« Le discours » de Fabrice Caro

Adrien vient de se faire plaquer. Alors qu’il assiste au repas de famille hebdomadaire, son beau-frère lui annonce qu’il devra faire un discours lors du mariage de sa sœur. Adrien se met une énorme pression, il n’est pas ce qu’on peut appeler un orateur et se demande comment il va pouvoir y échapper.

« Le Discours » peut se lire d’une traite. Le lecteur est immergé dans la tête du personnage, on assiste à toutes les pensées qui le traversent lors de ce repas familial. Ses pensées qui vagabondent entre sa récente séparation, la manière de récupérer sa copine et les diverses tares et habitudes de ses parents.

Roman à la première personne plein d’humour, d’auto-dérision et de cynisme, Fabrice Caro délaisse le dessin pour les mots. Son roman graphique « Zai Zai Zai » nous avait déjà épaté par son humour particulier. Là il récidive sans les images. Il montre qu’il sait si bien observer et dépeindre le monde qui l’entoure. C’est drôle, caustique et acide.

Je me suis reconnue dans plein de situations racontées et j’ai beaucoup ri. Adrien est un homme lambda avec ses illusions et ses désillusions.

Bref beaucoup de sentiments dans ce livre, de la mélancolie, de la nostalgie, de la tristesse mais surtout beaucoup d’humour.

Édition Folio

« Erectus » de Xavier Müller

En ces temps incertains, lire un thriller sur un virus agressif qui va contaminer toute la planète donne un sentiment de déjà-vu!

Ici, point question de coronavirus mais d’un virus semblant sorti des temps anciens. En effet, nommé « kruger », ce virus a la particularité de ramener tout ce qu’il contamine des millions d’années en arrière. En Afrique du Sud, dans une réserve animalière, un drôle d’éléphant est découvert. Il arbore quatre défenses et semble tout droit tiré d’un livre sur la préhistoire.

Rapidement des experts planchent sur cette découverte et réalisent que tout l’écosystème du parc est en train d’évoluer ou plutôt de régresser. Quand le premier cas humain apparait, les statistiques ne sont pas bonnes, le virus se propage rapidement grâce aux rats.

Les histoires d’apocalypse et de fin du monde ont toujours quelque chose de captivant. Non, une comète ne viendra pas percuter la Terre et tout faire exploser, non la Terre ne va pas s’ouvrir en deux et tous nous engloutir, non la Terre ne va pas avoir à faire face à …une pandémie.

Xavier Müller a eu cette brillante idée de créer ce retour aux origines. Qui n’a jamais été intéressé par la Préhistoire, par toutes ces créatures légendaires? Imaginez la chance de pouvoir croiser un diplodocus ou un gomphoterium. La vie est un éternel recommencement alors peut-être que revenir des millions d’années en arrière serait la solution pour sauver le monde.

Ce thriller ne donne pas de réponses mais permet en tous cas de passer un bon moment hors du temps avec des personnages intéressants et un sentiment d’urgence et d’angoisse.

Édition Pocket

« Oh happy day » de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat

Il est des livres que vous lisez par hasard, la couverture vous a plu, un ami vous l’a prêté. Et souvent ces livres là procurent de bonnes surprises. C’est le cas de celui-ci que j’ai eu la chance de pouvoir lire.

Pierre-Marie Sotto est un écrivain reconnu, récompensé par un Goncourt. Quatre ans auparavant il a mis fin à sa liaison avec Adeline Parmelan et il hésite aujourd’hui à la recontacter afin de récupérer un petit carnet qui pourrait lui redonner l’inspiration pour un nouveau roman.

Ce carnet est un bon prétexte pour renouer un lien avec cette femme qu’il aime toujours. Adeline a refait sa vie, se prépare à un grand déménagement mais elle répond à Pierre-Marie. Et leurs joutes littéraires reprennent.

Avec « Oh happy day » le lecteur peut renouer avec les grands romans épistolaires du 18ème siècle. Un échange de correspondance entre deux protagonistes qui permet de comprendre leur relation et leur motivation.

Un lien très fort uni Pierre-Marie et Adeline et on le voit ressurgir au fur et à mesure des mails qu’ils s’envoient. Comme une évidence il la recontacte au moment où elle en a le plus besoin. Et il n’y a pas que des échanges de lettres ou de mails dans ce roman ce qui donne encore plus de consistance à ces personnages.

Écrire à quatre mains ne doit pas être chose aisée mais les deux auteurs nous offrent une belle histoire d’amour ponctuée de moments assez rocambolesques. Une histoire d’amour entre séniors qui prouve que l’amour n’a pas d’âge.

Je n’ai pas lu « Et je danse aussi » où apparaissent pour la première fois Pierre-Marie et Adeline mais je n’ai pas eu l’impression d’avoir manqué des choses. Ça m’a par contre donné envie de m’y plonger!

Fleuve Éditions

« Les Loups » de Daniel Cole

Pour ceux qui n’ont pas lu « Ragdoll » et « L’appât » je ne vous cache pas qu’il risque vous manquer quelques informations car on retrouve ici tous les personnages des précédents opus.

Alors qu’il était encore en fuite à la suite du désastre de sa dernière enquête, l’inspecteur principal Wolf, revient quand il apprend que son ami et mentor Finlay Shaw s’est suicidé. Il ne peut pas y croire. Il propose donc à ses supérieurs de mener l’enquête pour ensuite se rendre afin d’être jugé.

Accompagné de ses anciens collègues et malgré les tensions qui existent entre eux, ils vont tous se mettre au travail, convaincus que leur ami a été assassiné.

Daniel Cole nous propose un thriller un peu plus intimiste que les précédents. Pas de grandes scènes de meurtre macabres, pas de courses-poursuites déjantées mais des personnages avec leur passif qui essaient de travailler ensemble. La part belle est vraiment faite aux personnages que nous avions finalement juste survolés dans les tomes précédents.

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Je le redis mais je ne suis pas certaine que « Les Loups » puisse se lire sans avoir lu les précédents. Je vous conseille donc de commencer par là. « Ragdoll » met tout de suite dans l’ambiance, c’est un thriller oppressant et efficace.

J’ai apprécié de retrouver tous ces personnages et il y a dans ce thriller une bonne dose d’humour qui manquait dans les autres. Un très bon final pour la trilogie.

Édition Pocket

« Impact » de Olivier Norek

Le PDG de Total a été enlevé. Cet acte est revendiqué par Greenwar, un groupuscule écologiste qui tente d’alerter les populations sur la pollution qu’engendre les multinationales. Ce n’est pas une rançon qui est demandée mais plutôt une sorte de caution. Les millions exigés devront être réinjectés pour la bonne cause.

A la tête de Greenwar, Virgil Solal un ancien militaire qui a vu des horreurs en Afrique et qui suite au décès de sa petite fille n’a plus grand chose à perdre.

Olivier Norek délaisse le pur thriller pour un roman coup de poing et coup de gueule. Le monde va très mal, des grosses entreprises polluent allègrement notre planète, des accords sont passés mais pas tenus, des gens meurent par milliers à cause de l’état de l’air et personne ne fait rien ou presque. A partir de là, doit-on laisser faire ou peut-on utiliser tous les moyens imaginables pour faire changer le cours des choses?

Voilà un roman qui ne peut pas laisser indifférent. Olivier Norek montre les incohérences de notre monde moderne et les débordements de ces entreprises pour qui le profit est au-dessus de l’humain. Il est vrai que l’intrigue et les personnages passent au second plan mais le sujet est essentiel.

Édition Michel Lafon

« L’institut » de Stephen King

D’un côté il y a Tim Jamieson, ancien flic, qui décide de partir pour New-York afin de laisser derrière lui son passé. Sur la route ses pas le mènent jusqu’à la petite ville de Dupray où sans vraiment savoir pourquoi il décide de poser ses valises pour quelques temps.

De l’autre Luke Ellis, jeune garçon de 12 ans vivant à Minneapolis. Surdoué il s’apprête à passer les concours d’entrée dans deux universités prestigieuses lorsqu’il se fait enlever par une obscure organisation.

Il se réveille dans une pièce identique à sa chambre. Mais en sortant dans le couloir il rencontre une jeune fille qui lui explique où ils se trouvent. L’Institut, où de nombreux jeunes gens possédant des dons particuliers sont séquestrés et subissent régulièrement divers tests.

Un nouveau roman de Stephen King est toujours une bonne nouvelle. Un nouveau roman qui en plus met en scène des adolescents est encore plus espéré, comme à l’époque de « Ça » ou « Shining ».

Je ne suis sans doute pas objective mais j’ai beaucoup aimé « L’institut ». On y retrouve tous les ingrédients qui marchent, un jeune héros intelligent et téméraire qui va servir de catalyseur, un adulte courageux et empathique, une organisation internationale douteuse et complexe et une ambiance stressante.

Certains trouveront des longueurs, ce qui est vrai, mais j’ai trouvé que ça intensifiait le climat oppressant de l’Institut. L’écriture de Stephen King est toujours aussi efficace et quand on referme son livre, on espère juste qu’il y en aura un autre très vite.

Édition Albin Michel

« Les anonymes » de R.J Ellory

Quatre femmes ont été assassinées à Washington. Elles ont été retrouvées accroupies au pied de leur lit, rouées de coup, un ruban autour du cou.

Il n’en faut pas plus aux journalistes pour créer la légende du Tueur au Ruban. Mais l’inspecteur Miller s’interroge car le modus operandi de la dernière victime diffère un peu des précédentes. Qui plus est, la vie de cette femme présente énormément de blancs, comme si elle n’avait jamais existé.

A chaque lecture d’un roman de R.J Ellory on entre un peu plus dans les méandres de la politique américaine. A chaque fois l’auteur nous dévoile une part sombre de l’Amérique. Dans « Les Anonymes » , Ellory touche au sujet de l’ingérence de certains organismes américains type CIA dans la politique d’autres pays, en l’occurrence le Nicaragua. Et surtout aux « méthodes » de ces fameux organismes.

L’enquête sur les meurtres est le fil de la pelote qu’on déroule. Elle va permettre de mettre au jour un engrenage d’une ampleur nationale qui va aller bien au-delà des compétences des inspecteurs en charge.

R.J Ellory nous régale avec son écriture incisive et ses personnages toujours un peu bancales et torturés mais qui sont si proches de la réalité. Le rythme de l’enquête est lent, à l’image des difficultés des inspecteurs à démêler les rouages de l’intrigue.

Une grande réussite.

Edition Le Livre de Poche

« L’art d’écouter les battements de coeur » de Jan-Philipp Sendker

Tin Win est un brillant avocat de Wall Street, bon père de famille. Un jour il disparait. Son passeport est retrouvé quelques semaines plus tard près de Bangkok.

Quatre ans plus tard, sa fille Julia qui est devenue avocate à son tour, découvre des lettres d’amour que son père aurait écrites mais jamais envoyées à Mi Mi, une jeune femme birmane.

Décidée à découvrir ce qu’il est vraiment advenu de son père et surtout à résoudre l’énigme autour de son passé, elle va partir en Birmanie. Un nouveau monde s’ouvre à elle, très éloigné de son quotidien new-yorkais et la rencontre avec U Ba va lui apprendre qui était son père.

Voilà un beau roman que j’ai lu il y a quelques années maintenant mais qui m’est resté longtemps en mémoire et que j’avais envie de mettre en avant.

« L’art d’écouter les battements de cœur » est un roman d’amour, filial et fusionnel, mais aussi un récit initiatique. En comprenant la vraie nature de son père, Julia se découvre elle-même. Les croyances birmanes vont mettre à mal sa carapace occidentale et elle ne sera plus jamais la même.

L’écriture est simple, profondément sincère et le lecteur peut puiser un peu de sagesse dans cette histoire émouvante. J’aime les livres qui redonnent foi en l’humanité!

Le Livre de Poche.

« Les guerres intérieures » de Valérie Tong Cuong

Pax Monnier est comédien depuis longtemps mais n’a jamais vraiment percé. Lorsqu’il obtient un casting avec un célèbre réalisateur américain, plus rien ne compte. Pas même les bruits de lutte qu’il entend au-dessus de chez lui alors qu’il se prépare à son entrevue. Il se dit que ce n’est pas grand chose et qu’il ne pourrait rien faire de toutes façons.

Mais un jeune homme a été attaqué, laissé quasiment pour mort, sombrant dans le coma.

Un an plus tard, Pax rencontre Emi Shimizu et en tombe fou amoureux. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’elle est la mère du jeune homme qui habitait dans son immeuble.

Valérie Tong Cuong a vraiment le don pour décrire les ressorts de l’âme humaine. Tous les sentiments ambivalents qui nous animent. Comment une même personne peut faire le bien comme le mal, tout en pensant faire les choses comme il faut? Où commence la lâcheté et où se situe le courage? La limite entre les deux est bien mince.

Les questionnements des personnages de ce roman sont ceux que n’importe lequel d’entre nous pourrait avoir. Celui qui n’a rien fait alors qu’il aurait pu, la mère qui ne sait pas comment aider son fils, le fils agressé qui ne sait pas comment reprendre une vie normale.

Valérie Tong Cuong n’oublie jamais non plus d’ancrer son histoire dans un contexte politique et social très actuel. Elle nous parle du très intime tout en interrogeant le lecteur sur le monde qui l’entoure. Et tout ça écrit avec sa plume directe et incisive.

Le Livre de Poche

« Dust » de Sonja Delzongle

Hanah Baxter est une profileuse. Française installée à New-York, elle traque les serial killers du monde entier.

Un vieil ami à elle, Collins, la contacte pour qu’elle vienne les aider sur une enquête inquiétante. Elle part donc pour le Kenya où depuis deux ans, la police découvre des scènes de crime sur lesquelles est répandue une grande quantité de sang humain mais sans cadavre.

A cette enquête s’ajoute celle sur le trafic d’albinos qui sévit dans la région. Les albinos étant considérés autant comme signe du diable que comme bénéfiques à la création de fétiches par les sorciers. Une jeune femme albinos vient d’ailleurs de se faire massacrer en pleine rue, son assassin n’en voulant qu’à sa tête et son bras restant.

Hanah va se plonger dans ces deux enquêtes qui vont lui révéler la noirceur de l’âme humaine.

Le précédent livre de Sonja Delzongle que j’ai lu se passait au Groenland, dans des paysages blancs immaculés. « Dust » se déroule au Kenya, la chaleur et la poussière du pays transparaissent dans le livre. L’auteure est vraiment douée pour immerger le lecteur dans l’univers qu’elle a créé. On est tout de suite oppressé par le climat comme peut l’être Hanah.

Les sujets évoqués ici sont terrifiants. Le massacre des africains albinos, la récupération de leurs membres à des fins pseudo-médicales font froid dans le dos. Je connaissais déjà le sujet mais on a du mal, occidentaux, à se rendre compte de ce qu’il se passe en Afrique.

Les meurtres sont traités de manière crue, sans fioriture, le lecteur ne sera pas épargné. La violence est monnaie courante au Kenya, on n’y échappe donc pas.

Comme à son habitude (peut-être est-ce dû à son passé de journaliste), Sonja Delzongle, en plus d’écrire un très bon thriller, interpelle le lecteur sur un sujet de société.

A ne pas manquer si on veut passer un bon moment et s’interroger sur ce qu’il se passe dans d’autres parties du monde.

Édition Folio.