« Dans la forêt » de Jean Hegland

Nell et Eva sont sœurs, elles ont 17 et 18 ans quand leur monde s’effondre. Alors qu’elles vivent isolées dans la forêt avec leurs parents depuis toujours, la civilisation subit de grands changements. Des maladies, des guerres vont les isoler encore plus. Leurs parents décèdent l’un après l’autre et elles se retrouvent vraiment seules, à devoir survivre comme elles le peuvent, chacune avec sa passion, la danse pour Eva et la lecture pour Nell.

L’autre grand personnage de cette histoire est la forêt, lieu protecteur, qui peut permettre de manger et de se soigner si on apprend à la connaitre. Nell, grâce aux livres laissés par sa mère, va apprendre peu à peu les bienfaits des plantes qui poussent autour de chez elles.

C’est une histoire intense avec une narration qui peut sans doute en rebuter certains. Le rythme est lent, on est au jour le jour avec les filles dans leur quotidien et je trouve que c’est ça qui permet d’être en total communion avec elles.

Le lecteur n’apprendra jamais les raisons de cette fin du monde parce que ce n’est pas ça l’important dans l’histoire. L’important est de comprendre comment vont vivre ces deux jeunes filles, livrées à elles-mêmes dans cette nature qui peut être hostile et amicale dans le même temps.

C’est un magnifique roman d’apprentissage. Le monde s’écroule, il n’y a plus d’essence ou d’électricité mais la nature et la forêt pourvoient à tous les besoins essentiels. C’est finalement une belle ode à l’écologie et au retour à la nature. Cette histoire fait aussi la part belle aux liens du sang, le soutien infaillible qu’il peut y avoir entre deux sœurs.

Troublant et percutant.

Edition Gallmeister

« Le consentement » de Vanessa Springora

Vanessa a 13 ans quand elle rencontre l’écrivain G.M. par le biais de sa mère qui travaille dans une maison d’édition. Très vite celui-ci commence à lui écrire. Vanessa ne voit jamais son père, celui-ci instable a fini par quitter le foyer. Elle est en manque de figure paternelle et voit en G. la chance d’être aimée par un homme comme son père. 

Commence alors l’emprise de cet homme de quarante ans son aîné sur cette jeune fille en manque d’attention. Il l’initie aux plaisirs sexuels et n’hésite pas à emmener sa petite conquête partout où il va. Peu de monde trouve cette relation malsaine à l’époque, même pas la mère de Vanessa. 

Il était une époque où un écrivain pouvait raconter ses exploits sexuels avec des mineurs garçons ou filles et ça ne choquait personne. On l’invitait même à de célèbres émissions littéraires. Ce même écrivain était certain d’être un bienfaiteur auprès de ces enfants, il les initiait, rien de mal à ça. 

Vanessa Springora raconte autre chose. L’histoire de l’emprise, de la manipulation, de la perversion d’un homme sur un esprit faible. Comment cette expérience a quasiment détruit sa vie, incapable pendant de longues années d’avoir une vraie relation avec un homme. 

Le consentement est une notion abstraite. Quel consentement peut donner une adolescente perdue entre un père absent et une mère démissionnaire ? Est-elle capable de consentir à quoi que ce soit ou simplement cherche-t-elle un peu d’attention pour exister ? 

Vanessa Springora nous livre son histoire, dure, sans fioritures ni faux-semblants pour enfin se libérer de cet homme qui a souillé plus que son corps. 

Edition Le Livre de Poche

« Né d’aucune femme » de Franck Bouysse

Alors que Gabriel est un jeune curé de campagne, il est appelé pour faire la mise en terre de Rose, morte à l’asile du coin. La veille lors d’une confession une femme lui demande de récupérer des carnets noirs qu’elle aurait caché sous la robe de la morte. Malgré ses réticences il décide de prendre les carnets et de les lire.

Dans une petite ferme, Rose est l’aînée de quatre filles. A 14 ans son père décide de la « vendre » à un gros propriétaire terrien de la région. Celle-ci est emmenée sans savoir ce qu’on attend d’elle. Une nouvelle vie faite de souffrance et de désillusion.

Je n’avais entendu que du bien de ce roman de Franck Bouysse et j’hésitais à le lire de peur d’être déçue. En fait ça a été la claque. Un roman d’une puissance étonnante. Dès les premières pages on sent qu’on entre dans une histoire particulière.Les personnages sont forts et complexes, les paysages extrêmement bien décrits participent à l’univers et l’écriture est magnifique.

Malgré la dureté et la violence de l’histoire ce n’est pas glauque, juste réaliste. Le destin de Rose est émouvant et déchirant. Le lecteur est en empathie totale avec elle. Réussir à saisir les lecteurs à ce point est l’apanage des grands écrivains. On referme ce roman avec un sentiment partagé entre tristesse et espoir.

Pour les quelques personnes qui ne l’auraient pas encore lu, vous pouvez vous y plonger sans crainte.

Édition Le Livre de Poche

« Le discours » de Fabrice Caro

Adrien vient de se faire plaquer. Alors qu’il assiste au repas de famille hebdomadaire, son beau-frère lui annonce qu’il devra faire un discours lors du mariage de sa sœur. Adrien se met une énorme pression, il n’est pas ce qu’on peut appeler un orateur et se demande comment il va pouvoir y échapper.

« Le Discours » peut se lire d’une traite. Le lecteur est immergé dans la tête du personnage, on assiste à toutes les pensées qui le traversent lors de ce repas familial. Ses pensées qui vagabondent entre sa récente séparation, la manière de récupérer sa copine et les diverses tares et habitudes de ses parents.

Roman à la première personne plein d’humour, d’auto-dérision et de cynisme, Fabrice Caro délaisse le dessin pour les mots. Son roman graphique « Zai Zai Zai » nous avait déjà épaté par son humour particulier. Là il récidive sans les images. Il montre qu’il sait si bien observer et dépeindre le monde qui l’entoure. C’est drôle, caustique et acide.

Je me suis reconnue dans plein de situations racontées et j’ai beaucoup ri. Adrien est un homme lambda avec ses illusions et ses désillusions.

Bref beaucoup de sentiments dans ce livre, de la mélancolie, de la nostalgie, de la tristesse mais surtout beaucoup d’humour.

Édition Folio

« Oh happy day » de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat

Il est des livres que vous lisez par hasard, la couverture vous a plu, un ami vous l’a prêté. Et souvent ces livres là procurent de bonnes surprises. C’est le cas de celui-ci que j’ai eu la chance de pouvoir lire.

Pierre-Marie Sotto est un écrivain reconnu, récompensé par un Goncourt. Quatre ans auparavant il a mis fin à sa liaison avec Adeline Parmelan et il hésite aujourd’hui à la recontacter afin de récupérer un petit carnet qui pourrait lui redonner l’inspiration pour un nouveau roman.

Ce carnet est un bon prétexte pour renouer un lien avec cette femme qu’il aime toujours. Adeline a refait sa vie, se prépare à un grand déménagement mais elle répond à Pierre-Marie. Et leurs joutes littéraires reprennent.

Avec « Oh happy day » le lecteur peut renouer avec les grands romans épistolaires du 18ème siècle. Un échange de correspondance entre deux protagonistes qui permet de comprendre leur relation et leur motivation.

Un lien très fort uni Pierre-Marie et Adeline et on le voit ressurgir au fur et à mesure des mails qu’ils s’envoient. Comme une évidence il la recontacte au moment où elle en a le plus besoin. Et il n’y a pas que des échanges de lettres ou de mails dans ce roman ce qui donne encore plus de consistance à ces personnages.

Écrire à quatre mains ne doit pas être chose aisée mais les deux auteurs nous offrent une belle histoire d’amour ponctuée de moments assez rocambolesques. Une histoire d’amour entre séniors qui prouve que l’amour n’a pas d’âge.

Je n’ai pas lu « Et je danse aussi » où apparaissent pour la première fois Pierre-Marie et Adeline mais je n’ai pas eu l’impression d’avoir manqué des choses. Ça m’a par contre donné envie de m’y plonger!

Fleuve Éditions

« L’art d’écouter les battements de coeur » de Jan-Philipp Sendker

Tin Win est un brillant avocat de Wall Street, bon père de famille. Un jour il disparait. Son passeport est retrouvé quelques semaines plus tard près de Bangkok.

Quatre ans plus tard, sa fille Julia qui est devenue avocate à son tour, découvre des lettres d’amour que son père aurait écrites mais jamais envoyées à Mi Mi, une jeune femme birmane.

Décidée à découvrir ce qu’il est vraiment advenu de son père et surtout à résoudre l’énigme autour de son passé, elle va partir en Birmanie. Un nouveau monde s’ouvre à elle, très éloigné de son quotidien new-yorkais et la rencontre avec U Ba va lui apprendre qui était son père.

Voilà un beau roman que j’ai lu il y a quelques années maintenant mais qui m’est resté longtemps en mémoire et que j’avais envie de mettre en avant.

« L’art d’écouter les battements de cœur » est un roman d’amour, filial et fusionnel, mais aussi un récit initiatique. En comprenant la vraie nature de son père, Julia se découvre elle-même. Les croyances birmanes vont mettre à mal sa carapace occidentale et elle ne sera plus jamais la même.

L’écriture est simple, profondément sincère et le lecteur peut puiser un peu de sagesse dans cette histoire émouvante. J’aime les livres qui redonnent foi en l’humanité!

Le Livre de Poche.

« Les guerres intérieures » de Valérie Tong Cuong

Pax Monnier est comédien depuis longtemps mais n’a jamais vraiment percé. Lorsqu’il obtient un casting avec un célèbre réalisateur américain, plus rien ne compte. Pas même les bruits de lutte qu’il entend au-dessus de chez lui alors qu’il se prépare à son entrevue. Il se dit que ce n’est pas grand chose et qu’il ne pourrait rien faire de toutes façons.

Mais un jeune homme a été attaqué, laissé quasiment pour mort, sombrant dans le coma.

Un an plus tard, Pax rencontre Emi Shimizu et en tombe fou amoureux. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’elle est la mère du jeune homme qui habitait dans son immeuble.

Valérie Tong Cuong a vraiment le don pour décrire les ressorts de l’âme humaine. Tous les sentiments ambivalents qui nous animent. Comment une même personne peut faire le bien comme le mal, tout en pensant faire les choses comme il faut? Où commence la lâcheté et où se situe le courage? La limite entre les deux est bien mince.

Les questionnements des personnages de ce roman sont ceux que n’importe lequel d’entre nous pourrait avoir. Celui qui n’a rien fait alors qu’il aurait pu, la mère qui ne sait pas comment aider son fils, le fils agressé qui ne sait pas comment reprendre une vie normale.

Valérie Tong Cuong n’oublie jamais non plus d’ancrer son histoire dans un contexte politique et social très actuel. Elle nous parle du très intime tout en interrogeant le lecteur sur le monde qui l’entoure. Et tout ça écrit avec sa plume directe et incisive.

Le Livre de Poche

« Quand nos souvenirs viendront danser » de Virginie Grimaldi

Marceline et Anatole vivent depuis soixante-trois ans impasse des Colibris. Ils ont toujours vécu ici depuis leur mariage et ils y ont tous leurs souvenirs (bons et mauvais). Mais la mairie décide de raser tout le lotissement pour y construire une nouvelle école. Les propriétaires de l’impasse, tous quasiment octogénaires, ne vont pas se laisser exproprier aussi facilement. Ils vont user de toutes les méthodes possibles afin de faire changer d’avis le maire.

Voilà un roman qui va vous faire sourire mais aussi vous faire couler une petite larme ( si vous n’êtes pas insensible bien entendu). Virginie Grimaldi a vraiment le secret pour écrire des histoires qui parlent aux gens, qui touchent au plus profond de nos êtres. Comment ne pas penser à nos propres grands-parents quand elle nous parle de Marceline et Anatole? Comment ne pas faire un transfert vers notre propre histoire? C’est en cela que Virginie Grimaldi est très douée et qu’elle remue les lecteurs.

Heureusement elle est aussi douée pour nous émouvoir que pour nous faire rire. Il y a des situations sacrément cocasses et les personnages de son roman ne manquent pas d’humour et de second degré. Ce roman est une ode à l’amour mais aussi à l’amitié.

Alors, oui, Virginie Grimaldi fait du Virginie Grimaldi mais c’est pour cela qu’on aime la lire. Cette histoire est très agréable à lire et permet de passer un excellent moment. Et comme toujours, en le refermant, on n’a qu’une envie, aller voir nos proches pour leur dire qu’on les aime.

Édition Le Livre de Poche

Vos polars de l’été!

Les vacances sont là et bien entendu vous vous demandez ce que vous allez bien pouvoir lire. Bonne nouvelle, je vous laisse vous occuper des maillots de bain ou des chaussures de rando et je m’occupe des livres!

Je vous propose une petite sélection de livres de poche qui vous permettront de vous évader. Des thrillers essentiellement, car vous savez que c’est mon pêché mignon et quoi de mieux que de se faire peur au soleil!

La sélection de MLBA.

« Luca » de Franck Thilliez

On retrouve avec plaisir le commandant Sharko et son équipe dans une nouvelle enquête haletante. Manipulation génétique , intelligence artificielle, milieu underground bordeline, rien ne vous sera épargné. Comme à son habitude, Thilliez alpague le lecteur dans un rythme effréné.

Édition Pocket

« Surface » de Olivier Norek

Une capitaine de police, défigurée suite à une interpellation, est envoyée dans une petite ville d’Aveyron, au placard. Mais le corps d’un enfant disparu depuis des dizaines d’années refait surface.

Ce thriller hyper bien mené de Olivier Norek fait la part belle à un personnage féminin tout en force et faiblesse. Le cadre de cette région rurale rajoute au charme de l’histoire. Une reconstruction personnelle, un village englouti, le passé qui ressurgit, tout ça développé sous la plume d’un auteur qui nous surprend à chaque fois.

Édition Pocket

« Le Signal » de Maxime Chattam

La famille Spencer vient s’installer dans la petite bourgade balnéaire de Mahingan falls avec l’envie de quitter la vie frénétique new-yorkaise.

Rapidement l’ambiance particulière de la maison et différents évènements dans la petite ville vont troubler la quiétude tant espérée.

Je n’en dirai pas plus mais si vous aimez vous faire peur alors ce livre est pour vous. On y retrouve les marqueurs des très bons romans d’horreur à la Stephen King. Du stress, de l’émotion, un soupçon de fantastique et une bande d’adolescents en péril.

Édition Pocket

« Le Cheptel » de Céline Denjean

Le cadavre d’une jeune fille est découvert, il fait suite à une longue liste macabre qui dure depuis des décennies, une équipe spéciale de gendarmerie est créée pour y mettre fin.

900 pages qui se dévorent. Franchement il vous sera difficile de reposer ce thriller une fois que vous l’aurez commencé. C’est tendu, intense, rythmé, efficace. Et ça se déroule dans les Pyrénées! (oui, j’adore les Pyrénées!)

Édition Pocket

« La dernière chasse » de Jean-Christophe Grangé

L’héritier d’une des plus grosses fortunes d’Allemagne est retrouvé assassiné dans une mise en scène macabre. Le commandant Pierre Niémans est envoyé sur les lieux. Il est à la tête d’une nouvelle section qui doit aider la police et la gendarmerie dans des enquêtes particulièrement difficiles.

Suite des Rivières Pourpres, on retrouve le personnage de Niémans abattu et fragile, en proie aux doutes face à son métier. Grangé est toujours incisif, son histoire fait froid dans le dos, rappelant les heures sombres de la seconde guerre mondiale.

Édition Le Livre de Poche

« La saga du soleil noir » de Giacometti Ravenne

Giacometti et Ravenne nous entrainent pendant la seconde guerre mondiale dans une aventure ésotérique palpitante. L’organisation nazie de l’Ahnenerbe recherche des reliques à travers le monde et pillent des lieux sacrés. Himmler fait rechercher les swastikas, qui une fois regroupées donneraient un immense pouvoir. Mais c’est sans compter sur des espions anglais qui essaient de contrecarrer ses plans.

Les auteurs réussissent leur pari à tenir le lecteur en haleine, tout en donnant un petit cours d’histoire (toute proportion gardée). Parfaitement documentés sur la période, ils nous baladent dans cette période obscure. Une aventure passionnante et intense.

Les deux premiers tomes sont disponibles en poche.

Édition Le Livre de Poche

« Le parfum du bonheur est plus fort sous le pluie » de Virginie Grimaldi

"Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie" de Virginie Grimaldi. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie » de Virginie Grimaldi. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

 

La vie de Pauline bascule lorsque son mari, Ben, lui annonce qu’il veut une séparation. Elle part alors s’installer chez ses parents avec leur fils de quatre ans.

Pauline n’a rien vu venir, ne comprend pas et reste persuadée qu’il changera d’avis. Après une longue période à faire l’autruche et à ne pas écouter son entourage, elle décide de rappeler à Ben combien ils étaient heureux. Chaque jour elle va lui écrire un souvenir de leur histoire.

Comme à son habitude Virginie Grimaldi sait comment faire pour toucher le lecteur en plein cœur. Avec des situations simples, de la vie courante, elle nous émeut terriblement. Virginie Grimaldi met en avant l’importance de la famille, de l’amitié. Malgré les mésententes et les incompréhensions, on peut souvent compter sur son entourage.

Avec une écriture simple elle déploie un grand panel de sentiments, on est ému, on pleure mais on rit aussi. Cela peut paraître facile mais faire ressortir avec des mots autant d’émotions est très fort.

On sort de ce roman avec l’envie d’aller embrasser les gens autour de nous et ça, c’est déjà pas mal!

Édition Le Livre de Poche