« Une putain d’histoire » de Bernard Minier

"Une putain d'histoire" de Bernard Minier. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Une putain d’histoire » de Bernard Minier. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les romans qui vous emmènent là où vous ne vous y attendiez pas?
Vous avez envie d’un thriller qui vous prend aux tripes?
Voici ma potion:

Henry, 16 ans, vit avec ses deux mamans adoptives sur une île au large de Seattle. Il a son groupe d’amis à la vie à la mort (avec séance de baptême commun), sa petite amie Naomi, de bons résultats au lycée, il est fan de films d’horreur, bref une adolescence normale.

Mais suite à une dispute avec sa copine, celle-ci disparaît. Son cadavre est retrouvé le lendemain. Le premier suspect de la police est bien sûr Henry. Il est le dernier à l’avoir vu et a un très bon mobile, le sujet de la dispute était leur séparation.

Leur petit monde se retrouve totalement bouleversé et toutes les certitudes vont voler en éclats. Henry et ses copains décident de mener leur propre enquête afin de le disculper. La bande d’ados va aller de découvertes en révélations.

A des milliers de kilomètres de là, Grant Augustine, patron d’une société de renseignements de grande envergure, se met en quête de son fils. Seize ans auparavant une de ses maîtresses était tombée enceinte et s’était enfuie avec le bébé. Il n’avait jamais cessé de le rechercher mais sans succès. Grâce à un nouvel indice il peut de nouveau espérer le retrouver. Il met à profit toutes les capacités de son entreprise. Personne n’a de secret pour lui. Ses recherches vont le mener sur la petite île.

Bernard Minier délaisse son héros récurrent pour un thriller « à l’américaine ». Et force est de constater qu’il n’a rien à envier aux fameux auteurs américains de polar. Il nous offre une histoire tendue comme un fil et joue les équilibristes avec le lecteur. On ne sait jamais où il va nous entraîner.

Une histoire d’une complexité terrible, impossible de prévoir ce qu’il va se passer. Assez jubilatoire pour l’auteur mais aussi pour son lecteur. Le genre de livre qu’il faut reprendre depuis le début pour avoir une nouvelle perspective.

XO Editions

« Aide moi si tu peux » de Jérôme Attal

"Aide moi si tu peux" de Jérôme Attal. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Aide moi si tu peux » de Jérôme Attal. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un polar un brin déjanté?
Vous aimez les années 80 et les Beatles?
Voici ma potion:

Stéphane Caglia, dit Cague, est capitaine de police, et il a ses méthodes propres. Fan des années 80, il ne peut s’empêcher de tout ramener à cette fameuse décennie. Au grand dam de ses collègues ou interlocuteurs qui n’y comprennent rien.

Alors qu’il pense avoir démantelé le Souterrain Stellaire, organisation mafieuse, après des mois de mission en agent double, il retombe sur des anciens partenaires qui lui feraient bien la peau.

Parallèlement une enquête lui tombe sur les bras. Un homme assassiné par strangulation avec une corde de guitare (ré) détenait dans son congélateur la tête d’une jeune fille, Tamara, disparue depuis peu.

Caglia, accompagné de sa nouvelle coéquipière anglaise, Prudence Sparks, va se lancer dans cette affaire sous fond de musique des Beatles.

Le lecteur retrouve avec plaisir la plume de Jérôme Attal, toujours décalée et farfelue mais aussi touchante.

Ce capitaine de police n’est décidément pas ordinaire. Malgré des méthodes d’investigations et d’interrogatoires peu orthodoxes il fait souvent mouche. On ne sait si il est vraiment doué ou si il a beaucoup de chance. C’est ce qui fait aussi le charme de cette histoire et de ce personnage.

Jérôme Attal donne à ce polar une bonne dose d’humour et de dérision. Et pour les nostalgiques des années 80, il nous donne une bonne compilation de ce qui se faisait à cette époque.

On passe un très bon moment alors ne boudons pas notre plaisir.

Édition Robert Laffont

« Les Réponses » de Elizabeth Little

"Les réponses" de Elizabeth LIttle. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Les réponses » de Elizabeth LIttle. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un thriller moderne et captivant?
Vous avez aimé « Avant d’aller dormir »?
Voici ma potion:

Il y a dix ans l’assassinat de la fortunée Marion Elsinger avait fait sensation. Sa fille, Jane, avait été reconnu coupable.Trop ivre le soir du meurtre elle ne se souvenait de rien mais était recouverte du sang de sa mère. Celle-ci avait même écrit son nom dans son sang, la désignant comme sa meurtrière. Tout l’accusait et elle fût donc condamnée à la prison à vie.

Mais voilà que, dix plus tard, Jane se voit libérée suite à un vice de procédure. Une enquête sur la manipulation de preuves par la police de Los Angeles remet en cause de nombreux procès dont le sien.

Une fois dehors elle ne pense qu’à se cacher, notamment de Trace, un type qui a dédié son blog à la haine qu’il lui voue et qui veut littéralement sa mort, persuadé de sa culpabilité. Celui-ci propose même une récompense pour la retrouver.

Sur la base de quelques bribes d’une conversation entendue le soir du meurtre et dont elle se rappelle brièvement, Jane se met en quête de la vérité.

Premier roman d’une jeune inconnue, « Les réponses » est un vrai bon thriller psychologique. Le lecteur est, dès les premières pages, happé par cette histoire et par ce personnage. Le roman est écrit à la première personne, Jane est la narratrice mais sa narration est entrecoupée de rapports de police, d’interrogatoires, de sms ou de message que le fameux Trace laisse sur son blog.

Tout ceci donne un côté très moderne à ce roman. L’intrigue originale est vraiment bien ficelée, jusqu’au bout on est en haleine. Elizabeth Little surprend le lecteur par le dénouement. De bons personnages, une bonne ambiance oppressante, bref, tous les ingrédients pour passer un bon moment.

Édition Sonatine.

« Ma vie de pingouin » de Katarina Mazetti

"Ma vie de pingouin" de Katarina Mazetti. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Ma vie de pingouin » de Katarina Mazetti. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un roman plaisant et croustillant?
Vous aimez Anna Gavalda ou Jonas Jonasson?
Voici ma potion:

Tomas, Wilma, Alba et quelques autres ressortissants suédois s’embarquent pour une croisière en Antarctique.

Tomas, journaliste, part dans cette aventure avec l’idée de mettre fin à ses jours parmi les pingouins. Lasse des éternelles absences de son mari, sa femme a fini par le quitter et est partie avec les enfants vivre aux États-Unis avec son nouveau mari. Il n’a plus le goût de vivre.

Wilma est professeur dans une petite ville suédoise. Célibataire trentenaire c’est une incorrigible optimiste, elle part du principe qu’il faut toujours voir le bon côté des choses. Elle a décidé de faire ce voyage malgré les sérieux problèmes physiques qu’elle laisse entrevoir.

Alba, quant à elle, est une infatigable baroudeuse. Elle a déjà fait plusieurs fois le tour du monde, a travaillé sur de nombreux bateaux. Septuagénaire, elle a décidé, selon ses dires, de vivre jusqu’à 120 ans. Elle commence, avec cette croisière, une étude pour établir les similitudes entre humains et animaux.

Nous avons aussi un beau panel de personnages secondaires, hétéroclites et loufoques comme le duos d’amies qui cherchent à trouver un mari ou les nombreux ornithologues amateurs venus enrichir leurs connaissances. Des couples désunis ou mal unis. Tous les personnages étant traités de manière très attachante.

Dès l’avion qui les mène au pôle sud, Wilma et Tomas, que tout oppose, vont s’acoquiner.

Katarina Mazetti renoue ici avec sa verve pince sans rire et caustique qui avait plu dans « Le mec de la tombe d’à côté« . Son roman est plein d’humour, on rit beaucoup grâce à de nombreuses situations très cocasses mais il y a toujours un fond un peu plus sérieux et surtout plus émouvant.

Elle nous offre une comédie romantique, n’ayons pas peur des mots, mais pas du tout niaise et moins légère qu’on pourrait le croire. Comme à son habitude, Mazetti  propose un roman qui donne du baume au cœur.

Alors embarquez vous aussi pour cette croisière!

Édition Gaïa

« Temps glaciaires » de Fred Vargas

"Temps glaciaires" de Fred Vargas. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Temps glaciaires » de Fred Vargas. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les polars métaphysiques?
Vous aimez les intrigues bien ficelées?
Voici ma potion:

Alice Gauthier, professeur à la retraite, est retrouvée dans sa baignoire les veines tailladées. Cela a tout l’air d’un suicide mais le commissaire Bourlin n’est pas convaincu, d’autant plus que se trouve sur les lieux un étrange signe. Bourlin décide de faire appel à Adamsberg et à son acolyte le capitaine Danglard pour éclaircir tout ça. Deux jours plus tard un deuxième suicidé, Henri Masfauré, avec le même signe sur les lieux est découvert. La première victime avait envoyé une lettre au fils de la deuxième avant de mourir. Cela peut difficilement être un hasard. Alice Gauthier et Henri Masfauré avaient participé à une expédition en Islande qui avait tourné au drame dix ans plus tôt.

Il n’en faut pas plus pour Adamsberg pour se plonger dans cette histoire.

Mais la quête de la vérité ne va pas être facile. Ils vont rencontrer un groupe fanatique de Robespierre qui joue régulièrement, en costumes, les réunions de l’assemblée révolutionnaire dont faisaient partie Danton, Marat, Desmoulins et tant d’autres. Ils vont même aller faire un petit tour en Islande se heurter à « l’afturganga », démon vivant sur l’île.

Les nœuds vont être très serrés dans cette enquête et difficiles à démêler pour Adamsberg.

Il a fallu attendre quatre ans depuis l’excellent « L’armée furieuse » pour voir revenir notre cher commissaire et l’attente est récompensée.

Fred Vargas, une fois encore, nous entraîne dans les méandres de cette affaire et nous y perd avec délectation. Adamsberg est toujours aussi spécial dans sa façon bien à lui de mener son enquête, fantaisiste et surprenant, Danglard toujours aussi érudit. Ce qui est bien avec Fred Vargas est que tous les personnages comptent et on prend plaisir à connaître tous les membres de cette brigade. Ils ont tous leurs spécificités, leurs qualités et leurs défauts. L’histoire est captivante et envoutante, toujours marquée par la patte de cette auteur à part dans le monde du roman policier.

Faites moi confiance vous n’aurez pas envie de finir ce livre et de quitter cette aventure.

Édition Flammarion

« Vernon Subutex » de Virginie Despentes

"Vernon Subutex" deVirginie Despentes. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Vernon Subutex » deVirginie Despentes. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un roman moderne et nostalgique?
Vous aimez Bret Easton Ellis ou Philippe Djian?
Voici ma potion:

Vernon Subutex est disquaire, enfin était disquaire. Son magasin a dû fermer, comme beaucoup d’autres, suite à l’engouement pour le numérique et la prolifération de sites de téléchargement. Il vivote avec ses maigres revenus de chômage mais surtout grâce à l’aide d’un vieil ami, Alex Bleach, qui est devenu une sorte d’icône de la musique pop et qui doit à Vernon son éducation musicale. Mais le chômage ne dure pas éternellement et son ami Alex meurt subitement. Quand les ressources viennent à véritablement manquer Vernon est expulsé de chez lui.

Commence alors une errance entre squats chez des amis de la grande époque ce qui permet de ressasser les souvenirs, passages, souvent éclairs, chez des maîtresses, ou accueil chez des inconnus pour finir dans la rue.

Parallèlement un producteur cherche à récupérer des enregistrements de Alex Bleach que Vernon a en sa possession.

Chaque chapitre a pour narrateur un protagoniste différent ce qui donne un caractère choral à ce roman et surtout permet de découvrir le personnage de Vernon par protagoniste interposé.

« Vernon Subutex » c’est le livre d’une génération. Il parle du déclin de l’industrie du disque et du métier de disquaire, de l’omniprésence de la cocaïne dans les milieux de la nuit, de la société qui peut, du jour au lendemain, mettre n’importe qui à la rue.

Despentes, comme à son habitude, a une écriture dense, puissante et moderne, toujours acerbe et sans compromission.  Elle propose un panel de personnages qui reflètent tous les pans de la société, chacun avec son addiction, ses psychoses et ses problèmes. « Vernon Subutex » va parler à tout le monde, à toutes les générations.

Entre roman de société et roman à suspense, ce nouveau Virginie Despentes ne pourra pas vous laisser indifférent.

Tome 2 à paraitre début Juin.

« Vernon Subutex » a reçu le Prix Landerneau Romans 2015.

Édition Grasset

« Mr Mercedes » de Stephen King

Mr Mercedes de Stephen KIng. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
Mr Mercedes de Stephen KIng. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les suspens sous tension?
Vous aimez Thomas Harris et John Grisham?
Voici ma potion:

Comme le beaujolais, chaque année nous offre un nouvel opus du maître Stephen King. A la différence du vin, le nouveau King est à chaque fois excellent.

Dans celui-ci nous avons affaire à Hodges, flic fraîchement retraité qui passe le plus clair de son temps devant sa télé à regarder des programmes ineptes. Routine morose qui lui sert à ne plus réfléchir, le passage de l’action à l’inaction étant difficile à digérer pour lui. Ceci jusqu’au jour où il est contacté par Mr Mercedes.

Un an plus tôt, un homme avait foncé avec une mercedes sur une foule de chômeurs devant un salon pour l’emploi. Attentat non revendiqué qui avait fait de très nombreuses victimes. Ce fût un évènement bouleversant pour tous par sa cruauté et son inhumanité. A cause du peu d’indices, cette agression était restée impunie et Hodges était parti à la retraite sur cette affaire non résolue.

Voilà donc ce fameux tueur, en quête sans doute de reconnaissance, qui relance l’inspecteur.

Stephen King se lance ici dans un polar à la facture, a priori, très classique mais qui recèle plus qu’une intrigue policière grâce à la plume acérée de l’auteur qui sait mieux que personne dépeindre ses personnages dans leurs moindres aspects psychologiques. Il distille une tension qui va crescendo tout le long du roman. Les deux protagonistes principaux, Bill Hodges, le flic, et Barry le tueur vont s’affronter dans une lutte sans merci. King nous fait entrer dans la tête du tueur afin de comprendre ses motivations et il nous entraîne aussi dans celle du flic afin de mieux le cerner. Tantôt prédateur, tantôt proie ils échangent leur rôle pour le grand plaisir du lecteur.

A consommer sans modération!

Édition Albin Michel

« Oona & Salinger » de Frédéric Beigbeder

"Oona & Salinger" de Frédéric Beigbeder. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Oona & Salinger » de Frédéric Beigbeder. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Envie d’un roman facile à lire mais néanmoins intense et passionné?
Vous aimez David Foenkinos ou Catherine Cusset?
Voici ma potion:

Frédéric Beigbeder décide dans son nouveau roman de nous raconter l’histoire d’amour entre Oona O’Neill et J.D. Salinger, qui se passa au début des années quarante.

Oona O’Neill, fille du célèbre dramaturge Eugene O’Neill, fait partie de l’élite branchée de New-York. Bien qu’elle n’ait plus eu de contact avec son père depuis dix ans, elle surfe sur sa célébrité.

Jerry Salinger écrit quelques nouvelles mais n’a pas encore publié son grand roman.

Un soir, au Stork Club, fameux bar de l’époque où se retrouvait toute la jeunesse aisée, ils se rencontrent, c’est le coup de foudre, Oona n’a que seize ans et Jerry vingt et un.

Mais ils ne vivront pas une belle et fabuleuse histoire d’amour, simplement un flirt de quelques semaines. Jerry ne répondant pas aux attentes de Oona, et Oona étant un tantinet trop superficielle pour lui. Le départ à la guerre de Jerry va mettre un point final à cette histoire. Il continuera à lui écrire des lettres pour lui raconter les combats (et espérer secrètement qu’elle l’attende), mais Oona va rencontrer Charlie Chaplin, en tomber amoureuse et l’épouser alors qu’elle n’a que 17 ans et lui 54.

Beigbeder ne nous raconte pas qu’une histoire d’amour, celle-ci est même un prétexte pour parler d’autres choses. Faire le parallèle entre la jeunesse dorée de Oona, sa frivolité et la guerre très dure à laquelle participe Jerry en Europe. Guerre qui va le transformer à jamais puisqu’il ne sera pas le même au retour. Il préfèrera s’isoler et vivre reclus jusqu’à la fin de ses jours. Prétexte aussi pour parler de lui, comme Beigbeder sait si bien le faire, sans rien dévoiler on peut dire qu’il finit son récit en racontant sa rencontre avec sa femme.

Frédéric Beigbeder nous offre un magnifique roman. Les passages sur la guerre sont superbement traités, d’autant plus forts qu’ils sont en décalage avec ce qu’il se passe dans la vie de Oona au même moment.

C’est enfin un roman où vous pourrez croiser Truman Capote, Hemingway et Orson Welles.

Très bon roman de non-fiction (c’est l’auteur qui le dit), très fluide qui vous donnera forcément envie de lire ou relire « L’attrape-coeurs » de J.D. Salinger.

Édition Grasset

« On ne voyait que le bonheur » de Grégoire Delacourt

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire Delacourt. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« On ne voyait que le bonheur » de Grégoire Delacourt. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Envie d’un roman bouleversant et poignant?
Vous aimez Laura Kasischke ou John Irving?
Voici ma potion:

Antoine est expert en assurances. Il a passé sa vie à donner un prix à la vie des autres. Combien peut valoir un bras cassé ou la perte d’un enfant. A force d’estimer la vie des gens, Antoine se demande combien vaut la sienne. Chaque chapitre va revenir sur un moment de son existence et la valeur qu’il va donner à ce moment.

Antoine est divorcé, a peu d’amis, deux enfants qui s’éloignent de lui , des relations conflictuelles avec son père. Il a peu de considération pour lui-même jusqu’à commettre des actes irréversibles.

Ce livre est construit en trois parties, les deux premières ayant pour narrateur Antoine et la dernière partie racontée du point de vue de sa fille. Trois parties, trois rythmes différents qui permettent au lecteur de rester accrocher.

Grégoire Delacourt nous plonge dans les tourments d’un homme. Comment l’héritage des parents, l’attitude qu’ils ont eu, influent sur le comportement une fois adulte. Et surtout jusqu’où est-on prêt à aller par désespoir. Toujours avec des mots très justes, il nous fait partager la souffrance de son personnage et son désarroi face à la vie. On entre en empathie complète avec lui et on est forcément chamboulé.

La dernière partie écrite comme le journal intime de la fille d’Antoine est très forte, émouvante. Elle a un long chemin à faire pour pardonner à son père.

Sans aucun doute le meilleur roman de Grégoire Delacourt à ce jour.

Édition Lattès

« Peine perdue » de Olivier Adam

Peine perdue de Olivier Adam. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
Peine perdue de Olivier Adam. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un bon roman social ?
Vous aimez Steinbeck ou Hanif Kureishi?
Voici ma potion :

Une station balnéaire de la Côte d’Azur, hors période estivale. Les plages sont désertes. Pourtant tout un panel de personnages va se croiser autour d’une tempête qui va secouer durement la région et autour de l’agression d’Antoine, le premier portrait du roman.

Antoine, qui vivote depuis son licenciement, vit dans un camping où il retape les mobile-homes en attendant la saison. C’était un as du foot mais qui n’a jamais fait carrière à cause de son caractère tempétueux.

Son ex-femme, Marion, l’a quitté pour quelqu’un de plus stable. Même si elle est toujours amoureuse du père de son fils, elle a choisi la raison plutôt que la passion.

Il y a aussi le père d’Antoine, qui ne s’est jamais remis de la mort de sa femme, l’infirmière qui s’occupe de lui à l’hôpital. Ou encore Pierre et Hélène, qui, lors de la tempête ont décidé de prendre le large. Léa que l’on découvre sur la plage après l’orage et qui ne veut pas dire un mot.

Vingt-deux personnages qui donnent chacun leur point de vue afin de faire un ensemble.

Autant de caractères très bien décrits, terriblement intenses. En quelques pages le lecteur entre dans la vie de chacun.

Olivier Adam nous régale une fois de plus. Il dépeint un monde noir, désenchanté avec des protagonistes désespérés. Il décrit le monde d’aujourd’hui, pas très gai mais avec lequel il faut vivre.

« Peine perdue » c’est une écriture dense, qui prend aux tripes.

Édition Flammarion