Vous avez envie de lire un bon polar?
Vous aimez les histoires de serial killer?
Voici ma potion:
La nuit de la Saint-Jean, trois jeunes gens qui faisaient la fête disparaissent. Suite à l’inquiétude grandissante de la mère de l’un deux, l’inspecteur Wallander se demande s’il doit ouvrir une enquête ou pas.
Parallèlement, un de ses plus anciens coéquipiers Svedberg, est retrouvé assassiné chez lui.
Les corps des jeunes sont enfin retrouvés, mais dans un piteux état.
Wallander va mener de front les deux enquêtes qui pourraient bien être liées entre elles.
On retrouve ici (pour ceux qui connaissent) le personnage de l’inspecteur Wallander. Ce n’est effectivement pas sa première enquête et il est dans ce roman un peu au bout du rouleau, désabusé du monde qui l’entoure et de l’état de la Suède actuelle.
Mankell, tout en finesse, à la scandinave, installe son histoire et nous entraine dans une angoisse croissante. L’enquête menée par ce policier désenchanté est passionnante. Comme toujours chez Mankell, le méchant est particulièrement pervers. Si celui-ci vous a plu, n’hésitez pas à lire toute la série!
Vous aimez les romans distrayants?
Vous avez aimé « le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire »?
Voici ma potion:
En Afrique du Sud dans un des bidonvilles les plus grands de Soweto vit Nombeko Mayeki. Elle est à peine âgée de quinze ans et travaille pour quasiment rien dans des conditions déplorables. Pourtant le destin va lui jouer des tours.
Nombeko a un don, elle a beau être analphabète comme tous les enfants du ghetto, elle est douée pour les chiffres et est extrêmement intelligente.
Ses facultés vont la conduire à travailler (comme esclave) pour le ministre en charge de l’armement nucléaire de l’Afrique du Sud, et à ramener une bombe en Suède où elle va élire domicile.
Le but de Nombeko est juste de s’en sortir dans la vie et bien malgré elle, elle va se retrouver embarquée dans des aventures hallucinantes. Comment se retrouve-t-elle dans un fourgon avec le roi de Suède, le premier ministre et une bombe atomique de trois mégatonnes, à vous de le découvrir!
Encore une fois Jonas Jonasson nous entraîne dans une histoire abracadabrante remplie de situations incongrues. Et on y croit! Les personnages sont attachants ou drôles (malgré eux) ou les deux. L’auteur nous offre une palette de personnages secondaires des plus hétéroclites, des jumeaux dont un seul existe vraiment, des sœurs chinoises douées dans l’empoisonnement de chiens ou encore un roi de Suède extravagant.
L’histoire se déroule sur plusieurs dizaines d’années et même si on pourrait trouver des incohérences le lecteur marche, court éventuellement.
Vous aimeriez changer le passé?
Vous aimez l’imaginaire de Stephen King?
Voici ma potion:
De nos jours, Jake Epping, professeur de littérature dans l’État du Maine, est chargé par son ami Al d’une bien étrange mission.
Al tient une petite gargote en face du lycée où Jake a ses habitudes. Un jour, celui-ci lui demande de venir chez lui expressément. Il lui fait part d’une découverte ahurissante. Au fond de son restaurant, Al a trouvé un passage vers le passé. Une sorte de faille temporelle qui l’amène à chaque fois le même jour de 1958. Après plusieurs allers-retours, il s’est rendu compte qu’il pouvait influer sur le présent. Mais pas sans contre-partie, il est en train de mourir d’un cancer, ses passages dans le passé l’ayant vieilli prématurément. Se sachant mourant, il souhaite que Jake se rende en 1958 pour accomplir sa mission, sauver Kennedy.
Jake, sous une fausse identité, va donc partir pour le passé afin de mener à bien la folle idée de son ami.
Peut-on changer le passé sans conséquence? Un homme a-t-il le pouvoir d’influer sur des évènements mondiaux? Toute la question est là.
Stephen King nous embarque totalement dans cette histoire hallucinante où sont traités tous ses thèmes de prédilection. On frémit d’un bout à l’autre du roman. Le héros prend son temps car il doit attendre cinq ans avant le jour fatidique mais il s’avère très rapidement qu’on ne vient pas déranger le passé impunément et Jake aura à affronter pas mal de désagréments.
Une grande fresque américaine teintée de retour vers le futur.
Vous aimez les romans policiers à l’ancienne ?
Vous aimez Jk Rowling ?
Voici ma potion :
Une nuit, à Londres, un célèbre mannequin Lula Landry, est retrouvée morte. Elle serait tombée de sa fenêtre. La police conclut à un suicide.
Mais son demi-frère, John Bristow, n’y croit pas du tout. Il souhaite alors confier l’affaire à Cormoran Strike. Strike est un ancien militaire, revenu avec une jambe en moins de la guerre, et qui s’est reconverti en détective privé.
Ayant terriblement besoin d’argent, il accepte l’affaire sans grand espoir de résultat. Pourtant, petit à petit, aidé de Robin, sa secrétaire intérimaire, il va mettre à jour des dysfonctionnements dans l’enquête de police. Il va louvoyer dans le milieu de la mode et des avocats londoniens afin de tirer les choses au clair.
Qui est ce fameux Roger Galbraith, auteur complètement inconnu ? Il s’agit en fait de JK Rowling qui a décidé de publier ce polar sous pseudo. Après le décevant « Une place à prendre » on ne pouvait qu’espérer mieux. Et le fait est que Rowling nous offre un savoureux roman policier. Comme si, sous alias, elle avait pu donner libre cours à son talent.
Rowling nous propose une belle galerie de personnages, bien étayés comme elle savait si bien le faire dans Harry Potter.
Le personnage central du détective, Strike, est magnifique. Une jambe en moins, de l’embonpoint, une vie conjugale désastreuse, il est atypique et attachant.
L’appel du coucou est un parfait polar à l’anglaise, le personnage de détective perturbé mais néanmoins très compétent, la secrétaire, experte en net, secondant son patron de manière efficace et la victime, belle, intelligente mais avec des fêlures.
Je ne vous dis pas que c’est le polar de l’année mais vous passerez tout de même un excellent moment.
Vous aimez avoir peur? Vous avez envie de frissons?
Vous aimez Stephen King?
Voici ma potion:
Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’était devenu le petit Danny de Shining? Et bien Stephen King l’a fait pour nous.
Après le passage à l’Overlook Hotel, tout ne fût pas facile pour Dan. Il est encore harcelé par ses visions mais Dick Halloran (le cuisinier de l’Overlook) lui donne les clés pour s’en défaire. En vieillissant, Dan se met à boire pour atténuer les effets de son pouvoir. On le retrouve, au moment du roman, la trentaine bien tassée, célibataire et alcoolique. Il n’a pas fait grand chose de sa vie, sa mère est morte d’un cancer quelques années plus tôt. Il travaille de temps en temps dans les hôpitaux et aide les mourants à partir.
Arrive la soirée de trop, avec un réveil chez une fille dont il ne se souvient pas. Il décide de changer de coin et pose ses valises, par intuition, à Frazier. Là, son destin va prendre une nouvelle tournure, il va faire des rencontres qui vont l’emmener à arrêter de boire.
Alors qu’il s’installe à Frazier, une petite fille, Abra, nait dans la ville voisine. Petite fille qui va très vite monter des aptitudes extraordinaires, de quoi effrayer ses parents. Elle rentre en contact très vite avec Dan et ce contact se maintiendra de manière discontinue pendant dix ans.
Parallèlement le lecteur suit les aléas d’un groupe se faisant appeler le Noeud Vrai. Personnes humaines ou pas (on ne sait pas vraiment), elles se nourrissent de l’essence d’enfants ayant le don. Ils vont bien évidemment s’intéresser à Abra qui trouvera de l’aide en Dan.
Docteur Sleep commence doucement, lentement, le temps de poser les nombreux personnages et l’ambiance. On se demande où Stephen King veut en venir et puis soudain on est happé. Il nous a harponné sans même que l’on s’en rende compte.
L’histoire se précipite, les évènements s’enchaînent et le lecteur ne peut plus lâcher le livre.
Stephen King réussit une très belle suite à Shining dans un style relativement différent. Nous ne sommes plus dans un huis clos angoissant et terrorisant, au contraire ici nous avons une foule de personnages et de décors différents. Il n’est plus question d’horreur à proprement parler malgré certains passages. Docteur Sleep est plus une quête de rédemption et surtout un livre sur l’addiction à l’alcool. Comment Danny vit son alcoolisme et la souffrance que cela inflige.
Vous suivez l’actualité, vous n’avez donc pas pu passer à côté de la remise du prix Goncourt décerné aujourd’hui.
Et c’est Pierre Lemaitre et son « Au revoir là-haut » qui l’emporte ! Mais oui souvenez-vous, je vous en donnais un avant-goût dans la potion que vous retrouverez ICI
Vous avez envie d’un bon road-movie, d’une course poursuite angoissante?
Vous aimez Robert Crais et James Ellroy ?
Voici ma potion :
L’histoire se passe au Texas en 1960. Elliot aka Digger et Clarence aka Clay, demi-frères, sont en maison de correction.
Leur début dans la vie n’a pas été facile. Deux pères différents, le deuxième, celui de Clay a assassiné leur mère avant de se faire descendre suite à un braquage foireux. Les deux enfants enchaînent alors les maisons de correction et celles de redressement où ils subissent sévices et réprimandes, de quoi forger un bon caractère.
Ils sont persuadés d’être nés sous une mauvaise étoile.
Mais voilà qu’un jour, un dangereux psychopathe, Earl Sheridan croise leur chemin. Arrêté peu de temps auparavant, condamné à la peine de mort, il est emmené dans leur maison de correction afin d’y passer la nuit. Celui-ci réussit à s’échapper en prenant les deux adolescents comme otage.
La rencontre avec Earl va servir de déclencheur chez Digger. Il va se reconnaître en lui, cela va révéler ses tendances meurtrières et psychopathes.
Suite à un braquage qui tourne mal, Earl est abattu par la police. Avant de mourir, il dénonce Clay comme l’instigateur de ses derniers meurtres et l’assassin de Digger. La police et le FBI se mettent alors à sa poursuite.
Les deux frères vont suivre, séparément, la même route. Digger semant les cadavres derrière lui, et Clay, accompagné de Bailey (fille d’une des victimes de Digger) tentant de rejoindre Eldorado, une ville chargée de promesse.
Roman de chasse, que ce soit la chasse des policiers s’acharnant à retrouver Clay, plutôt mort que vif, et la chasse de Digger cherchant sa prochaine proie, et faisant montre d’actes de plus en plus cruels et violents.
L’intrigue est endiablée et va crescendo.
Ellory ne mâche pas son plaisir à nous faire partager la violence de ses personnages. On se demande jusqu’où cela va aller. Le lecteur est confronté à des actes barbares d’une rare violence.
Il nous happe littéralement dans son univers. On est effrayé par Digger et on espère que Clay et Bailey vont s’en sortir.
C’est un roman foisonnant de personnages secondaires, parfaitement étayés comme Ellory sait le faire, mais qui comptent énormément dans le récit.
Vous avez envie de comédie et d’une histoire abracadabrante ?
Vous aimez Paasilinna ou Jonas Jonasson ?
Voici ma potion :
Ajatashatru Lavash Patel est un fakir. Il a réussi à extorquer de l’argent aux habitants de son village du Rajasthan afin de se rendre à Paris pour acheter un lit à clous chez Ikéa, article en promo actuellement. Un aller-retour était prévu à la base, malheureusement son voyage va se transformer en périple à travers toute l’Europe. Affublé d’un vieux costume loué pour l’occasion et porteur d’un faux billet de cent euros (imprimé que d’un côté), l’indien enturbanné va traverser successivement la France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la Libye. Il va bien sûr faire des rencontres pendant son voyage, certaines amicales, d’autres moins.
Comment Ajatashatru se retrouve coincé dans une armoire Ikéa est dévoilé des les premiers chapitres mais je vous laisse le découvrir.
Notre fakir est avant tout un escroc. Il arnaque tout le monde depuis des années, faisant semblant de ne manger que des clous et des vis alors qu’il ne peut passer deux heures sans se sustenter, faisant croire qu’il dort sur un lit à clous alors qu’il aime le confort douillet d’un bon matelas. En arrivant à Paris, c’est d’ailleurs une de ses arnaques qui va déclencher une bonne partie de ses péripéties. Escroquer un chauffeur de taxi gitan de cent euros était vraiment une mauvaise idée. Celui-ci va se mettre dans la tête de retrouver notre indien à tout prix.
Bien évidemment ses différentes rencontres vont le changer, Ajatashatru se retrouve confronté à la vraie vie si on peut dire. Il va côtoyer des clandestins, apprendre comment des hommes se retrouvent obligés de quitter leur famille pour tenter leur chance ailleurs. Il rencontrera même l’amour.
Romain Puertolas nous propose un vrai conte moderne, parsemé d’humour et de bons sentiments.
Au départ nous avons un personnage égoïste, qui au gré de ses pérégrinations va s’ouvrir aux autres, découvrir qu’on peut être heureux en faisant le bien. Le fakir va même se découvrir des talents d’écrivain.
Un personnage loufoque pour des situations loufoques, le lecteur passe un très agréable moment. Voilà un roman burlesque s’il en est !
Vous aimez les histoires de vieux fantômes, les romans nostalgiques?
Vous aimez Jean-Philippe Blondel ou Philippe Delerm?
Voici ma potion:
Aurélien Delamare est un écrivain modestement célèbre, il a écrit six romans dont le dernier vient de sortir. Alors qu’il devrait en commencer la promo, son frère ainé lui demande d’aller dans la maison familiale de Normandie. Leurs parents ont décidé de la mettre en vente après avoir migré dans le sud, quelqu’un doit aller sur place pour régler les papiers avec l’agence immobilière.Aurélien ne doit y rester que deux jours maximum, très peu motivé pour s’acquitter de cette tâche. Son séjour va finalement s’allonger.
En revenant dans la maison de son enfance, ce sont plein de vieux souvenirs qui vont se rappeler à lui, que ce soit sa relation tendue de domination qu’a toujours exercé son frère ainé sur lui, ou bien la relation qu’il entretenait avec son ami Benoit, ami qui lui a servi de personnage à son premier roman.
Aurélien est célibataire, il ne s’est jamais vraiment remis de sa rupture avec Junon. Celle-ci désirait plus que tout un enfant mais lui n’en voulait pas. Elle a fini par en faire un sans lui mais qu’il considère presque comme sa fille.
Arnaud Cathrine dépeint le portrait d’un homme trentenaire qui est resté adolescent dans sa tête, toujours enfermé dans ses vieux démons familiaux. Le personnage est décrit tout en délicatesse, Aurélien est attachant, perdu dans ses hésitations. Un homme en errance entre son passé, son présent et son futur. Aurélien, c’est un peu nous, c’est un peu tout le monde.
Un livre mélancolique sur les blessures du passé, sur la difficulté du passage à l’âge adulte. Aurélien ne retrouve personne mais il nous tarde de retrouver Arnaud Cathrine pour un prochain roman.
Vous aimez l’idée de revanche et les histoires de crapule?
Vous aimez Marc Dugain ou Jean Echenoz?
Voici ma potion:
Deux rescapés de la guerre de 14 vont s’allier pour monter une grosse escroquerie basée sur le sentiment patriotique.
Albert Maillard et Edouard Péricourt sont littéralement des rescapés. Alors que tout les oppose, à commencer par le niveau social (Albert vient du milieu ouvrier, Edouard est fils d’un industriel plein aux as) la guerre va les lier à jamais. Edouard sauve la vie d’Albert lorsque celui-ci était en train de mourir étouffé sous un amas de terre. Mais en lui sauvant la vie, Edouard va se retrouver défigurer suite à l’explosion d’un obus. Il devient une véritable gueule cassée. Albert fait alors tout pour que son sauveur survive.
A la démobilisation une nouvelle vie commence. Edouard ne souhaite pas retourner chez lui, il est méconnaissable, n’a plus de figure, de mâchoire et ne peut plus parler. Il demande à Albert de lui trouver une nouvelle identité. Ils vont le faire passer pour mort auprès de sa famille.
Un nouveau combat pour la survie débute. Les anciens poilus sont considérés comme les rebuts de la société. Albert subvient aux besoins du duo par de petits boulots, surtout qu’Edouard est devenu accro à la morphine. Ce dernier, excessivement doué en dessin, décide de monter une arnaque. Ils vont vendre des monuments aux morts aux communes, demander une avance et s’enfuir avec le pactole. Albert d’abord réticent se laisse entrainer dans l’affaire.
En parallèle, le lecteur suit Henri d’Aulnay-Pradelle, capitaine de nos deux personnages pendant la guerre, un être sans scrupule qui a de l’ambition à revendre, prêt à tout pour réussir. Il épouse la sœur d’Edouard pour s’établir dans les beaux milieux de Paris et se servir du nom de son beau-père comme faire-valoir. Il se lance, lui-aussi, dans une arnaque qui n’en a pas le nom, mettre en place des cimetières d’anciens combattants pour que les familles puissent se recueillir. Mais étant un personnage sans état d’âme, il va monnayer le prix des cercueils (moins chers), quitte à mélanger les soldats et ne pas savoir qui est enterré (après tout les parents ne vont pas regarder dedans). Tout ça à ses risques et périls.
Pierre Lemaître nous tient en haleine du début à la fin. Il nous offre un roman passionnant sur une période noire de notre histoire. On découvre tout le trafic qui a pu être fait suite à la guerre, comment des hommes se sont enrichis grâce au chagrin, comment les soldats qui ont combattus pour la France se sont retrouvés sans rien, à la rue.
Albert et Edouard veulent une revanche sur la vie. Ce qu’ils ont donné en combattant personne ne leur rendra.
Une véritable fresque historique, un roman noir très cynique. On sent bien que l’auteur vient du polar, il sait distiller la tension quand il faut avec une écriture et un style très efficace.
Ne vous arrêtez pas au sujet de l’après-guerre si vous n’êtes pas féru d’histoire, c’est avant tout un magnifique roman.