« Les fleurs de l’ombre » de Tatiana De Rosnay

L’histoire se passe dans un futur proche. Un futur un peu sombre où des attentats ont rayé de la carte la plupart des monuments les plus importants des grandes villes mondiales. La technologie a fait aussi un énorme bond en avant.

Clarissa Katsef est auteure, ses thèmes de prédilection étant les écrivains et leur rapport aux lieux qu’ils habitent. Alors qu’elle cherche un logement suite à son départ précipité du domicile conjugal, on lui parle d’une résidence d’artistes, flambant neuve, hyper high-tech où tout est géré par des ordinateurs.

Elle s’y installe mais très vite elle ressent de l’angoisse et a le sentiment d’être constamment observé.

Tatiana De Rosnay nous propose une uchronie, un roman d’anticipation où le monde s’est dégradé. Plus personne ne lit de livres papier, des drones commettent des attentats, le réchauffement climatique a continué de faire son œuvre et la pollution est à son comble.

Dans cet univers un peu noir on retrouve tous les thèmes favoris de l’écrivaine: l’influence du lieu où l’on vit, le deuil, le doute de l’artiste, le travail d’écriture de l’auteur et l’intimité bafouée.

Ce n’est pas mon roman préféré de Tatiana De Rosnay mais, comme à chaque fois, il y a une qualité d’écriture indéniable.

Édition Robert Laffont/Héloïse d’Ormesson

« Le discours » de Fabrice Caro

Adrien vient de se faire plaquer. Alors qu’il assiste au repas de famille hebdomadaire, son beau-frère lui annonce qu’il devra faire un discours lors du mariage de sa sœur. Adrien se met une énorme pression, il n’est pas ce qu’on peut appeler un orateur et se demande comment il va pouvoir y échapper.

« Le Discours » peut se lire d’une traite. Le lecteur est immergé dans la tête du personnage, on assiste à toutes les pensées qui le traversent lors de ce repas familial. Ses pensées qui vagabondent entre sa récente séparation, la manière de récupérer sa copine et les diverses tares et habitudes de ses parents.

Roman à la première personne plein d’humour, d’auto-dérision et de cynisme, Fabrice Caro délaisse le dessin pour les mots. Son roman graphique « Zai Zai Zai » nous avait déjà épaté par son humour particulier. Là il récidive sans les images. Il montre qu’il sait si bien observer et dépeindre le monde qui l’entoure. C’est drôle, caustique et acide.

Je me suis reconnue dans plein de situations racontées et j’ai beaucoup ri. Adrien est un homme lambda avec ses illusions et ses désillusions.

Bref beaucoup de sentiments dans ce livre, de la mélancolie, de la nostalgie, de la tristesse mais surtout beaucoup d’humour.

Édition Folio

« Erectus » de Xavier Müller

En ces temps incertains, lire un thriller sur un virus agressif qui va contaminer toute la planète donne un sentiment de déjà-vu!

Ici, point question de coronavirus mais d’un virus semblant sorti des temps anciens. En effet, nommé « kruger », ce virus a la particularité de ramener tout ce qu’il contamine des millions d’années en arrière. En Afrique du Sud, dans une réserve animalière, un drôle d’éléphant est découvert. Il arbore quatre défenses et semble tout droit tiré d’un livre sur la préhistoire.

Rapidement des experts planchent sur cette découverte et réalisent que tout l’écosystème du parc est en train d’évoluer ou plutôt de régresser. Quand le premier cas humain apparait, les statistiques ne sont pas bonnes, le virus se propage rapidement grâce aux rats.

Les histoires d’apocalypse et de fin du monde ont toujours quelque chose de captivant. Non, une comète ne viendra pas percuter la Terre et tout faire exploser, non la Terre ne va pas s’ouvrir en deux et tous nous engloutir, non la Terre ne va pas avoir à faire face à …une pandémie.

Xavier Müller a eu cette brillante idée de créer ce retour aux origines. Qui n’a jamais été intéressé par la Préhistoire, par toutes ces créatures légendaires? Imaginez la chance de pouvoir croiser un diplodocus ou un gomphoterium. La vie est un éternel recommencement alors peut-être que revenir des millions d’années en arrière serait la solution pour sauver le monde.

Ce thriller ne donne pas de réponses mais permet en tous cas de passer un bon moment hors du temps avec des personnages intéressants et un sentiment d’urgence et d’angoisse.

Édition Pocket

« Les Loups » de Daniel Cole

Pour ceux qui n’ont pas lu « Ragdoll » et « L’appât » je ne vous cache pas qu’il risque vous manquer quelques informations car on retrouve ici tous les personnages des précédents opus.

Alors qu’il était encore en fuite à la suite du désastre de sa dernière enquête, l’inspecteur principal Wolf, revient quand il apprend que son ami et mentor Finlay Shaw s’est suicidé. Il ne peut pas y croire. Il propose donc à ses supérieurs de mener l’enquête pour ensuite se rendre afin d’être jugé.

Accompagné de ses anciens collègues et malgré les tensions qui existent entre eux, ils vont tous se mettre au travail, convaincus que leur ami a été assassiné.

Daniel Cole nous propose un thriller un peu plus intimiste que les précédents. Pas de grandes scènes de meurtre macabres, pas de courses-poursuites déjantées mais des personnages avec leur passif qui essaient de travailler ensemble. La part belle est vraiment faite aux personnages que nous avions finalement juste survolés dans les tomes précédents.

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Je le redis mais je ne suis pas certaine que « Les Loups » puisse se lire sans avoir lu les précédents. Je vous conseille donc de commencer par là. « Ragdoll » met tout de suite dans l’ambiance, c’est un thriller oppressant et efficace.

J’ai apprécié de retrouver tous ces personnages et il y a dans ce thriller une bonne dose d’humour qui manquait dans les autres. Un très bon final pour la trilogie.

Édition Pocket

« Impact » de Olivier Norek

Le PDG de Total a été enlevé. Cet acte est revendiqué par Greenwar, un groupuscule écologiste qui tente d’alerter les populations sur la pollution qu’engendre les multinationales. Ce n’est pas une rançon qui est demandée mais plutôt une sorte de caution. Les millions exigés devront être réinjectés pour la bonne cause.

A la tête de Greenwar, Virgil Solal un ancien militaire qui a vu des horreurs en Afrique et qui suite au décès de sa petite fille n’a plus grand chose à perdre.

Olivier Norek délaisse le pur thriller pour un roman coup de poing et coup de gueule. Le monde va très mal, des grosses entreprises polluent allègrement notre planète, des accords sont passés mais pas tenus, des gens meurent par milliers à cause de l’état de l’air et personne ne fait rien ou presque. A partir de là, doit-on laisser faire ou peut-on utiliser tous les moyens imaginables pour faire changer le cours des choses?

Voilà un roman qui ne peut pas laisser indifférent. Olivier Norek montre les incohérences de notre monde moderne et les débordements de ces entreprises pour qui le profit est au-dessus de l’humain. Il est vrai que l’intrigue et les personnages passent au second plan mais le sujet est essentiel.

Édition Michel Lafon

« Les anonymes » de R.J Ellory

Quatre femmes ont été assassinées à Washington. Elles ont été retrouvées accroupies au pied de leur lit, rouées de coup, un ruban autour du cou.

Il n’en faut pas plus aux journalistes pour créer la légende du Tueur au Ruban. Mais l’inspecteur Miller s’interroge car le modus operandi de la dernière victime diffère un peu des précédentes. Qui plus est, la vie de cette femme présente énormément de blancs, comme si elle n’avait jamais existé.

A chaque lecture d’un roman de R.J Ellory on entre un peu plus dans les méandres de la politique américaine. A chaque fois l’auteur nous dévoile une part sombre de l’Amérique. Dans « Les Anonymes » , Ellory touche au sujet de l’ingérence de certains organismes américains type CIA dans la politique d’autres pays, en l’occurrence le Nicaragua. Et surtout aux « méthodes » de ces fameux organismes.

L’enquête sur les meurtres est le fil de la pelote qu’on déroule. Elle va permettre de mettre au jour un engrenage d’une ampleur nationale qui va aller bien au-delà des compétences des inspecteurs en charge.

R.J Ellory nous régale avec son écriture incisive et ses personnages toujours un peu bancales et torturés mais qui sont si proches de la réalité. Le rythme de l’enquête est lent, à l’image des difficultés des inspecteurs à démêler les rouages de l’intrigue.

Une grande réussite.

Edition Le Livre de Poche

« Les guerres intérieures » de Valérie Tong Cuong

Pax Monnier est comédien depuis longtemps mais n’a jamais vraiment percé. Lorsqu’il obtient un casting avec un célèbre réalisateur américain, plus rien ne compte. Pas même les bruits de lutte qu’il entend au-dessus de chez lui alors qu’il se prépare à son entrevue. Il se dit que ce n’est pas grand chose et qu’il ne pourrait rien faire de toutes façons.

Mais un jeune homme a été attaqué, laissé quasiment pour mort, sombrant dans le coma.

Un an plus tard, Pax rencontre Emi Shimizu et en tombe fou amoureux. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’elle est la mère du jeune homme qui habitait dans son immeuble.

Valérie Tong Cuong a vraiment le don pour décrire les ressorts de l’âme humaine. Tous les sentiments ambivalents qui nous animent. Comment une même personne peut faire le bien comme le mal, tout en pensant faire les choses comme il faut? Où commence la lâcheté et où se situe le courage? La limite entre les deux est bien mince.

Les questionnements des personnages de ce roman sont ceux que n’importe lequel d’entre nous pourrait avoir. Celui qui n’a rien fait alors qu’il aurait pu, la mère qui ne sait pas comment aider son fils, le fils agressé qui ne sait pas comment reprendre une vie normale.

Valérie Tong Cuong n’oublie jamais non plus d’ancrer son histoire dans un contexte politique et social très actuel. Elle nous parle du très intime tout en interrogeant le lecteur sur le monde qui l’entoure. Et tout ça écrit avec sa plume directe et incisive.

Le Livre de Poche

« Dust » de Sonja Delzongle

Hanah Baxter est une profileuse. Française installée à New-York, elle traque les serial killers du monde entier.

Un vieil ami à elle, Collins, la contacte pour qu’elle vienne les aider sur une enquête inquiétante. Elle part donc pour le Kenya où depuis deux ans, la police découvre des scènes de crime sur lesquelles est répandue une grande quantité de sang humain mais sans cadavre.

A cette enquête s’ajoute celle sur le trafic d’albinos qui sévit dans la région. Les albinos étant considérés autant comme signe du diable que comme bénéfiques à la création de fétiches par les sorciers. Une jeune femme albinos vient d’ailleurs de se faire massacrer en pleine rue, son assassin n’en voulant qu’à sa tête et son bras restant.

Hanah va se plonger dans ces deux enquêtes qui vont lui révéler la noirceur de l’âme humaine.

Le précédent livre de Sonja Delzongle que j’ai lu se passait au Groenland, dans des paysages blancs immaculés. « Dust » se déroule au Kenya, la chaleur et la poussière du pays transparaissent dans le livre. L’auteure est vraiment douée pour immerger le lecteur dans l’univers qu’elle a créé. On est tout de suite oppressé par le climat comme peut l’être Hanah.

Les sujets évoqués ici sont terrifiants. Le massacre des africains albinos, la récupération de leurs membres à des fins pseudo-médicales font froid dans le dos. Je connaissais déjà le sujet mais on a du mal, occidentaux, à se rendre compte de ce qu’il se passe en Afrique.

Les meurtres sont traités de manière crue, sans fioriture, le lecteur ne sera pas épargné. La violence est monnaie courante au Kenya, on n’y échappe donc pas.

Comme à son habitude (peut-être est-ce dû à son passé de journaliste), Sonja Delzongle, en plus d’écrire un très bon thriller, interpelle le lecteur sur un sujet de société.

A ne pas manquer si on veut passer un bon moment et s’interroger sur ce qu’il se passe dans d’autres parties du monde.

Édition Folio.

« Toutes blessent, la dernière tue » de Karine Giebel

Orpheline de mère, Tama a 8 ans lorsque son père la confie à Mejda, une connaissance qui va l’emmener en France. Celle-ci promet de s’occuper d’elle, son père pensant que Tama aurait plus de chance là-bas. Mais Mejda, une fois en France, la vend comme esclave à sa belle-famille. Tama doit alors faire le ménage, la lessive, la cuisine, s’occuper des enfants et surtout supporter les brimades de ce couple hyper violent. Une couche à même le sol pour dormir et des restes pour repas.

Un véritable enfer qu’elle endure avec résignation. Tama apprend à lire et à écrire par elle-même et s’évade tous les soirs dans sa tête. Son seul moment de bonheur est la visite de Izri, le fils de Mejda, qui est l’unique personne à lui accorder de la considération.

Parallèlement on suit Gabriel. Un homme qui vit en ermite dans un endroit reculé. Hanté par un lourd passé, il trouve un matin une jeune fille blessée dans son écurie. Elle ne se souvient de rien. Qui est-elle?

Karine Giebel ne mâche pas ses mots et nous livre une histoire terrifiante. Terrifiante quand on sait que l’esclavagisme existe encore de nos jours et que des petites filles sont vendues comme des objets et sont moins bien traitées que des animaux de compagnie. C’est une fiction car c’est romancé mais le fond est une réalité.

On en oublie qu’il s’agit d’un thriller tellement l’histoire de Tama nous prend aux tripes. Une héroïne pure et dure qui courbe l’échine mais ne plie pas face à la violence dont on fait preuve à son égard. Karine Giebel nous propose un panel de personnages complexes où la ligne blanche entre le bien et le mal est très mince.

Que l’épaisseur de l’ouvrage ne vous effraie pas, « Toutes blessent, la dernière tue » se lit quasiment d’une traite, vous ne fermerez pas ce livre avant de savoir si Tama s’en sort à la fin.

Édition Pocket

« L’ile du Diable » de Nicolas Beuglet

Dans ce nouvel opus, on retrouve Sarah Geringën sortant de prison. En effet suite à sa dernière enquête et une terrible méprise, l’inspectrice des forces spéciales avait été emprisonnée à tort.

Mais alors qu’elle sort enfin, on lui annonce que son père a été assassiné. La mise en scène macabre laisse à penser que Sarah ne connaissait pas aussi bien son père qu’elle le croyait.

Elle se voit confier l’enquête de manière officieuse et ne va cesser d’être surprise.

Dans ce troisième roman Nicolas Beuglet continue de nous épater par sa maîtrise du suspense. Son héroïne a peu de répit, à peine sortie de prison elle est embarquée dans une quête vers la vérité. Il y a très peu de temps mort dans cette histoire, tout s’enchaine vite et j’ai eu l’impression de le lire d’une traite.

D’ailleurs le seul bémol que je pourrais émettre serait qu’il est trop rapidement lu. On aurait aimé que ça dure un peu plus et peut-être qu’il y ait plus d’interactions entre Sarah et Christopher.

Beaucoup de rebondissements donnent un rythme intense. En résumé un bon thriller!

Éditions Pocket