Mes meilleurs vœux

Chères toutes, chers tous,

C’est avec une certaine émotion que s’est terminé cette année 2021. Malheureusement, pas l’émotion que je souhaitais, pas non plus celle que je voulais partager avec vous. Différents éléments liés à la période que nous vivons sont venus mettre un coup d’arrêt à mon projet d’ouverture d’une librairie à Agonac.

Après avoir eu tout un tas d’indicateurs au vert, après avoir pu compter sur votre immense soutien, trouvé un local, engagé des travaux, le projet a du passer en mode veille, retoqué par les banques et autres organismes pouvant contribuer au financement. Pour la banque, la situation devenait trop fragile. Côté subventions, les décideurs considèrent Agonac comme un mauvais choix. Pas de financement, pas de librairie.

J’ai du trouver du travail pendant cette période de fêtes, il fallait tenir la barre et continuer d’avancer. Ma situation personnelle a quelque peu évolué, ce qui permet aux banques de réétudier sérieusement le projet. Cependant, il a fallu restituer le local d’Agonac à son propriétaire que je remercie encore pour sa patience. Ma librairie verra le jour, il ne peut en être autrement, mais je vous laisse ainsi qu’à moi-même la surprise de la destination. Je n’oublie pas vos contreparties et je continue de vous donner des nouvelles ici ou là. C’est aussi grâce à vous que cette aventure peut reprendre. 

Je vous souhaite le meilleur pour l’année à venir. Prenez soin de vous.

Votre libraire bien-aimée,

Delphine

« Le passager sans visage » de Nicolas Beuglet

Suite à sa précédente enquête qui fut un succès (cf « le dernier message »), Grace Campbell est dans les petits papiers de ses chefs, elle pourrait même s’octroyer quelques jours de repos. Mais un message déposé sur le pas de sa porte va perturber ce calme. Un message qui va lui faire rouvrir un pan de son passé qu’elle avait enterré.

Je n’ai pas envie d’en dire plus pour ne pas déflorer l’intrigue centrée sur Grace et qui va permettre au lecteur de mieux comprendre son comportement et sa personnalité complexe.

Comme d’habitude chez Nicolas Beuglet, l’histoire se déroule à cent à l’heure. L’héroïne n’a que quelques jours pour démêler tous les fils de l’enquête et le moins que l’on puisse dire c’est que ça déménage. Grace est dans une véritable quête de vérité et de vengeance dont l’issue sera l’apaisement de sa conscience et le fait de pouvoir enfin vivre normalement.

Il y a une vraie critique sous-jacente de nos sociétés modernes et du délitement de la culture, les arguments font frémir, on sent que l’auteur s’est bien documenté.

Un bon thriller qui éveille le questionnement.

XO Editions

De meilleurs lendemains

Après ces quelques mois de silence, il était temps pour moi de vous tenir au courant de l’avancée du projet. Je rencontre régulièrement certains d’entre vous qui sont impatients de savoir ce qu’il en est.

J’ai attendu d’avoir toutes les réponses en main pour pouvoir vous informer.

On peut dire que ces derniers mois ont été comme des montagnes russes pour moi, un jour euphorique, le lendemain désespéré. L’entreprenariat n’est pas une sinécure, il faut avoir les reins solides et les dents acérées. Et pour que tout roule pour le mieux, il est demandé d’avoir un bagage pécuniaire substantiel. Chose qui m’a fait défaut. Il a donc fallu que j’aille frapper partout où je pouvais afin de réunir la somme qui me permettrait de débloquer un prêt. Prêt qui, sur le principe, m’avait été accordé.

Hélas la période étant compliquée pour tout le monde, les cordons des subventions ne se desserrent pas si facilement. « Vous êtes trop ceci, pas assez cela.. », il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. On a remis en cause beaucoup de mes idées, beaucoup de mes choix pour finir par me dire que si je voulais persévérer, grand bien me fasse mais que ça serait sans eux.

Vous n’êtes pas non plus sans ignorer la situation dans laquelle nous sommes, Yohan et moi. Quand une aventure comme celle que nous avons vécu prend fin, c’est toujours un moment particulier. Loin de nous l’idée d’y voir un échec, au contraire toutes les expériences sont bonnes à prendre et ce fut même pour moi le signal de voler de mes propres ailes.

Je crois que vous comprenez où je veux en venir. Au vu de notre situation personnelle, la banque qui me suivait a décidé de retirer son offre de prêt, ce que je conçois tout à fait. Pas de rancœur envers ceux qui ont cru en moi malgré tout.

Entendons-nous bien, ceci n’est pas un abandon du projet, c’est juste un délai, un report. Le temps de remettre les choses à plat, d’assainir notre vie au mieux.

Bien évidemment toutes les personnes qui ont participé à ma collecte sur Ulule recevront les contreparties attendues. Collecte qui n’a pas été vaine car elle m’a permis de financer la création de la société, les visuels pour les futures contreparties, la création des plans et les travaux entamés dans le local.

Il n’y aura pas encore de librairie « physique » mais je planche sur d’autres manières de vous prodiguer mes conseils.

Vous entendrez parler de moi plus tôt que vous ne l’imaginez !

« Un assassin parmi nous » de Shari Lapena

Le Mitchell’s Inn est un petit hôtel au milieu de la forêt dans les Catskills. Quelques clients ont réservé pour le week-end malgré la tempête de neige en approche. Alors que leur séjour débute, le courant et toutes les communications sont coupées. Le lendemain l’une des clientes est retrouvée morte au bas des escaliers. Impossible de prévenir les autorités.


Shari Lapena nous offre un huis clos digne de la reine du thriller, Agatha Christie. Une ambiance stressante, des personnages qui se soupçonnent tous, une météo apocalyptique, tous les ingrédients pour tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout.

Et ça marche. Malgré quelques faiblesses dans la composition des personnages, on lit ce thriller avec plaisir. Idéal pour les vacances.

Edition Pocket

« Rédemption » de Matt Lennox

Leland King revient dans sa ville natale de l’Ontario après avoir passé dix-sept ans en prison. Sa mère est en train de mourir d’un cancer, sa sœur s’est mariée à un pasteur limite extrémiste et son neveu Pete essaie de s’en sortir après avoir quitté l’école. On ne sait pas tout de suite ce que Leland a fait mais son retour n’est pas apprécié par les gens du patelin. L’accueil est très froid notamment des autorités et de Stan Maitland, ancien flic à la retraite.


Un superbe roman à l’américaine dans la veine d’un Joseph Boyden ou Richard Russo. Matt Lennox, dont “Rédemption” est le premier roman, montre un talent certain pour les mots. Il décrit à merveille l’ambiance de cette petite ville où la religion a une grande place. Tout est extrêmement bien écrit, les personnages sont authentiques et les sentiments qui les traversent sont très forts.

Une sorte de fresque social où le sens moral, le respect de la famille sont primordiaux. Va-t-il être possible à Leland d’atteindre la rédemption ?


Je vous laisse lire ce beau roman pour le savoir!

Edition Albin Michel ou Le Livre de Poche

« Dans la forêt » de Jean Hegland

Nell et Eva sont sœurs, elles ont 17 et 18 ans quand leur monde s’effondre. Alors qu’elles vivent isolées dans la forêt avec leurs parents depuis toujours, la civilisation subit de grands changements. Des maladies, des guerres vont les isoler encore plus. Leurs parents décèdent l’un après l’autre et elles se retrouvent vraiment seules, à devoir survivre comme elles le peuvent, chacune avec sa passion, la danse pour Eva et la lecture pour Nell.

L’autre grand personnage de cette histoire est la forêt, lieu protecteur, qui peut permettre de manger et de se soigner si on apprend à la connaitre. Nell, grâce aux livres laissés par sa mère, va apprendre peu à peu les bienfaits des plantes qui poussent autour de chez elles.

C’est une histoire intense avec une narration qui peut sans doute en rebuter certains. Le rythme est lent, on est au jour le jour avec les filles dans leur quotidien et je trouve que c’est ça qui permet d’être en total communion avec elles.

Le lecteur n’apprendra jamais les raisons de cette fin du monde parce que ce n’est pas ça l’important dans l’histoire. L’important est de comprendre comment vont vivre ces deux jeunes filles, livrées à elles-mêmes dans cette nature qui peut être hostile et amicale dans le même temps.

C’est un magnifique roman d’apprentissage. Le monde s’écroule, il n’y a plus d’essence ou d’électricité mais la nature et la forêt pourvoient à tous les besoins essentiels. C’est finalement une belle ode à l’écologie et au retour à la nature. Cette histoire fait aussi la part belle aux liens du sang, le soutien infaillible qu’il peut y avoir entre deux sœurs.

Troublant et percutant.

Edition Gallmeister

« Les fantômes de Reykjavik » de Arnaldur Indridason

Konrad, qui est policier à la retraite, est contacté par des amis de sa défunte femme. Leur petite-fille Danni a disparu et même si celle-ci avait plongé dans la drogue, la police ne prend pour l’instant pas la chose au sérieux car elle est majeure.

Alors que Konrad commence à enquêter pour les rassurer, Eyglo, une amie, lui parle d’une petite fille morte noyée des dizaines d’années auparavant et qui vient la hanter régulièrement. Même si Konrad ne croit pas aux fantômes, il s’intéresse à l’histoire. D’autant plus que son père et celui de Eyglo avaient monté une arnaque ensemble et faisaient croire à des personnes crédules qu’ils communiquaient avec les défunts. Les souvenirs remontent à la surface.

Le lecteur peut retrouver ici le talent de Arnaldur Indridason, auteur de polar islandais. Sa manière, bien à lui, de raconter une histoire, ou plutôt des histoires passées et présentes qui vont s’entremêler. Grande fan de son personnage récurrent de Erlendur, j’avais peur de ne pas pouvoir sympathiser avec sa nouvelle figure policière mais je dois dire que Konrad est très bien trouvé. Un peu bourru, têtu, volontaire et surtout attentif, il est marqué par une jeunesse auprès d’un père escroc et violent. Parfait pour devenir un nouveau personnage récurrent.

Comme à son habitude Indridason déroule son histoire par petites touches, ici vous n’aurez pas de grands rebondissements, ni de courses poursuites mais une enquête et un enquêteur qui prend son temps, qui rassemble tous les éléments à son rythme. Ça insuffle une ambiance à tout le roman, une tension latente qui est très addictive. Je me suis surprise à ne pas vouloir le lâcher avant d’avoir fini. Le cadre aussi joue son rôle, l’Islande est toujours un des personnages du romancier.

Pour les amoureux du style scandinave et les autres, du très bon Indridason.

21 Avril 2021

Ca y est l’objectif du financement participatif a été atteint !

Et c’est grâce à vous. Sans parler du côté pécuniaire de l’histoire, vous m’avez envoyé de la générosité, de la bienveillance et de la confiance. Quand je vois les retours de tout ceux qui ont participé, ça fait chaud au cœur et ça me conforte dans l’idée que ce projet n’est pas insensé. Que des personnes qui ne me connaissent pas, qui n’habitent pas la région, qui, potentiellement, ne mettront jamais les pieds dans ma librairie, fassent un don je trouve ça simplement magique. Il me tarde tellement de pouvoir tous vous rencontrer pour vous remercier.

Mais, hélas, rien n’est encore gagné, il me manque encore une petite chose pour pouvoir tout enclencher. Qu’un banquier croit en mon projet comme vous y croyez tous. J’ai des pistes, je suis en attente de réponse mais je n’ai pas encore le oui final. Il faut continuer à espérer et à y croire. Rien n’arrive par hasard.

Actuellement je suis aussi une formation en gestion de librairie, histoire de parfaire mes compétences. Les chiffres et moi, ce n’est pas une grande histoire d’amour, donc je prends sur moi et j’essaie de bien tout intégrer. Cette formation me permet aussi de rencontrer des gens qui sont comme moi en pleine création et c’est très intéressant de comparer les projets de tout le monde. Ce que j’en retire aussi c’est que la librairie a de beaux jours devant elle, il y a tant de super projets qui vont éclore bientôt.

Je tenais enfin à vous remercier pour vos messages lors de mon hospitalisation. Beaucoup de sollicitude de votre part que mon petit mari m’a bien relayé. J’ai pensé à vous alors qu’il était encore difficile pour moi de bouger et je pense que vous êtes pour beaucoup dans mon prompt rétablissement.

En effet ce mois d’Avril a été plein de rebondissements, des très bas et des très hauts. Croisons les doigts pour qu’il se finisse en beauté.

Cinq mille mercis !

6 Avril 2021

Ceux qui ont, un jour, essayé de concrétiser un projet qui leur tenait à cœur comprennent combien la période d’attente est compliquée. Cette période où tu as confié ton bébé à des gens qui vont l’étudier, le disséquer dans tous les sens afin de savoir si oui ou non ils vont te suivre. Pour eux c’est « juste » une question d’argent mais pour toi, c’est le projet d’une vie, la réalisation d’un rêve. Alors, bien sûr, difficile de mettre en avant cet argument en face de personne qui raisonne plutôt avec des chiffres et c’est bien dommage ! Si on prenait en compte plus souvent le désir et le ressenti , la volonté et le courage comme critères, on verrait éclore des idées novatrices qui, peut-être, révolutionneraient le monde.

On n’en est pas là avec ma librairie, je vous rassure. Mais, à ma petite échelle, si je peux contribuer à un renouveau, à un regain de culture et si ça change la vie d’une seule personne, c’est déjà beaucoup.

Voilà, vous l’aurez compris, j’attends. Le retour de banquiers, le retour de subventions demandées, l’objectif du financement participatif.

Je ne suis pas non plus dans l’inaction car je travaille la mise en place des rayons. Et il faut d’ailleurs une sacrée dose d’optimisme pour continuer à se projeter sans savoir si ça va se concrétiser. Je travaille donc aussi sur moi, comme on dit maintenant. Je médite, je fais du yoga, beaucoup de sport et surtout je profite de la forêt voisine pour me ressourcer.

Heureusement il y a le confinement ! Et l’école à la maison ! Quelle joie de retrouver ces moments de partage avec mon fils autour de ses cahiers d’école !

Non, je plaisante… Il y a un an j’ai été à deux doigts de vendre mon fils après une énième prise de tête autour d’un calcul ou d’une compréhension de texte, pas comprise. Autant vous dire que je redoutais de devoir recommencer. On est fait pour ça, ou pas. Cette fois-ci nous avons donc posé des bases solides, histoire que tout se passe dans le calme, sans heurt. Première séance réussie ce matin. Mais je ne crie pas victoire trop vite, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Ce qui me rassure c’est que cette semaine d’école ne compte que quatre jours.

Et vous, vous la vivez comment cette école à la maison ?

« My absolut darling » de Gabriel Tallent

L’univers de Julia Alveston alias Turtle tourne autour de son père, manipulateur et violent, et les bois autour de chez elle, qu’elle arpente fusil à la main. A 14 ans sa seule vie sociale se résume au lycée où elle n’a pas d’amis. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob et Brett, deux adolescents perdus dans la forêt à qui elle apporte son aide. 

Elle comprend alors que la vie qu’elle mène avec son père n’est peut-être pas irréversible et qu’elle peut chercher sa liberté.  

« My absolut darling » est une véritable claque littéraire, d’une puissance et une intensité folle. Gabriel Tallent démontre un talent dingue avec ce roman sur la relation exclusive et ambivalente entre un père et sa fille. Sous couvert de survivalisme Martin garde sa fille près de lui dans une relation de dépendance affective. Il lui voue un amour absolu, total, à la limite de la folie. 

Turtle va devoir briser le carcan paternel et se dépasser pour s’en sortir.  

C’est violent, empli de colère et de révolte et ça prend le lecteur aux tripes. Impossible de lâcher ce roman une fois qu’on l’a commencé.  

Edition Gallmeister