Aujourd’hui je vous parle de “Sœur” de Abel Quentin.
Jenny Marchand a 17 ans et le mal-être chevillé au corps. Elle est introvertie, n’a pas d’amis, ne se retrouve pas dans cette famille provinciale où il ne se passe pas grand-chose. Jusqu’à sa rencontre avec Dounia, une jeune musulmane qui lui accorde l’intérêt qu’elle n’a jamais trouvé auprès des siens.
Abel Quentin réussit à dépeindre la dérive adolescente de manière magistrale. On entre totalement dans la tête de cette jeune fille qui est tellement désespérée que l’idée d’un sacrifice semble la seule issue pour elle. L’auteur montre les rouages de l’endoctrinement qui parait si facile avec un esprit si perturbé. Enfin Jenny entend les mots qu’elle souhaitait entendre, enfin on lui offre de la considération. Il ne s’agit pas là de démontrer comment la radicalisation s’opère, Jenny n’est pas croyante à la base mais plutôt comment un esprit faible peut être facilement corrompu.
La mise en place du récit est très efficace, on sent la tension qui monte au fur et à mesure et même si la fin semble inéluctable, on se surprend à espérer qu’elle soit différente. L’histoire se déroule pendant une campagne présidentielle, difficile de ne pas penser à ce qu’il se passe en ce moment. Difficile aussi de ne pas faire le rapprochement avec ce qu’on peut lire dans les journaux sur des adolescents qui décident de partir faire une guerre qui n’est pas la leur.
Bref un roman qui se lit comme en apnée où on peut recommencer à respirer une fois le livre refermé.