulé par l’inspecteur Apputiku, il va devoir conduire ses investigations malgré l’ambiance haineuse envers les danois et la responsable locale qui ne voit pas son arrivée d’un bon œil.

Enfin je peux dire que j’ai lu un roman policier de Mo Malø. Encensé sur les réseaux sociaux pour son dernier opus, il me semblait plus juste de commencer par le premier afin de découvrir les prémices de son personnage principal, Qaanaaq.

Loin d’être déçue j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans ce genre de romans scandinaves. Une ambiance hors du commun dans des contrées hostiles, des personnages brut de décoffrage qui vivent selon des coutumes ancestrales et bien sûr une enquête passionnante.

On fait connaissance avec Qaanaaq, inspecteur danois intuitif et droit dans ses bottes. Il part au Groenland pour résoudre des meurtres mais aussi pour découvrir une partie de son passé. Mo Malø mêle les deux trames avec brio.

Idéal pour les fans (comme moi) des auteurs nordiques.

Édition Points

« Seul le silence » de R.J.Ellory

Au fin fond de la Géorgie, Joseph, douze ans, vit seul avec sa mère, son père étant récemment décédé. Près de chez eux des fillettes sont sauvagement assassinées après avoir été violées. Cela dure depuis quelques mois, Joseph découvre même une des victimes aux abords de sa maison. Cet évènement va le marquer à jamais. Et même alors qu’il aura quitté la région pour s’installer à New-York, cette histoire va le rattraper, les meurtres n’ont jamais cessé.

Premier roman de R.J.Ellory édité en France, « Seul le silence » marque le début d’un auteur important, qui a son univers à lui et sa façon propre de raconter des histoires.

« Seul le silence » est un roman prenant, intense. Ellory nous compte l’histoire de Joseph, un homme aux prises avec les démons de son enfance, hanté par les meurtres barbares de petites filles qu’il connaissait. Exceptionnellement doué pour l’écriture, il va s’en servir pour exorciser tout ça. Accablé par les évènements tragiques qui traversent sa vie, il n’aura de cesse de trouver l’assassin.

Un roman dense et poignant. On suit ce personnage de son enfance à son âge adulte et on est en totale empathie avec lui. Comment peut-on vivre en endurant tant de souffrance? Un roman noir avec en filigrane ces meurtres commis par un esprit complètement dérangé.

Je ne peux que vous le recommander.

Édition Le Livre de Poche

« La vallée » de Bernard Minier

Lire un roman de Bernard Minier mettant en scène son personnage fétiche Martin Servaz, c’est comme retrouver un membre de la famille. Dans le dernier opus, « Sœurs » on l’a laissé en piteux état et on a envie de prendre de ses nouvelles.

Martin Servaz se remet donc doucement des derniers évènements, l’opération de son fils s’est bien passé mais il est sur le coup d’une mise à pied suite à sa dernière enquête, il a été rétrogradé et ne doit plus rentrer en contact avec ses collègues. Un coup de fil va perturber ce semblant d’équilibre. Marianne, son ancienne compagne, disparue depuis 8 ans, l’appelle à l’aide du fin fond des Pyrénées.

Voilà notre héros qui se précipite dans la vallée où le téléphone de Marianne a borné. Il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Deux meurtres particulièrement atroces viennent justement d’y être commis. De manière informelle, il va épauler son ancienne collègue Irène Ziegler qui est sur l’enquête.

J’ai dévoré ce nouveau thriller de Bernard Minier. Plus de cinq cents pages qui se lisent facilement car l’auteur a le don de nous mener là où il a envie. Difficile pour le lecteur de ne pas vouloir connaître la suite. Il y a de la tension, du suspense, des personnages ambigus et un environnement, la montagne, qui est lui-même un personnage à part entière. « La vallée » est un huis clos gigantesque où le mal sévit, lieu de mises en scène macabres.

En le refermant il nous tarde juste de savoir quelle sera la prochaine épreuve de Martin Servaz!

XO Éditions

« Le jour des cendres » de Jean-Christophe Grangé

Au sein d’une communauté anabaptiste appelée « Les Émissaires », un meurtre a été commis. Le chef de ce groupe isolé au cœur de l’Alsace est mort enseveli sous les voutes de la chapelle en rénovation. Si l’accident est dans un premier temps évoqué, essentiellement par les adeptes de la communauté, Niémans est appelé pour éclaircir les choses.

Sa coéquipière Ivana est déjà là sous couverture. Elle a été engagée pour faire les vendanges, le seul moment de l’année où des étrangers sont autorisés à entrer sur les terres des Émissaires.

Dans cette communauté religieuse où la non-violence et l’innocence sont élevées comme des étendards, qui a bien pu commettre l’irréparable? Les membres de cette secte sont-ils tous si inoffensifs ?

Jean-Christophe Grangé continue sur sa lancée de « noveliser » un épisode de la série « Les Rivières Pourpres » diffusée sur France Télévisions. Personnellement je n’ai pas regardé la série donc pour moi, c’était de l’inédit! On retrouve donc avec plaisir le commandant Niémans, toujours aussi bourru et limite misogyne, et sa collègue Ivana, à fleur de peau.

Grangé nous immerge dans un monde clos, celui d’une communauté religieuse aux principes ancestraux. L’ambiance y est assez pesante, les gens mutiques. La région alsacienne et l’époque des vendanges rajoutent de la densité à cette atmosphère déjà lourde.

Jean-Christophe Grangé délaisse les scènes d’hyper violence auxquelles il nous a habitué pour nous offrir un thriller qui joue plus sur le suspense et une tension latente.

Un roman court et efficace

« L’empathie » de Antoine Renand

« Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte »

Cette phrase d’accroche en forme de teaser n’est pas anodine. En effet, Alpha est un prédateur sexuel hyper violent, il escalade les murs des immeubles et s’immisce chez des couples qu’il a croisé auparavant, par hasard. Il prend plaisir à frapper l’homme, tout en le gardant éveillé afin qu’il assiste au viol de sa femme. Ultra violent et ultra méthodique.

Anthony Rauch, alias la Poire, est sur l’enquête qui vise à mettre fin aux agissements du « lézard ». Capitaine de police dans une brigade spécialisée dans les crimes sexuels, on comprend vite qu’il a lui-même pas mal de choses à cacher.

Pour un premier roman Antoine Renand frappe fort. Il maitrise son sujet, très dur au demeurant. Il pousse la prouesse à créer des personnages très complexes. On rentre dans la psyché de chaque personnage, ils ont tous un passé douloureux et un sacré bagage à porter.

L’écriture est directe, les choses sont dites, même les plus crues. Les scènes de viol sont particulièrement dures. Âme sensible s’abstenir. Grâce à la construction originale de son thriller et des digressions qui forment finalement un tout, Antoine Renand tient le lecteur du début à la fin. C’est oppressant et dérangeant avec un sentiment d’urgence tout le long de l’histoire.

Voilà un auteur qui rentre par la grande porte dans le monde du thriller.

Édition Pocket

« Les imbéciles heureux » de Charlye Ménétrier McGrath

Les Imbéciles Heureux c’était une bande de potes. Ils se sont rencontrés au lycée et étaient inséparables. Si le temps en a éloigné certains, il reste le noyau dur. Florence, Charly, Camille, Marie et Nico.

Florence s’était mise dans la tête de réunir le groupe au complet, mais le destin s’en est mêlé. Charly, son mari, meurt dans un accident de la route. Toute la bande est sous le choc et réagit à sa manière. Florence, elle, fait face pour ses filles jusqu’au jour où elle réalise que la meilleure façon de faire son deuil serait d’arriver à réunir tous les Imbéciles Heureux.

Malgré l’évènement tragique de départ, ce roman n’est pas triste. Il y a beaucoup d’humour et de légèreté. Camille, passionnée de vidéo, avait filmé à l’époque tous ses amis en leur demandant ce qu’était pour eux le bonheur. Adultes, ils vont avoir l’occasion de se confronter à leur double adolescent et réaliser le chemin qu’ils ont parcouru, parsemé de joie et de désillusion.

Ce roman est une ode à l’amitié bien évidemment, mais aussi un hommage à l’adolescent que nous avons été et aux rêves avortés. Sommes-nous vraiment devenus l’adulte que nous espérions ? Et si ce n’était pas le cas, il ne serait pas trop tard pour le devenir!

Une petite dose d’optimisme ne fait pas de mal par les temps qui courent.

Fleuve édition.

« Cauchemar » de Paul Cleave

A Acacia Pines, une petite fille a disparu. Noah, un des flics chargés de l’enquête, arrête un suspect et le torture afin de lui faire avouer l’endroit où l’enfant est séquestré. Une fois l’info obtenue il se précipite là-bas et délivre la fillette. Mais ses actes ne vont pas restés impunis d’autant que le suspect présumé n’est autre que le fils du shérif.

Noah quitte la ville et refait sa vie loin de là. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais douze ans plus tard son ex-femme l’appelle. Alyssa, la petite fille devenue jeune femme, a de nouveau disparu.

Paul Cleave nous a habitué à des thrillers tendus et très souvent assez tordus. On le retrouve ici au mieux de sa plume. Une histoire cauchemardesque où la violence est omniprésente. L’auteur nous a aussi habitué aux anti-héros, par exemple en prenant un serial killer comme narrateur. Dans « Cauchemar », Noah n’est pas le héros parfait, il a même beaucoup de failles et n’hésite pas à déborder du cadre pour arriver à ses fins. C’est intéressant de ne pas avoir affaire à un personnage lisse. On ne sait donc plus si on doit éprouver de l’empathie pour lui.

Paul Cleave est déroutant, il se joue de son lecteur et s’amuse à le perturber. Il rythme son récit de manière intense et l’action ne faiblit jamais. A l’instar de son personnage on respire très peu tout du long.

Vous l’aurez compris j’ai plutôt aimé ce nouveau thriller de Cleave et si vous avez envie d’une histoire vitaminée et riche en rebondissements, je ne peux que vous conseiller de le lire!

Sonatine Édition

« D’ici là, porte-toi bien » de Carène Ponte

Parfois on a envie de lire des choses légères, positives. Des histoires qui parlent de nous, de situations qui nous sont familières. Et dans ces moments-là il est agréable de tomber sur des romans comme celui de Carène Ponte.

Six femmes aux profils très différents vont se retrouver la même semaine dans un complexe de vacances. Chacune avec son lot de traumatismes, de peines et de soucis.

Samya est là avec son mari et sa petite fille. Elle tente de redonner une chance à son couple suite à l’adultère de son conjoint. Apolline, elle, doit se résoudre à oublier son désir d’enfant. Toutes les tentatives de fécondation ont échoué. Allison s’est fait plantée le jour de son mariage. Il a dit non. Jessie fait passer le travail avant toutes choses et son mari lui lance un ultimatum. Elle doit apprendre à se reposer. Geneviève et son époux se sont fait offrir le séjour pour leur anniversaire de mariage. Elle doit lui annoncer une mauvaise nouvelle. Mia a 19 ans, déjà mère et du mal à s’en sortir.

Bien évidemment ces femmes vont se croiser, se rencontrer et se soutenir.

Carène Ponte propose un beau panel de portraits de femmes, des femmes qui trouveront une répercussion en vous. Une amie, une sœur, une voisine qui aura été dans la situation décrite par l’auteur. Alors, oui, ce roman parlera sans doute plus à la gent féminine, mais un lecteur masculin pourrait y apprendre quelques petites astuces sur les femmes.

Ce roman parle des femmes mais n’est pas féministe. Il met plutôt en avant la solidarité qui existe entre celles qui sont dans la peine. Oui c’est feel-good, mais au fond il y a un beau message et c’est ça qui est bon.

Édition Pocket