« Thérapie » de David Lodge

Thérapie de David Lodge. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA
Thérapie de David Lodge. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA

 ::Potion essentielle::

Vous avez envie d’une bonne comédie britannique ?
Vous aimez Tom Sharpe et Jonathan Coe ?
Voici ma potion :

Lawrence Passmore, la cinquantaine, a tout pour être heureux. Scénariste d’une série à succès, il est marié, a de l’argent, une maîtresse platonique et une belle maison.

Mais voilà qu’un jour il sent une douleur au genou. Cette douleur va petit à petit empiéter sur toute sa vie. Il va consulter tous les médecins possibles, va tester tous les traitements envisageables même les plus absurdes, tout ça en vain.

Son couple finira même par en pâtir et sa femme par le quitter.

Dans sa quête contre la douleur il va découvrir le philosophe Kierkegaard en qui il se reconnait et il va se mettre en quête de toutes les femmes ayant compté pour lui, ce qui donnera des séquences assez comiques.  Après avoir essayé les remèdes physiques il va se lancer dans  les remèdes de l’esprit.

David Lodge, comme à son habitude, dresse le portrait très drôle et enlevé d’une génération, parle  du vieillissement chez l’homme  et des crises existentielles qui peuvent en résulter. Il dépeint aussi de manière très cynique le monde de la télévision.

Comment une petite douleur persistante peut venir à bout de tout un univers parfaitement établi. Le grain de sable dans la machine. Lawrence Passmore croyait être heureux mais son corps va le rappeler à l’ordre et faire écrouler son univers pour tout remettre dans le bon sens au final.

Sous la forme d’un journal (à la Kierkegaard) ou sous les divers points de vue de l’entourage de Lawrence, Thérapie est un roman rempli d’humour et de situations cocasses, qui parle forcément à chacun de nous.

Une bonne thérapie en somme.

Edition Payot-Rivages Poche

« Le théorème du homard » de Graeme Simsion

"Le théorème du homard" de Graeme Simsion. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Le théorème du homard » de Graeme Simsion. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un roman distrayant à l’humour un peu décalé?
Vous avez aimé « Le Fakir qui était resté coincé dans une armoire ikéa » ou « L’analphabète qui savait compter »?
Voici ma potion:

Le héros de ce roman s’appelle Don Tillman, il est professeur de génétique dans une université australienne. Il approche la quarantaine et pourrait être qualifié de « grosse tête ». C’est un génie en tous points et d’une connaissance sans limite. Mais voilà, Don est inapte à la vie en société. Il dit souvent ce qui lui passe par la tête et ne comprend rien aux règles et codes de la vie. Il n’a que très peu d’amis parce qu’il ne comprend pas la nécessité d’en avoir. Seul un couple de collègues arrive à le supporter.

Don est célibataire bien sûr. Mais il se met en quête de la femme idéale (pour lui). Il met au point un questionnaire qu’il compte soumettre à toutes les futures prétendantes. Questionnaire comportant des questions très insolites comme « Mangez-vous des rognons? », la réponse idéale attendue étant « occasionnellement ».

Mais un jour il rencontre Rosie Jalman, étudiante le jour, barmaid la nuit. Celle-ci est l’exacte opposée de Don. Autant lui est ordonné qu’elle est bordélique.

Rosie va l’entrainer dans une enquête afin de retrouver son véritable père. Don et Rosie vont user de multiples stratagèmes, même les plus loufoques, afin de prélever l’ADN de tous les pères potentiels.

« Le théorème du homard » est un petit ovni d’humour. Le personnage de Don , terriblement farfelu et décalé, est vraiment très drôle et attachant. Malgré sa maladresse c’est le personnage le plus sincère. Ses manies entraînent des quiproquos ou des malentendus qui font toute la fantaisie de ce roman.

Graeme Simsion, avec ce premier roman, nous ravit par son écriture très fluide et moderne. C’est un roman original sur la différence et surtout sur l’acceptation de la différence.

Tout le monde a droit à l’amour!

Edition Nil

« L’analphabète qui savait compter » de Jonas Jonasson

"l'analphabète qui savait compter" de Jonas Jonasson. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA
« l’analphabète qui savait compter » de Jonas Jonasson. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA

Vous aimez les romans distrayants?
Vous avez aimé  « le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire »?
Voici ma potion:

En Afrique du Sud dans un des bidonvilles les plus grands de Soweto vit Nombeko Mayeki. Elle est à peine âgée de quinze ans et travaille pour quasiment rien dans des conditions déplorables. Pourtant le destin va lui jouer des tours.

Nombeko a un don,  elle a beau être analphabète comme tous les enfants du ghetto,  elle est douée pour les chiffres et est extrêmement intelligente.
Ses facultés vont la conduire à travailler (comme esclave) pour le ministre en charge de l’armement nucléaire de l’Afrique du Sud, et à ramener une bombe en Suède où elle va élire domicile.

Le but de Nombeko est juste de s’en sortir dans la vie et bien malgré elle, elle va se retrouver embarquée dans des aventures hallucinantes. Comment se retrouve-t-elle dans un fourgon avec le roi de Suède, le premier ministre et une bombe atomique de trois mégatonnes, à vous de le découvrir!

Encore une fois Jonas Jonasson nous entraîne dans une histoire abracadabrante remplie de situations incongrues. Et on y croit! Les personnages sont attachants ou drôles (malgré eux) ou les deux. L’auteur nous offre une palette de personnages secondaires des plus hétéroclites, des jumeaux dont un seul existe vraiment, des sœurs chinoises douées dans l’empoisonnement de chiens ou encore un roi de Suède extravagant.
L’histoire se déroule sur plusieurs dizaines d’années et même si on pourrait trouver des incohérences le lecteur marche, court éventuellement.

Un roman très drôle!

A lire ou à offrir sans hésitation!

Edition Presse de la cité

« L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » de Romain Puertolas

Chroniques de livre & conseils de lecture "l'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea" de romain Puertolas
« l’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea » de romain Puertolas

Vous avez envie de comédie et d’une histoire abracadabrante ?
Vous aimez Paasilinna ou Jonas Jonasson ?
Voici ma potion :

Ajatashatru Lavash Patel est un fakir. Il a réussi à extorquer de l’argent aux habitants de son village du Rajasthan afin de se rendre à Paris pour acheter un lit à clous chez Ikéa, article en promo actuellement. Un aller-retour était prévu à la base, malheureusement son voyage va se transformer en périple à travers toute l’Europe. Affublé d’un vieux costume loué pour l’occasion et porteur d’un faux billet de cent euros (imprimé que d’un côté), l’indien enturbanné va traverser successivement la France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la Libye. Il va bien sûr faire des rencontres pendant son voyage, certaines amicales, d’autres moins.

Comment Ajatashatru se retrouve coincé dans une armoire Ikéa est dévoilé des les premiers chapitres mais je vous laisse le découvrir.

Notre fakir est avant tout un escroc. Il arnaque tout le monde depuis des années, faisant semblant de ne manger que des clous et des vis alors qu’il ne peut passer deux heures sans se sustenter, faisant croire qu’il dort sur un lit à clous alors qu’il aime le confort douillet d’un bon matelas. En arrivant à Paris, c’est d’ailleurs une de ses arnaques qui va déclencher une bonne partie de ses péripéties. Escroquer un chauffeur de taxi gitan de cent euros était vraiment une mauvaise idée. Celui-ci va se mettre dans la tête de retrouver notre indien à tout prix.

Bien évidemment ses différentes rencontres vont le changer, Ajatashatru se retrouve confronté à la vraie vie si on peut dire. Il va côtoyer des clandestins, apprendre comment des hommes se retrouvent obligés de quitter leur famille pour tenter leur chance ailleurs. Il rencontrera même l’amour.

Romain Puertolas nous propose un vrai conte moderne, parsemé d’humour et de bons sentiments.

Au départ nous avons un personnage égoïste, qui au gré de ses pérégrinations va s’ouvrir aux autres, découvrir qu’on peut être heureux en faisant le bien. Le fakir va même se découvrir des talents d’écrivain.

Un personnage loufoque pour des situations loufoques, le lecteur passe un très agréable moment. Voilà un roman burlesque s’il en est !

Edition Le Dilettante

« Le linguiste était presque parfait » de David Carkeet

Le linguiste était presque parfait de David Carkeet. Chronique par MLBA
Le linguiste était presque parfait de David Carkeet. Chronique par MLBA

Vous aimez l’humour décalé et les jeux de mots?
Vous aimez David Lodge?
Voici ma potion:

Jeremy Cook, linguiste, travaille à Wabash, un centre d’étude du langage. Sept linguistes étudient au quotidien des enfants de 6 mois à 5 ans (le centre faisant aussi office de crèche) afin de décrypter comment se fait l’acquisition du langage.

Mais un jour un de ses collègues est retrouvé mort, assassiné, dans son bureau. Tout l’accuse, d’autant qu’il était sur les lieux au moment du meurtre.

En parallèle de l’enquête du truculent inspecteur Leaf, sorte de Groucho Marx fort en gueule, Jeremy va mener grâce à la linguistique sa propre investigation. Chaque parole, chaque mot est passé au crible et décortiqué afin de découvrir la vérité. Il va de même chercher la personne responsable de la rumeur comme quoi il serait « un trou du cul » et devoir rédiger une conférence dont l’intitulé change tous les jours.

L’assassin est forcément un de ses collègues, seule une personne ayant les clés du centre a pu faire le coup. Chacun s’accuse mais toujours de manière tout à fait courtoise. Le meurtre va d’ailleurs servir de révélateur des amitiés ou inimitiés au sein des linguistes.

Sous couvert de polar, voilà un roman plein d’humour subtile et terriblement déjanté. David Carkeet nous offre un panel de personnages excentriques adeptes de joutes verbales. Apparemment on ne pourrait être un chercheur sans être un brin cinglé!

On ne peut pas lâcher ce roman avant de l’avoir fini et on est déçu de l’avoir lu si vite. Encore un paradoxe que sauraient nous expliquer les linguistes de ce roman si distrayant.

Edition Monsieur Toussaint Louverture

« Veuf » de Jean-Louis Fournier

"Veuf" de Jean-Louis Fournier
Chronique de « Veuf » de Jean-Louis Fournier par Ma Libraire Bien-Aimée

Vous aimez rire. Vous aimez pleurer.
Vous aimez l’humour de Pierre Desproges, la sensibilité de François Morel.
Voici ma potion :

Veuf de Jean-Louis Fournier est un roman particulier, comme toute l’oeuvre de Fournier peut l’être. C’est bien évidemment un roman autobiographique, teinté d’un humour caustique et terriblement émouvant.

Il parle ici de la disparition de sa femme,Sylvie, et précisément de comment continuer la vie sans elle.

Après 40 ans passés ensemble forcément le vide est grand. Il lui parle, lui reproche d’avoir toujours été trop gentille et surtout d’être partie avant lui. Il nous parle d’elle, toujours avec infiniment de tendresse, il se demande comment elle a pu vouloir de lui, cet homme si peu attirant. Quand Jean-Louis Fournier raconte les anecdotes sur sa femme, on se rend compte à quel point il était fou d’elle.

C’est un roman qui fait passer du rire aux larmes en deux phrases. Jean-Louis Fournier sait toucher là où ça fait mal et là où ça fait du bien aussi.

Quelques jolies phrases :

« J’ai été choqué que le printemps arrive, alors que toi, tu étais déjà partie »

« Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant.
Elle ne voulait pas déranger, elle m’a dérangé au-delà de tout. »

N’hésitez pas à ouvrir ce livre (très court), ne soyez pas rebuter par le titre et laisser vous emporter par ce poète. Veuf est avant tout un roman d’amour.

Edition: Livre de Poche

« La Liste » de Julien Gosselin, Pierre Martin, Johann Trümmel

"La Liste" de Julien Gosselin, Pierre Martin, Johann Trümmel
Chronique de « La Liste » de Julien Gosselin, Pierre Martin, Johann Trümmel par Ma Libraire Bien-Aimée

Vous cherchez un prénom pour votre futur enfant.
Vous aimez l’humour pince sans rire ou l’humour décalé.
Voici ma potion :

La Liste, c’est un livre à part, un ovni, un exercice de style inédit, comme le précise la quatrième de couverture.

Les auteurs, Julien Gosselin, Pierre Martin et Johann Trümmel, se livrent à l’onomatologie, science qui, le déplorent-ils, est restée sans lendemain. Il s’agit de démontrer comment un prénom détermine le caractère d’une personne. Là en l’occurrence les auteurs se font plaisir sur les préjugés que l’on peut avoir sur une personne d’après son prénom. Ils imaginent ce que peut être la vie d’une Zoé, d’un Kévin et chacun en prend pour son grade. Il faut avouer qu’ils ne manquent pas d’imagination et surtout d’humour. Ces mini biographies sont toutes des portraits très caustiques ,très sarcastiques avec toujours ce second degré qui rend le tout si drôle.

De petits extraits pour vous donner envie :

Francine, 16 ans, ne s’étonne guère de porter un prénom de mère de famille quinquagénaire. En effet, à Brazzaville, où ses parents sont nés, il est bon de donner à l’enfant un prénom qui n’existe plus dans le calendrier des pompiers édition 1974. Au fond, même si elle aurait préféré s’appeler Rihanna ou Beyoncé, elle relativise quand ses quatre frères, Jean-Francis, Bienvenue, Jean-Marie Vianney et Christ-Roi, viennent manger le poulet yassa du dimanche à la maison.

Olivier est instit’.
Il sait qu’il ne va pas changer le cours de la vie de tous ses élèves, mais il aime dire,parfois, que s’il peut « en sortir un ou deux du pétrin, alors c’est mission accomplie ». 

Né en banlieue parisienne, Orlando tente de faire croire depuis 43 ans qu’il a naturellement l’accent italien. Son père Luigi l’avait, lui, quand il quitta ses Pouilles natales pour l’eldorado Boulogne-Billancourt où il assembla tour à tour 4CV, Dauphine, Renault 30 puis Super 5, pour finalement mourir d’un arrêt cardiaque alors qu’il fixait les essuie-glaces d’une Laguna.

Lisez le vite pour vérifier si votre prénom fait partie du lot !

Edtion: 10/18