« Impact » de Olivier Norek

Le PDG de Total a été enlevé. Cet acte est revendiqué par Greenwar, un groupuscule écologiste qui tente d’alerter les populations sur la pollution qu’engendre les multinationales. Ce n’est pas une rançon qui est demandée mais plutôt une sorte de caution. Les millions exigés devront être réinjectés pour la bonne cause.

A la tête de Greenwar, Virgil Solal un ancien militaire qui a vu des horreurs en Afrique et qui suite au décès de sa petite fille n’a plus grand chose à perdre.

Olivier Norek délaisse le pur thriller pour un roman coup de poing et coup de gueule. Le monde va très mal, des grosses entreprises polluent allègrement notre planète, des accords sont passés mais pas tenus, des gens meurent par milliers à cause de l’état de l’air et personne ne fait rien ou presque. A partir de là, doit-on laisser faire ou peut-on utiliser tous les moyens imaginables pour faire changer le cours des choses?

Voilà un roman qui ne peut pas laisser indifférent. Olivier Norek montre les incohérences de notre monde moderne et les débordements de ces entreprises pour qui le profit est au-dessus de l’humain. Il est vrai que l’intrigue et les personnages passent au second plan mais le sujet est essentiel.

Édition Michel Lafon

« L’institut » de Stephen King

D’un côté il y a Tim Jamieson, ancien flic, qui décide de partir pour New-York afin de laisser derrière lui son passé. Sur la route ses pas le mènent jusqu’à la petite ville de Dupray où sans vraiment savoir pourquoi il décide de poser ses valises pour quelques temps.

De l’autre Luke Ellis, jeune garçon de 12 ans vivant à Minneapolis. Surdoué il s’apprête à passer les concours d’entrée dans deux universités prestigieuses lorsqu’il se fait enlever par une obscure organisation.

Il se réveille dans une pièce identique à sa chambre. Mais en sortant dans le couloir il rencontre une jeune fille qui lui explique où ils se trouvent. L’Institut, où de nombreux jeunes gens possédant des dons particuliers sont séquestrés et subissent régulièrement divers tests.

Un nouveau roman de Stephen King est toujours une bonne nouvelle. Un nouveau roman qui en plus met en scène des adolescents est encore plus espéré, comme à l’époque de « Ça » ou « Shining ».

Je ne suis sans doute pas objective mais j’ai beaucoup aimé « L’institut ». On y retrouve tous les ingrédients qui marchent, un jeune héros intelligent et téméraire qui va servir de catalyseur, un adulte courageux et empathique, une organisation internationale douteuse et complexe et une ambiance stressante.

Certains trouveront des longueurs, ce qui est vrai, mais j’ai trouvé que ça intensifiait le climat oppressant de l’Institut. L’écriture de Stephen King est toujours aussi efficace et quand on referme son livre, on espère juste qu’il y en aura un autre très vite.

Édition Albin Michel

« Les anonymes » de R.J Ellory

Quatre femmes ont été assassinées à Washington. Elles ont été retrouvées accroupies au pied de leur lit, rouées de coup, un ruban autour du cou.

Il n’en faut pas plus aux journalistes pour créer la légende du Tueur au Ruban. Mais l’inspecteur Miller s’interroge car le modus operandi de la dernière victime diffère un peu des précédentes. Qui plus est, la vie de cette femme présente énormément de blancs, comme si elle n’avait jamais existé.

A chaque lecture d’un roman de R.J Ellory on entre un peu plus dans les méandres de la politique américaine. A chaque fois l’auteur nous dévoile une part sombre de l’Amérique. Dans « Les Anonymes » , Ellory touche au sujet de l’ingérence de certains organismes américains type CIA dans la politique d’autres pays, en l’occurrence le Nicaragua. Et surtout aux « méthodes » de ces fameux organismes.

L’enquête sur les meurtres est le fil de la pelote qu’on déroule. Elle va permettre de mettre au jour un engrenage d’une ampleur nationale qui va aller bien au-delà des compétences des inspecteurs en charge.

R.J Ellory nous régale avec son écriture incisive et ses personnages toujours un peu bancales et torturés mais qui sont si proches de la réalité. Le rythme de l’enquête est lent, à l’image des difficultés des inspecteurs à démêler les rouages de l’intrigue.

Une grande réussite.

Edition Le Livre de Poche

« L’art d’écouter les battements de coeur » de Jan-Philipp Sendker

Tin Win est un brillant avocat de Wall Street, bon père de famille. Un jour il disparait. Son passeport est retrouvé quelques semaines plus tard près de Bangkok.

Quatre ans plus tard, sa fille Julia qui est devenue avocate à son tour, découvre des lettres d’amour que son père aurait écrites mais jamais envoyées à Mi Mi, une jeune femme birmane.

Décidée à découvrir ce qu’il est vraiment advenu de son père et surtout à résoudre l’énigme autour de son passé, elle va partir en Birmanie. Un nouveau monde s’ouvre à elle, très éloigné de son quotidien new-yorkais et la rencontre avec U Ba va lui apprendre qui était son père.

Voilà un beau roman que j’ai lu il y a quelques années maintenant mais qui m’est resté longtemps en mémoire et que j’avais envie de mettre en avant.

« L’art d’écouter les battements de cœur » est un roman d’amour, filial et fusionnel, mais aussi un récit initiatique. En comprenant la vraie nature de son père, Julia se découvre elle-même. Les croyances birmanes vont mettre à mal sa carapace occidentale et elle ne sera plus jamais la même.

L’écriture est simple, profondément sincère et le lecteur peut puiser un peu de sagesse dans cette histoire émouvante. J’aime les livres qui redonnent foi en l’humanité!

Le Livre de Poche.

« Les guerres intérieures » de Valérie Tong Cuong

Pax Monnier est comédien depuis longtemps mais n’a jamais vraiment percé. Lorsqu’il obtient un casting avec un célèbre réalisateur américain, plus rien ne compte. Pas même les bruits de lutte qu’il entend au-dessus de chez lui alors qu’il se prépare à son entrevue. Il se dit que ce n’est pas grand chose et qu’il ne pourrait rien faire de toutes façons.

Mais un jeune homme a été attaqué, laissé quasiment pour mort, sombrant dans le coma.

Un an plus tard, Pax rencontre Emi Shimizu et en tombe fou amoureux. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’elle est la mère du jeune homme qui habitait dans son immeuble.

Valérie Tong Cuong a vraiment le don pour décrire les ressorts de l’âme humaine. Tous les sentiments ambivalents qui nous animent. Comment une même personne peut faire le bien comme le mal, tout en pensant faire les choses comme il faut? Où commence la lâcheté et où se situe le courage? La limite entre les deux est bien mince.

Les questionnements des personnages de ce roman sont ceux que n’importe lequel d’entre nous pourrait avoir. Celui qui n’a rien fait alors qu’il aurait pu, la mère qui ne sait pas comment aider son fils, le fils agressé qui ne sait pas comment reprendre une vie normale.

Valérie Tong Cuong n’oublie jamais non plus d’ancrer son histoire dans un contexte politique et social très actuel. Elle nous parle du très intime tout en interrogeant le lecteur sur le monde qui l’entoure. Et tout ça écrit avec sa plume directe et incisive.

Le Livre de Poche

« Dust » de Sonja Delzongle

Hanah Baxter est une profileuse. Française installée à New-York, elle traque les serial killers du monde entier.

Un vieil ami à elle, Collins, la contacte pour qu’elle vienne les aider sur une enquête inquiétante. Elle part donc pour le Kenya où depuis deux ans, la police découvre des scènes de crime sur lesquelles est répandue une grande quantité de sang humain mais sans cadavre.

A cette enquête s’ajoute celle sur le trafic d’albinos qui sévit dans la région. Les albinos étant considérés autant comme signe du diable que comme bénéfiques à la création de fétiches par les sorciers. Une jeune femme albinos vient d’ailleurs de se faire massacrer en pleine rue, son assassin n’en voulant qu’à sa tête et son bras restant.

Hanah va se plonger dans ces deux enquêtes qui vont lui révéler la noirceur de l’âme humaine.

Le précédent livre de Sonja Delzongle que j’ai lu se passait au Groenland, dans des paysages blancs immaculés. « Dust » se déroule au Kenya, la chaleur et la poussière du pays transparaissent dans le livre. L’auteure est vraiment douée pour immerger le lecteur dans l’univers qu’elle a créé. On est tout de suite oppressé par le climat comme peut l’être Hanah.

Les sujets évoqués ici sont terrifiants. Le massacre des africains albinos, la récupération de leurs membres à des fins pseudo-médicales font froid dans le dos. Je connaissais déjà le sujet mais on a du mal, occidentaux, à se rendre compte de ce qu’il se passe en Afrique.

Les meurtres sont traités de manière crue, sans fioriture, le lecteur ne sera pas épargné. La violence est monnaie courante au Kenya, on n’y échappe donc pas.

Comme à son habitude (peut-être est-ce dû à son passé de journaliste), Sonja Delzongle, en plus d’écrire un très bon thriller, interpelle le lecteur sur un sujet de société.

A ne pas manquer si on veut passer un bon moment et s’interroger sur ce qu’il se passe dans d’autres parties du monde.

Édition Folio.

« Toutes blessent, la dernière tue » de Karine Giebel

Orpheline de mère, Tama a 8 ans lorsque son père la confie à Mejda, une connaissance qui va l’emmener en France. Celle-ci promet de s’occuper d’elle, son père pensant que Tama aurait plus de chance là-bas. Mais Mejda, une fois en France, la vend comme esclave à sa belle-famille. Tama doit alors faire le ménage, la lessive, la cuisine, s’occuper des enfants et surtout supporter les brimades de ce couple hyper violent. Une couche à même le sol pour dormir et des restes pour repas.

Un véritable enfer qu’elle endure avec résignation. Tama apprend à lire et à écrire par elle-même et s’évade tous les soirs dans sa tête. Son seul moment de bonheur est la visite de Izri, le fils de Mejda, qui est l’unique personne à lui accorder de la considération.

Parallèlement on suit Gabriel. Un homme qui vit en ermite dans un endroit reculé. Hanté par un lourd passé, il trouve un matin une jeune fille blessée dans son écurie. Elle ne se souvient de rien. Qui est-elle?

Karine Giebel ne mâche pas ses mots et nous livre une histoire terrifiante. Terrifiante quand on sait que l’esclavagisme existe encore de nos jours et que des petites filles sont vendues comme des objets et sont moins bien traitées que des animaux de compagnie. C’est une fiction car c’est romancé mais le fond est une réalité.

On en oublie qu’il s’agit d’un thriller tellement l’histoire de Tama nous prend aux tripes. Une héroïne pure et dure qui courbe l’échine mais ne plie pas face à la violence dont on fait preuve à son égard. Karine Giebel nous propose un panel de personnages complexes où la ligne blanche entre le bien et le mal est très mince.

Que l’épaisseur de l’ouvrage ne vous effraie pas, « Toutes blessent, la dernière tue » se lit quasiment d’une traite, vous ne fermerez pas ce livre avant de savoir si Tama s’en sort à la fin.

Édition Pocket

« Une joie féroce » de Sorj Chalandon

Jeanne est libraire. Elle vit avec Matt dans une routine monotone depuis le décès de leur enfant. Mais alors qu’on lui détecte un cancer du sein, un sentiment refait surface, celui de vivre et d’être libre.

Les femmes qu’elle rencontre pendant ses séances de chimio et qui sont donc atteintes du même mal vont lui être d’un grand secours afin de reprendre sa vie en main.

C’est toujours avec plaisir que j’ouvre un roman de Sorj Chalandon. Je sais que je vais y trouver une histoire humaine. Une histoire qui va me toucher au cœur et qui va me faire réfléchir.

« Une joie féroce » ne déroge pas à la règle. L’auteur aborde un sujet douloureux, le cancer, et là où il aurait pu facilement y avoir du pathos, il n’y a que de la solidarité et de l’humour. Ces femmes ne baissent pas les bras, malgré les effets secondaires des traitements elles veulent profiter du temps qu’elles ont quitte à faire des choses qu’elles n’auraient jamais osé faire en temps normal.

De beaux portraits de femmes combatives et courageuses.

Édition Le Livre de Poche

« L’ile du Diable » de Nicolas Beuglet

Dans ce nouvel opus, on retrouve Sarah Geringën sortant de prison. En effet suite à sa dernière enquête et une terrible méprise, l’inspectrice des forces spéciales avait été emprisonnée à tort.

Mais alors qu’elle sort enfin, on lui annonce que son père a été assassiné. La mise en scène macabre laisse à penser que Sarah ne connaissait pas aussi bien son père qu’elle le croyait.

Elle se voit confier l’enquête de manière officieuse et ne va cesser d’être surprise.

Dans ce troisième roman Nicolas Beuglet continue de nous épater par sa maîtrise du suspense. Son héroïne a peu de répit, à peine sortie de prison elle est embarquée dans une quête vers la vérité. Il y a très peu de temps mort dans cette histoire, tout s’enchaine vite et j’ai eu l’impression de le lire d’une traite.

D’ailleurs le seul bémol que je pourrais émettre serait qu’il est trop rapidement lu. On aurait aimé que ça dure un peu plus et peut-être qu’il y ait plus d’interactions entre Sarah et Christopher.

Beaucoup de rebondissements donnent un rythme intense. En résumé un bon thriller!

Éditions Pocket

« Boréal » de Sonja Delzongle

Une équipe de scientifiques s’installe dans une base au Groenland afin d’y mener une mission de reconnaissance. Lors d’une expédition sur l’Inlandsis, ils découvrent des centaines de bœufs musqués pris dans la glace, un air de terreur dans leurs yeux.

Le responsable de la mission décide de faire venir Luv Svendsen, spécialiste des grands mouvements animaliers et qui recense les espèces en voie de disparition. Ceci lui fait une distraction, elle a été victime d’une tentative d’assassinat et sa fille ainée vient d’avoir un grave accident de moto.

Mais dès le lendemain de son arrivée sur la base, un des membres de l’équipe disparait.

Sonja Delzongle tient la gageure de mener une histoire haletante dans un univers de neige et de glace. On a le sentiment que les personnages sont dans un espace illimité et clos en même temps. Cela donne une ambiance oppressante qui va bien avec la noirceur des évènements. Sonja Delzongle va au bout de l’horreur dont sont capables les hommes.

Les personnages sont tous complexes et engagés dans leur cause. « Boréal » est un thriller très efficace mais il y a un sous-texte hyper intéressant sur l’écologie et la responsabilité des hommes sur le réchauffement climatique. Je ne vous cache pas que tout ça n’est pas très optimiste mais cela donne encore plus de matière à cette histoire qui n’en manque déjà pas.

Une très belle découverte!

Édition Folio