Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre

Aujourd’hui je vous parle du premier polar écrit par Pierre Lemaitre et qui n’avait jamais été publié.

Nous allons suivre une tueuse à gage plutôt originale. Mathilde a la soixantaine bien sonnée, de l’embonpoint et sans doute un début d’Alzheimer. Alors qu’elle devrait se séparer des armes à chaque opération, Mathilde les ramène chez elle sans se rappeler de comment ni pourquoi elle les a utilisés. Evidemment à un moment ça dérape et son chef, le Commandant, commence à se poser des questions sur l’efficacité de la tueuse.

Pierre Lemaitre annonce en préambule que ce roman marque ses adieux au genre polar. La réédition de son premier roman noir sera aussi son dernier. Vu le plaisir que l’on prend à lire ce récit réjouissant et décalé, on peut se demander si ce n’est pas dommage que ce soit le dernier. L’auteur nous offre un roman noir caustique avec une héroïne loufoque et dérangée que rien ne peut arrêter.

Souvent les morts sont absurdes, fantaisistes et aucun personnage n’est à l’abri d’une balle perdue. C’est drôle, ça fait grincer les dents, c’est délirant mais surtout ça fait du bien de lire un polar dont la seule ambition est de distraire et faire sourire. Dans la veine des films noirs dialogués par Audiard.

Merci pour ce dernier roman noir Mr Lemaitre.

After de Stephen King

Ceux qui me connaissent un peu savent mon attachement à Stephen King. Je crois que c’est avec lui que j’ai eu mes premiers frissons, avec lui que j’ai compris que la littérature pouvait aussi procurer ce genre de sentiments, la trouille littéralement. Je suis toujours restée fidèle même si quelques fois le King a pu me décevoir, mais après tout qui peut se vanter d’être toujours au top ?

Ici on est sur un opus un peu faible, il est relativement court et l’histoire peut se résumer en une phrase.

Jamie voit des morts et ce “pouvoir” va lui causer quelques ennuis.

Même si à plusieurs reprises, le narrateur nous dit “ceci est une histoire d’épouvante, je vous avais prévenu”, je dois avouer que je n’ai rien lu qui soit effrayant, loin de là.

Un roman de Stephen King qui ne fait pas du tout flipper, c’est décevant, on attend toujours le moment où il va nous surprendre. Ici point de surprise.

Allez, vivement le suivant !!

« Rédemption » de Matt Lennox

Leland King revient dans sa ville natale de l’Ontario après avoir passé dix-sept ans en prison. Sa mère est en train de mourir d’un cancer, sa sœur s’est mariée à un pasteur limite extrémiste et son neveu Pete essaie de s’en sortir après avoir quitté l’école. On ne sait pas tout de suite ce que Leland a fait mais son retour n’est pas apprécié par les gens du patelin. L’accueil est très froid notamment des autorités et de Stan Maitland, ancien flic à la retraite.


Un superbe roman à l’américaine dans la veine d’un Joseph Boyden ou Richard Russo. Matt Lennox, dont “Rédemption” est le premier roman, montre un talent certain pour les mots. Il décrit à merveille l’ambiance de cette petite ville où la religion a une grande place. Tout est extrêmement bien écrit, les personnages sont authentiques et les sentiments qui les traversent sont très forts.

Une sorte de fresque social où le sens moral, le respect de la famille sont primordiaux. Va-t-il être possible à Leland d’atteindre la rédemption ?


Je vous laisse lire ce beau roman pour le savoir!

Edition Albin Michel ou Le Livre de Poche

« L’illusion » de Maxime Chattam

Val Quarios est une petite station de ski familiale qui ferme ses portes tous les étés. Quelques saisonniers restent sur place afin de s’occuper de la station et faire les réparations nécessaires. Hugo fait partie des nouveaux arrivants. Il vient de vivre une rupture douloureuse dont il a dû mal à se remettre et sa carrière d’auteur/acteur étant au point mort, il se dit que cinq mois isolé ne devrait pas être une mauvaise chose.

Cependant il ressent très vite des sensations étranges. Son imagination fertile ne l’aidant pas à relativiser, il ne se sent pas du tout à l’aise dans cet environnement vaste mais clos.

Les révélations de sa collègue Lily, présente sur la station depuis trois ans, ne vont pas du tout le rassurer et Hugo va tenter de découvrir ce qu’il se passe vraiment à Val Quarios.

Avant d’avoir lu « L’illusion », j’ai vu beaucoup beaucoup de critiques du livre. Du positif mais aussi pas mal de négatif, certains exprimaient de la déception. Et je comprends pourquoi on peut être déçu. Il ne se passe pas grand chose dans cette histoire, tout est y question d’ambiance et de sensation.

Le personnage de Hugo a des impressions, il croit voir des choses mais il ne lui arrive « réellement » rien, ou presque. Le sujet du roman tourne en partie autour d’un magicien, d’un illusionniste et Maxime Chattam s’amuse avec ça tout le long du roman car il ne s’agit que de faux-semblant. Le lecteur en vient à se demander si Hugo n’est pas tout simplement fou.

Heureusement la révélation finale surprend et nous oblige à tout reprendre depuis le début. Une lecture en demi-teinte mais qui permet malgré tout de passer un bon moment. On ne peut pas enlever à l’auteur le fait de savoir créer une ambiance et décrire des paysages envoûtants.

Albin Michel

« Le jour des cendres » de Jean-Christophe Grangé

Au sein d’une communauté anabaptiste appelée « Les Émissaires », un meurtre a été commis. Le chef de ce groupe isolé au cœur de l’Alsace est mort enseveli sous les voutes de la chapelle en rénovation. Si l’accident est dans un premier temps évoqué, essentiellement par les adeptes de la communauté, Niémans est appelé pour éclaircir les choses.

Sa coéquipière Ivana est déjà là sous couverture. Elle a été engagée pour faire les vendanges, le seul moment de l’année où des étrangers sont autorisés à entrer sur les terres des Émissaires.

Dans cette communauté religieuse où la non-violence et l’innocence sont élevées comme des étendards, qui a bien pu commettre l’irréparable? Les membres de cette secte sont-ils tous si inoffensifs ?

Jean-Christophe Grangé continue sur sa lancée de « noveliser » un épisode de la série « Les Rivières Pourpres » diffusée sur France Télévisions. Personnellement je n’ai pas regardé la série donc pour moi, c’était de l’inédit! On retrouve donc avec plaisir le commandant Niémans, toujours aussi bourru et limite misogyne, et sa collègue Ivana, à fleur de peau.

Grangé nous immerge dans un monde clos, celui d’une communauté religieuse aux principes ancestraux. L’ambiance y est assez pesante, les gens mutiques. La région alsacienne et l’époque des vendanges rajoutent de la densité à cette atmosphère déjà lourde.

Jean-Christophe Grangé délaisse les scènes d’hyper violence auxquelles il nous a habitué pour nous offrir un thriller qui joue plus sur le suspense et une tension latente.

Un roman court et efficace

« Couleurs de l’incendie » de Pierre Lemaitre

 

"Couleurs de l'incendie" de Pierre Lemaitre. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Couleurs de l’incendie » de Pierre Lemaitre. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aviez aimé « Au revoir là-haut »?
Vous aimez les histoires de vengeance ?
Voici ma potion:

Nous avions laissé la famille Péricourt après le suicide du fils, revenu défiguré de la grande guerre. Nous reprenons l’histoire en 1927 alors que l’on enterre le père Marcel Péricourt. Il ne s’est jamais vraiment remis de la mort de son fils. Sa fille, Madeleine, va devoir reprendre l’empire familial, toute seule, car elle a refusé tous les prétendants potentiels.

Mais voilà que le fils de Madeleine, Paul, dans un geste désespéré se jette d’une fenêtre de la maison pour venir s’écraser sur le cercueil de son grand-père. Sidération totale.

Le petit garçon de 7 ans n’est pas mort mais en très mauvais état, on le conduit à l’hôpital où on le diagnostique paraplégique.

Commence alors une descente aux enfers pour Madeleine qui abandonne tout pour son fils. Elle laisse l’ami de la famille, Gustave Joubert, s’occupait de toute la partie financière et signe malgré elle tout et n’importe quoi.

La désillusion sera totale mais Madeleine va user de toutes ses facultés pour reprendre ce qui lui appartenait.

Pierre Lemaître nous enchante une fois de plus avec ce projet de vengeance d’une femme déchue. Il raconte avec une plume acérée et passionnée cette époque trouble de l’entre deux guerres où tout pouvait se jouer. Ses personnages sont magnifiques et horribles à la fois, il dépeint tout ce que la nature humaine peut donner de bon comme de mauvais.

« Couleurs de l’incendie  » se lit comme un véritable page-turner. C’est tellement visuel que l’on a l’impression de regarder un thriller haletant.

Une intrigue menée tambour battant.

Vivement la suite !

Editions Albin Michel

« Famille parfaite » de Lisa Gardner

"Famille parfaite" de Lisa Gardner. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Famille parfaite » de Lisa Gardner. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les suspenses style « Avant d’aller dormir« ?
Vous avez envie de vous plonger dans un bon thriller?
Voici ma potion:

La famille Denbe est une famille parfaite. Le mari, Justin, est à la tête d’une grosse entreprise familiale du BTP, qui est très florissante. L’épouse, Libby, est créatrice de bijoux mais joue surtout à la femme au foyer. Quand à leur fille, Ashlyn, 15 ans, c’est une adolescente sans problème.

Cette parfaite petite famille va se faire kidnapper.

Tessa Leoni, ancienne flic, reconvertie en détective privé, est engagée par la société de Justin afin de les retrouver. Elle va faire équipe avec la police locale et le FBI.

Bien évidemment les enquêteurs vont rapidement se rendre compte que cette famille n’était pas si modèle que ça et que tout le monde a des choses à cacher.

Lisa Gardner est en passe de supplanter Mary Higgins Clark au rang de grande prêtresse du suspense à l’américaine. Au fil de ses romans elle nous montre qu’elle a bien compris quels étaient les points essentiels pour faire un bon thriller. Des personnages de flics décris en profondeur auxquels on peut s’attacher. Des situations extrêmement tendues mais néanmoins crédibles. Des revirements de situation inattendus. Et des victimes qui souvent n’en sont pas.

Le lecteur a tout ses ingrédients dans ce roman. Lisa Gardner distille la tension au fil des pages. Le style est fluide et rapide ce qui augmente le sentiment d’urgence de l’histoire.

Le lecteur est littéralement happé.

Édition Albin Michel

« Mr Mercedes » de Stephen King

Mr Mercedes de Stephen KIng. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
Mr Mercedes de Stephen KIng. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les suspens sous tension?
Vous aimez Thomas Harris et John Grisham?
Voici ma potion:

Comme le beaujolais, chaque année nous offre un nouvel opus du maître Stephen King. A la différence du vin, le nouveau King est à chaque fois excellent.

Dans celui-ci nous avons affaire à Hodges, flic fraîchement retraité qui passe le plus clair de son temps devant sa télé à regarder des programmes ineptes. Routine morose qui lui sert à ne plus réfléchir, le passage de l’action à l’inaction étant difficile à digérer pour lui. Ceci jusqu’au jour où il est contacté par Mr Mercedes.

Un an plus tôt, un homme avait foncé avec une mercedes sur une foule de chômeurs devant un salon pour l’emploi. Attentat non revendiqué qui avait fait de très nombreuses victimes. Ce fût un évènement bouleversant pour tous par sa cruauté et son inhumanité. A cause du peu d’indices, cette agression était restée impunie et Hodges était parti à la retraite sur cette affaire non résolue.

Voilà donc ce fameux tueur, en quête sans doute de reconnaissance, qui relance l’inspecteur.

Stephen King se lance ici dans un polar à la facture, a priori, très classique mais qui recèle plus qu’une intrigue policière grâce à la plume acérée de l’auteur qui sait mieux que personne dépeindre ses personnages dans leurs moindres aspects psychologiques. Il distille une tension qui va crescendo tout le long du roman. Les deux protagonistes principaux, Bill Hodges, le flic, et Barry le tueur vont s’affronter dans une lutte sans merci. King nous fait entrer dans la tête du tueur afin de comprendre ses motivations et il nous entraîne aussi dans celle du flic afin de mieux le cerner. Tantôt prédateur, tantôt proie ils échangent leur rôle pour le grand plaisir du lecteur.

A consommer sans modération!

Édition Albin Michel

« Joyland » de Stephen King

"Joyland" de Stephen King. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Joyland » de Stephen King. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un roman qui vous transporte et vous émeuve?
Vous aviez aimé Stand by me du même King?
Voici ma potion:

En 1973, Devin Jones trouve un job d’été à Joyland, parc d’attractions à l’ancienne, aux antipodes de Disneyland. Il est engagé pour faire un peu tout mais surtout pour rentrer dans la peau de la mascotte, Howie le chien gentil.

Devin cherche à s’occuper, à gagner de l’argent cet été-là mais aussi à oublier Wendy, son premier amour qui lui a brisé le cœur. Lui était fou amoureux à la différence de sa belle.

Dès son entretien avec sa future logeuse, il entend des rumeurs sur un meurtre qui aurait eu lieu dans la Maison de l’Horreur, fameuse attraction de Joyland, et sur le fait que la jeune fille assassinée serait toujours en train de rôder là-bas. La diseuse de bonne aventure lui fait aussi d’étranges prédictions.

Joyland va lui apporter bien plus que de l’argent.

Ceux qui attendent du maître Stephen King qu’il vous glace d’effroi et vous face trembler de terreur, passez votre chemin. Ici pas de voiture diabolique ou de chien mutant! Bien sûr on y trouve un fantôme et un garçon qui a un don spécial mais Joyland c’est surtout l’histoire de l’apprentissage de l’âge adulte, comment on peut se remettre de la rupture de son premier amour.

Des personnages très émouvants et si vous n’y prenez pas garde il est possible que vous versiez une larme.

Personne ne sait comme Stephen King décrire les affres de la jeunesse, toutes les peurs, tous les désirs qui animent les jeunes dans ce douloureux passage à la maturité.

Joyland comme un véritable récit initiatique.

Edtion Albin Michel

« Docteur Sleep » de Stephen King

Chroniques de livres et conseils de lecture.Docteur Sleep de Stephen King
Chroniques de livres et conseils de lecture.Docteur Sleep de Stephen King

Vous aimez avoir peur? Vous avez envie de frissons?
Vous aimez Stephen King?
Voici ma potion:

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’était devenu le petit Danny de Shining? Et bien Stephen King l’a fait pour nous.

Après le passage à l’Overlook Hotel, tout ne fût pas facile pour Dan. Il est encore harcelé par ses visions mais Dick Halloran (le cuisinier de l’Overlook)  lui donne les clés pour s’en défaire. En vieillissant, Dan se met à boire pour atténuer les effets de son pouvoir. On le retrouve, au moment du roman, la trentaine bien tassée, célibataire et alcoolique. Il n’a pas fait grand chose de sa vie, sa mère est morte d’un cancer quelques années plus tôt. Il travaille de temps en temps dans les hôpitaux et aide les mourants à partir.

Arrive la soirée de trop, avec un réveil chez une fille dont il ne se souvient pas. Il décide de changer de coin et pose ses valises, par intuition, à Frazier. Là, son destin va prendre une nouvelle tournure, il va faire des rencontres qui vont l’emmener à arrêter de boire.

Alors qu’il s’installe à Frazier, une petite fille, Abra, nait dans la ville voisine. Petite fille qui va très vite monter des aptitudes extraordinaires, de quoi effrayer ses parents. Elle rentre en contact très vite avec Dan et ce contact se maintiendra de manière discontinue pendant dix ans.

Parallèlement le lecteur suit les aléas d’un groupe se faisant appeler le Noeud Vrai. Personnes humaines ou pas (on ne sait pas vraiment), elles se nourrissent de l’essence d’enfants ayant le don. Ils vont bien évidemment s’intéresser à Abra qui trouvera de l’aide en Dan.

Docteur Sleep commence doucement, lentement, le temps de poser les nombreux personnages et l’ambiance. On se demande où Stephen King veut en venir et puis soudain on est happé. Il nous a harponné sans même que l’on s’en rende compte.

L’histoire se précipite, les évènements s’enchaînent et le lecteur ne peut plus lâcher le livre.

Stephen King réussit une très belle suite à Shining dans un style relativement différent. Nous ne sommes plus dans un huis clos angoissant et terrorisant, au contraire ici nous avons une foule de personnages et de décors différents. Il n’est plus question d’horreur à proprement parler malgré certains passages. Docteur Sleep est plus une quête de rédemption et surtout un livre sur l’addiction à l’alcool. Comment Danny vit son alcoolisme et la souffrance que cela inflige.

Docteur Sleep ne vous laissera pas dormir.

Edition Albin Michel