« Boréal » de Sonja Delzongle

Une équipe de scientifiques s’installe dans une base au Groenland afin d’y mener une mission de reconnaissance. Lors d’une expédition sur l’Inlandsis, ils découvrent des centaines de bœufs musqués pris dans la glace, un air de terreur dans leurs yeux.

Le responsable de la mission décide de faire venir Luv Svendsen, spécialiste des grands mouvements animaliers et qui recense les espèces en voie de disparition. Ceci lui fait une distraction, elle a été victime d’une tentative d’assassinat et sa fille ainée vient d’avoir un grave accident de moto.

Mais dès le lendemain de son arrivée sur la base, un des membres de l’équipe disparait.

Sonja Delzongle tient la gageure de mener une histoire haletante dans un univers de neige et de glace. On a le sentiment que les personnages sont dans un espace illimité et clos en même temps. Cela donne une ambiance oppressante qui va bien avec la noirceur des évènements. Sonja Delzongle va au bout de l’horreur dont sont capables les hommes.

Les personnages sont tous complexes et engagés dans leur cause. « Boréal » est un thriller très efficace mais il y a un sous-texte hyper intéressant sur l’écologie et la responsabilité des hommes sur le réchauffement climatique. Je ne vous cache pas que tout ça n’est pas très optimiste mais cela donne encore plus de matière à cette histoire qui n’en manque déjà pas.

Une très belle découverte!

Édition Folio

« Dans la toile » de Vincent Hauuy

Isabel Gros, critique d’art, vient de vivre un terrible cauchemar. Survivante d’une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Elle subit de lourdes séquelles, troubles de la mémoire, syndrome post-traumatique. Son mari, médecin, qui s’occupe d’elle, décide de l’emmener dans un chalet isolé dans les Vosges afin qu’elle se sente mieux loin du monde.

Mais la vie dans le chalet n’est pas de tout repos. Elle a des crises de somnambulisme, des trous noirs et son mari lui cache des choses.

Vincent Hauuy distille une atmosphère oppressante tout au long du roman. Huis clos un tantinet inquiétant où la paranoïa se mêle à l’irrationnel. Le lecteur ne sait pas si Isabel est dérangée ou si vraiment il se passe des choses bizarres autour d’elle.

L’auteur est très habile et surprend constamment le lecteur, on croit comprendre ce qu’il se passe mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’on pourrait le croire.

Voilà un thriller psychologique des plus efficaces.

Édition Le Livre de Poche

« Octobre » de Søren Sveistrup

Une jeune femme est retrouvée dans une aire de jeux pour enfants. Son corps mis en scène est amputé d’une main, un petit bonhomme fabriqué en marrons accroché au-dessus d’elle. L’enquête est confiée à Naia Thulin, qui pense à son prochain départ de l’équipe, et à Mark Hess, transfuge de Europol. Très vite une deuxième femme est assassinée avec la même mise en scène. On découvre que les empreintes d’une petite fille disparue depuis un an apparaissent sur les marrons.

Je n’en dis pas plus car il faut vraiment découvrir ce thriller sans en savoir trop. Je ne connaissais pas moi-même l’histoire, je m’étais laissée guider par toutes les bonnes critiques que j’avais vu passer. Et je l’ai dévoré.

Tout est bien fait dans cette histoire. Le prologue qui intrigue, les scènes de crime macabres, les personnages de policiers tout en failles et questionnements, l’ambiance tendue et le dénouement inattendu. Une maîtrise du suspense qui tient tout le long, des petits rebondissements qui nous font croire qu’on a compris qui était le meurtrier.

Je me suis laissée totalement embarquer par ce premier roman. Søren Sveistrup est le scénariste de la série « The Killing », on sent la technique du raconteur d’histoires.

Bref très efficace et addictif, tout ce qu’on attend d’un bon thriller.

Édition Le Livre de Poche

« Qaanaaq » de Mo Malø

Qaanaaq Adriensen est envoyé au Groenland pour une enquête. Adopté à l’âge de trois ans, il n’est jamais revenu sur sa terre natale. Il y va de mauvaise grâce, habitué à mener ses enquêtes à Copenhague.

Trois ouvriers d’une plateforme pétrolière ont été retrouvés sauvagement assassinés. Tout laisse penser qu’ils auraient été attaqués par un ours. Épaulé par l’inspecteur Apputiku, il va devoir conduire ses investigations malgré l’ambiance haineuse envers les danois et la responsable locale qui ne voit pas son arrivée d’un bon œil.

Enfin je peux dire que j’ai lu un roman policier de Mo Malø. Encensé sur les réseaux sociaux pour son dernier opus, il me semblait plus juste de commencer par le premier afin de découvrir les prémices de son personnage principal, Qaanaaq.

Loin d’être déçue j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans ce genre de romans scandinaves. Une ambiance hors du commun dans des contrées hostiles, des personnages brut de décoffrage qui vivent selon des coutumes ancestrales et bien sûr une enquête passionnante.

On fait connaissance avec Qaanaaq, inspecteur danois intuitif et droit dans ses bottes. Il part au Groenland pour résoudre des meurtres mais aussi pour découvrir une partie de son passé. Mo Malø mêle les deux trames avec brio.

Idéal pour les fans (comme moi) des auteurs nordiques.

Édition Points

« Seul le silence » de R.J.Ellory

Au fin fond de la Géorgie, Joseph, douze ans, vit seul avec sa mère, son père étant récemment décédé. Près de chez eux des fillettes sont sauvagement assassinées après avoir été violées. Cela dure depuis quelques mois, Joseph découvre même une des victimes aux abords de sa maison. Cet évènement va le marquer à jamais. Et même alors qu’il aura quitté la région pour s’installer à New-York, cette histoire va le rattraper, les meurtres n’ont jamais cessé.

Premier roman de R.J.Ellory édité en France, « Seul le silence » marque le début d’un auteur important, qui a son univers à lui et sa façon propre de raconter des histoires.

« Seul le silence » est un roman prenant, intense. Ellory nous compte l’histoire de Joseph, un homme aux prises avec les démons de son enfance, hanté par les meurtres barbares de petites filles qu’il connaissait. Exceptionnellement doué pour l’écriture, il va s’en servir pour exorciser tout ça. Accablé par les évènements tragiques qui traversent sa vie, il n’aura de cesse de trouver l’assassin.

Un roman dense et poignant. On suit ce personnage de son enfance à son âge adulte et on est en totale empathie avec lui. Comment peut-on vivre en endurant tant de souffrance? Un roman noir avec en filigrane ces meurtres commis par un esprit complètement dérangé.

Je ne peux que vous le recommander.

Édition Le Livre de Poche

« La vallée » de Bernard Minier

Lire un roman de Bernard Minier mettant en scène son personnage fétiche Martin Servaz, c’est comme retrouver un membre de la famille. Dans le dernier opus, « Sœurs » on l’a laissé en piteux état et on a envie de prendre de ses nouvelles.

Martin Servaz se remet donc doucement des derniers évènements, l’opération de son fils s’est bien passé mais il est sur le coup d’une mise à pied suite à sa dernière enquête, il a été rétrogradé et ne doit plus rentrer en contact avec ses collègues. Un coup de fil va perturber ce semblant d’équilibre. Marianne, son ancienne compagne, disparue depuis 8 ans, l’appelle à l’aide du fin fond des Pyrénées.

Voilà notre héros qui se précipite dans la vallée où le téléphone de Marianne a borné. Il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Deux meurtres particulièrement atroces viennent justement d’y être commis. De manière informelle, il va épauler son ancienne collègue Irène Ziegler qui est sur l’enquête.

J’ai dévoré ce nouveau thriller de Bernard Minier. Plus de cinq cents pages qui se lisent facilement car l’auteur a le don de nous mener là où il a envie. Difficile pour le lecteur de ne pas vouloir connaître la suite. Il y a de la tension, du suspense, des personnages ambigus et un environnement, la montagne, qui est lui-même un personnage à part entière. « La vallée » est un huis clos gigantesque où le mal sévit, lieu de mises en scène macabres.

En le refermant il nous tarde juste de savoir quelle sera la prochaine épreuve de Martin Servaz!

XO Éditions

« Le jour des cendres » de Jean-Christophe Grangé

Au sein d’une communauté anabaptiste appelée « Les Émissaires », un meurtre a été commis. Le chef de ce groupe isolé au cœur de l’Alsace est mort enseveli sous les voutes de la chapelle en rénovation. Si l’accident est dans un premier temps évoqué, essentiellement par les adeptes de la communauté, Niémans est appelé pour éclaircir les choses.

Sa coéquipière Ivana est déjà là sous couverture. Elle a été engagée pour faire les vendanges, le seul moment de l’année où des étrangers sont autorisés à entrer sur les terres des Émissaires.

Dans cette communauté religieuse où la non-violence et l’innocence sont élevées comme des étendards, qui a bien pu commettre l’irréparable? Les membres de cette secte sont-ils tous si inoffensifs ?

Jean-Christophe Grangé continue sur sa lancée de « noveliser » un épisode de la série « Les Rivières Pourpres » diffusée sur France Télévisions. Personnellement je n’ai pas regardé la série donc pour moi, c’était de l’inédit! On retrouve donc avec plaisir le commandant Niémans, toujours aussi bourru et limite misogyne, et sa collègue Ivana, à fleur de peau.

Grangé nous immerge dans un monde clos, celui d’une communauté religieuse aux principes ancestraux. L’ambiance y est assez pesante, les gens mutiques. La région alsacienne et l’époque des vendanges rajoutent de la densité à cette atmosphère déjà lourde.

Jean-Christophe Grangé délaisse les scènes d’hyper violence auxquelles il nous a habitué pour nous offrir un thriller qui joue plus sur le suspense et une tension latente.

Un roman court et efficace

« L’empathie » de Antoine Renand

« Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte »

Cette phrase d’accroche en forme de teaser n’est pas anodine. En effet, Alpha est un prédateur sexuel hyper violent, il escalade les murs des immeubles et s’immisce chez des couples qu’il a croisé auparavant, par hasard. Il prend plaisir à frapper l’homme, tout en le gardant éveillé afin qu’il assiste au viol de sa femme. Ultra violent et ultra méthodique.

Anthony Rauch, alias la Poire, est sur l’enquête qui vise à mettre fin aux agissements du « lézard ». Capitaine de police dans une brigade spécialisée dans les crimes sexuels, on comprend vite qu’il a lui-même pas mal de choses à cacher.

Pour un premier roman Antoine Renand frappe fort. Il maitrise son sujet, très dur au demeurant. Il pousse la prouesse à créer des personnages très complexes. On rentre dans la psyché de chaque personnage, ils ont tous un passé douloureux et un sacré bagage à porter.

L’écriture est directe, les choses sont dites, même les plus crues. Les scènes de viol sont particulièrement dures. Âme sensible s’abstenir. Grâce à la construction originale de son thriller et des digressions qui forment finalement un tout, Antoine Renand tient le lecteur du début à la fin. C’est oppressant et dérangeant avec un sentiment d’urgence tout le long de l’histoire.

Voilà un auteur qui rentre par la grande porte dans le monde du thriller.

Édition Pocket

« Cauchemar » de Paul Cleave

A Acacia Pines, une petite fille a disparu. Noah, un des flics chargés de l’enquête, arrête un suspect et le torture afin de lui faire avouer l’endroit où l’enfant est séquestré. Une fois l’info obtenue il se précipite là-bas et délivre la fillette. Mais ses actes ne vont pas restés impunis d’autant que le suspect présumé n’est autre que le fils du shérif.

Noah quitte la ville et refait sa vie loin de là. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais douze ans plus tard son ex-femme l’appelle. Alyssa, la petite fille devenue jeune femme, a de nouveau disparu.

Paul Cleave nous a habitué à des thrillers tendus et très souvent assez tordus. On le retrouve ici au mieux de sa plume. Une histoire cauchemardesque où la violence est omniprésente. L’auteur nous a aussi habitué aux anti-héros, par exemple en prenant un serial killer comme narrateur. Dans « Cauchemar », Noah n’est pas le héros parfait, il a même beaucoup de failles et n’hésite pas à déborder du cadre pour arriver à ses fins. C’est intéressant de ne pas avoir affaire à un personnage lisse. On ne sait donc plus si on doit éprouver de l’empathie pour lui.

Paul Cleave est déroutant, il se joue de son lecteur et s’amuse à le perturber. Il rythme son récit de manière intense et l’action ne faiblit jamais. A l’instar de son personnage on respire très peu tout du long.

Vous l’aurez compris j’ai plutôt aimé ce nouveau thriller de Cleave et si vous avez envie d’une histoire vitaminée et riche en rebondissements, je ne peux que vous conseiller de le lire!

Sonatine Édition

« Le jour où Kennedy n’est pas mort » de R.J.Ellory

Il y a des auteurs que l’on suit depuis longtemps, qui nous ont bousculé et retourné, et qui ne nous déçoivent jamais. Ellory est de ceux-là. Peu importe le sujet traité le lecteur sait qu’il va lire un grand livre.

Le 22 Novembre 1963, Kennedy ne sera pas assassiné par Lee Harvey Oswald. En 1964 il se lance dans la course à la réélection. Campagne menée essentiellement par son frère Bobby qui doit à tout prix cacher les tromperies et les problèmes de santé de Jack.

Dans le même temps, Mitch, photojournaliste, apprend que son amour de jeunesse, Jean, s’est suicidée. Malgré les nombreuses années sans se parler, il a du mal à croire qu’elle ait pu faire ce geste. Elle était une journaliste tenace et ne lâchait prise qu’une fois son article bouclé. Mitch commence à enquêter de son côté. Il comprend vite qu’elle était sur une histoire sulfureuse.

Ellory s’essaie à l’uchronie et ça marche. Et si Kennedy n’avait pas été assassiné ce jour de 1963? Kennedy qui reste un des sujets préférés de nombreux écrivains, notamment Stephen King et son « 22-11-63 ». L’auteur imagine cet espace temps parallèle en se fondant sur des rumeurs réelles de l’époque. Il nous fait rentrer dans les arcanes de la politique américaine des années 60 où se mêlent abus de pouvoir, sexe et malversations.

Un récit mené tambour battant comme R.J.Ellory sait si bien le faire. C’est rythmé, angoissant, stressant. Le personnage de Mitch joue un véritable contre la montre, il n’a que peu de temps pour pouvoir démêler les fils de cette histoire ce qui crée ce sentiment d’urgence.

Les gens de pouvoir ont-ils toute impunité? C’est un peu ce dont il est question dans ce thriller. A ne pas manquer!

Édition Sonatine