Quatre étés de 1992 à 1998, qui racontent la vie de quelques adolescents dans un ville de l’Est. Une ville touchée par le chômage suite à l’arrêt des hauts-fourneaux. Les pères n’ont plus de travail et boivent des coups au bar du coin, les jeunes traînent leur mal-être.
Anthony a quatorze ans. Avec son cousin ils bravent les interdits afin de vivre un peu et rompre la monotonie ambiante. Hacine, lui, a 16 ans et c’est le petit caïd de banlieue. Stéphanie ne rêve que d’une chose, partir loin d’ici.
Chronique sociale d’une vallée industrielle à l’abandon, « Leurs enfants après eux » c’est aussi la chronique de la jeunesse de l’époque, avec ce que ça comporte de violence, de sexe, d’alcool, tout ça sous fond de racisme.
Nicolas Mathieu nous donne à penser avec son écriture intense, très juste, et des dialogues au plus près de la réalité. Des personnages d’une terrible vérité. Un texte bouleversant empreint de poèsie et de mélancolie.
Vous aimez les ambiances oppressantes?
Vous aviez lu et aimé « Les loups à leur porte »?
Voici ma potion:
Kansas, Etats-Unis.
Hayley, 17 ans, prend la route pour aller chez sa tante.Elle doit s’entrainer pour un tournoi de golf auquel elle va participer. Elle s’est inscrite à ce tournoi un peu pour rendre hommage à sa défunte mère qui avait de grands espoirs pour elle dans ce sport.
Mais en chemin, elle tombe en panne. Elle choisit de quitter l’autoroute afin de trouver un garage mais elle se retrouve immobilisée sur le bord d’une petite route de campagne. Pour elle c’est l’enfer qui commence.
Heureusement Norma, une mère de famille qui habite à côté, se trouve à passer par là et lui propose de l’emmener chez elle afin d’appeler un dépanneur. Le courant passe instantanément entre les deux femmes.
Voilà comment le destin fait se rencontrer deux personnes. Destin qui se joue des gens et va chambouler la vie de toute une famille.
Jérémy Fel revient trois ans après « Les loups à leur porte« . Un premier roman qui avait beaucoup marqué par son intensité et sa violence. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’auteur ne déçoit pas nos attentes.
« Helena » c’est un thriller écrit au cordeau qui distille une tension latente. Le lecteur est pendu aux mots, aux phrases de l’auteur. Il nous tient en haleine du début à la fin, avec des personnages fouillés, travaillés. Ils ont tous à leur manière des motivations sensées. Norma, Hayley et Tommy tombent, malgré eux, dans une spirale terrible et le lecteur est aussi entrainé, on frémit de ce qui va leur arriver.
Véritable ode à la violence et au malaise, « Helena » est à part de tout ce qui se fait de nos jours en littérature française. Si on devait comparer Jérémy Fel à un auteur ça serait certainement à Stephen King, dans sa manière d’instiller une tension, un trouble, sans trop en dire, tout en nuance.
Ce roman met en lumière la puissance de l’amour maternelle, ce qu’une mère est prête à faire pour sauver ses enfants. L’importance des actes d’une mère sur le futur de son enfant.
Jérémy Fel joue aussi avec le hasard et donc l’idée de destin. Comme quoi il ne tient à pas grand chose que votre vie bascule dans le bien ou le mal. On peut tous à tout moment passer la barrière morale qui nous fait tenir du bon côté. Et si vous vous demandez qui est Helena, et bien je vous laisse le découvrir.
Lia est une jeune fille de 18 ans, qui aurait tout pour être heureuse si ce n’est son besoin irrépressible de perdre du poids. Cela a commencé comme un défi avec son amie d’enfance, Cassie, mais c’est très vite devenu une vraie obsession pour les deux jeunes filles.
Cassie et Lia sont fachées mais ce soir là, le soir de sa mort, Cassie a appelé Lia pour lui demander de l’aide.
Roman coup de poing sur l’anorexie. Laurie Halse Anderson écrit l’histoire d’une jeune fille entrainée dans une spirale mortelle. Elle décrit le mal qui ronge tant de jeunes filles et jeunes gens, incapables de se sortir de cette maladie. Comment Lia dupe son entourage pour ne pas qu’ils s’inquiètent et surtout qu’ils la renvoient dans un établissement spécialisé, comment elle se ment à elle-même en ne se rendant pas compte qu’elle va vers la mort, tout ça fait froid dans le dos. C’est terrifiant mais tellement nécessaire de s’éveiller sur ce qu’il se passe dans la tête des malades afin de pouvoir les aider.
Magyd Cherfi, parolier et chanteur de Zebda, raconte l’année où il a passé son bac. Une formalité pour un « français » mais un évènement pour un « indigène ».
En 1981, en banlieue toulousaine, Magyd écrit des poèmes et se fait malmener parce qu’il passe pour un intello. Sa mère attend de lui qu’il passe son bac, consécration pour ces immigrés maghrébins.
Magyd Cherfi raconte son adolescence mais c’est l’histoire de toute une génération qu’il met en avant et qu’il représente.
Crise identitaire, intégration, banlieue, il nous parle de tout ça de manière inimitable, avec humour, détachement mais aussi avec beaucoup d’émotion.
« Je me remémorais nos années d’ados qui nous avaient vus tous les deux privés de foot et de jeux avec les copains, interdits de bon temps et d’aventures de cape et d’épée, sauf que moi j’avais trouvé un véhicule qui m’emmenait beaucoup plus loin que le terrain de foot : l’écriture. Lui s’ennuyait et rongeait son frein avec des envies de vengeance quand je rêvais d’en découdre avec les mots. Des mots qu’il n’avait pas. Il n’avait que l’élasticité de son corps pour s’exprimer, un corps allumé par une âme rancunière. Méchante mixture. »
« On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits. On a aimé ce « nous » qui nous a faits frères avec les « cheveux lisses ». On ne savait rien d’une quelconque histoire nous concernant, pas la moindre référence d’un grand homme de lettres, d’un poète, d’un peintre, d’un architecte de Béjaïa ou d’Alger, rien d’un sportif de Sidi Bel-Abbès ou d’un exploit auquel s’identifier. Alors on s’est aggrippés au conte gaulois, aux pages pleines de héros blonds aux yeux d’émeraude et on trouvait ça chouette d’être blond, d’avoir les yeux bleus. »
Envie d’un roman dépaysant?
Vous aimez les romans positifs?
Voici ma potion:
Maeve a une passion pour les requins. Passion qui apparait à l’âge de douze ans alors qu’elle se fait attaquer par l’un d’entre eux. Par la suite elle devient biologiste marine, spécialisée bien évidemment dans cette espèce. Elle arpente les océans du monde afin de les répertorier et les étudier.
Alors qu’elle vient de fêter ses trente ans, elle revient à l’hôtel des Muses qui appartient à sa grand-mère Perri et où elle a vécu avec son frère jumeau depuis le décès de leurs parents.
A son retour elle apprend que Daniel, son amour de jeunesse, est lui aussi revenu vivre dans la région et travaille à l’hôtel de sa grand-mère. Ils ont rompu à la veille de leur mariage car Daniel avait été infidèle. Maeve n’avait jamais pu lui pardonner et ils ne s’étaient plus jamais recroisés.
Son frère jumeau, Robin, qui rêve de devenir écrivain, voit son projet en passe de se réaliser. Son manuscrit a été accepté par une maison d’édition mais le manuscrit est basé sur la vie amoureuse de sa soeur.
Avec pour toile de fonds un paysage idyllique, les personnages vont se confronter à leurs sentiments, à leurs passés et à leurs histoires.
Il va être question aussi de pardon et de rédemption. Maeve pourra-t-elle pardonner à Daniel et tenter de faire revivre leur amour de jeunesse? Est-on lié à vie à une seule personne? Le grand amour existe-t-il? Le roman ne manque pas aussi de références et de èquestionnements sur l’environnement et la préservation d’espèces menacées, thèmes essentiels de nos jours.
Tant de questions auxquelles tente de répondre Ann Kidd Taylor avec simplicité et finesse.
Un roman qui donne à penser, à méditer et ça fait du bien.
Vous aimez les romans nostalgiques?
Envie d’un roman plein de tendresse?
Voici ma potion:
Les parents de Camille décident de mettre en vente la maison familiale. Elle décide de venir passer quelques jours toute seule dans la maison afin de lui dire aurevoir. Camille, qui est romancière, se dit que ça sera une bonne source d’inspiration. Elle va alors se rappeler tous les souvenirs qui ont jalonné sa vie à travers sa maison d’enfance, en jalonnant les pièces une à une.
Voilà l’histoire. Ca parait court et en même temps Camille Anseaume dit tellement de choses. Pièce par pièce elle se rappelle des moments importants ou des moments anodins. Les souvenirs affluent et l’auteur nous cueille complètement. Son émotion nous atteint et on ne peut que penser à nos propres souvenirs d’enfance et à la maison qui a compté plus que les autres.
C’est un roman qui se lit vite mais qui fait tellement de bien. Vous refermez le livre et vous avez juste envie d’aller embrasser votre famille.
Vous aimez la sensibilité de Delphine De Vigan ?
Vous avez envie d’être touché au coeur?
Voici ma potion:
Hélène est professeur de collège. Elle s’investit totalement dans son rôle et prend garde de noter toutes les attitudes de ses élèves. Elle a vécu des choses terribles étant enfant et se targue de savoir reconnaître un enfant qui ne va pas bien.
Justement Hélène trouve que Théo a une attitude bizarre. Très discret, trop transparent. Elle se met en tête de découvrir son secret, quitte à enfreindre quelques règles de base.
Le problème c’est qu’elle a raison, Théo ne va pas bien.
Delphine De Vigan grâce à sa sensibilité et son écriture très fine nous raconte l’histoire de cet adolescent qui vit balloté entre ses deux parents. Il vit comme il peut sans raconter à personne la misère dans laquelle il est.
C’est un roman à quatre voix. Hélène la prof, Théo, Mathis son meilleur ami et Cécile la mère de Mathis. Tous les quatre ont un lourd bagage à porter et ils doivent faire face chacun à leur manière à un cas de conscience.Delphine De Vigan nous montre comment les liens intimes ou familiaux peuvent nous emmener à faire certains choix, choix aux conséquences plus ou moins graves.
De très beaux personnages pour un roman puissamment contemporain qui va vous bouleverser.
Envie de découvrir une auteure talentueuse?
Vous aimez les secrets de famille?
Voici ma potion:
Lors d’une sortie entre amis au bord du lac Léman, Summer disparait. Son petit frère, Benjamin, la voit partir à travers la foret et puis plus rien. Pendant quelques mois il y aura des recherches mais Summer ne sera jamais retrouvée.
Vingt-cinq ans plus tard, Benjamin ne s’est toujours pas remis de cet évènement.Ce drame l’assaille encore, il aimerait avoir des réponses, savoir ce qu’il s’est passé. D’autant que ses parents semblent être passés à autre chose. Il essaie de se rappeler les moments qui ont précédés la disparition de sa sœur même si sa mémoire de petit garçon n’est pas très sûre. Il met au jour petit à petit des secrets enfouis.
Monica Sabolo dresse ici le portrait d’une famille où les secrets et les non-dits pèsent sur tous les membres. Benjamin se sent coupable depuis 25 ans du brusque départ de Summer, il ne comprend pas la réaction de ses parents. Un tabou semble entourer cette histoire.
Un roman sensible et touchant sur les méandres des souvenirs et le poids des secrets de famille.
Monica Sabolo, une auteure à découvrir et à suivre!
Vous cherchez un beau livre sur l’adolescence?
Vous aimez les personnages intenses?
Voici ma potion:
Clémence a quinze ans. Elle se prépare pour aller à une fête chez des copains. C’est la fin des années collège.
En chemin, elle se fait agresser. Un homme tente de la violer. Heureusement, il ne peut pas l’emmener où il voulait et s’enfuit en ne l’ayant que « toucher ».
Mais voilà, même s’il n’y a pas eu viol physique, Clémence se sent violée psychologiquement. Elle ne va rien dire à personne, ne va pas savoir comment en parler.
Quinze ans plus tard, Clémence est une jeune femme solitaire et célibataire. Après avoir été maquilleuse professionnelle pour le cinéma, elle a décidé de tout quitter pour maquiller des poupées grandeur nature destinées aux hommes seuls pour une entreprise appelée « la Clinique ».
« Les Corps Inutiles » c’est l’histoire d’une fille dont la vie est dévastée par une agression, une fille qui ne pourra plus jamais être la même , qui n’arrivera pas à passer à autre chose.
Chaque 29 du mois elle se sent obligée de fêter ce sinistre anniversaire en appâtant des hommes et en passant la nuit avec eux, sans jamais rien ressentir , comme une punition qu’elle s’infligerait à elle-même.
C’est un roman sur l’hypersensibilité mais aussi sur « l’hyposensibilité ». Depuis son agression Clémence ne ressent plus rien, ni le chaud ni le froid, mais ne ressent plus rien non plus dans son coeur. Elle n’aime personne.
Clémence est un personnage tendu, attachant, émouvant mais aussi énervant. On l’aime et on a envie qu’elle s’en sorte. A son mal-être s’ajoute le manque de communication qu’il y a toujours eu avec ses parents. Elle est isolée dans sa détresse.
L’écriture de Delphine Bertholon est dense, intense, sur le fil, elle ne nous cache rien et ne s’interdit rien. Un portrait sans concession.
Je vous conseille ce beau livre sur les blessures et la résilience.
Vous avez envie de passer un bon moment?
Vous avez envie d’un peu de douceur dans ce monde de brutes?
Voici ma potion:
Tommy, 13 ans, vit avec ses parents et sa grande sœur Jenny. Nous sommes en 1940 à Londres, à l’approche de Noël. Les allemands ont commencé les bombardements stratégiques et il faut régulièrement que toute la famille se mette à l’abri dans les sous-sols prévus à cet effet.
Le père, inventeur, reste à la maison en attendant de trouver « la » bonne idée. Il est sur un projet de tatou géant qui permettrait de sauver tous les enfants de Londres. La mère travaille à l’usine afin de subvenir aux besoins de la famille. La grande sœur, fan de Clark Gable, veut rejoindre le corps des jeunes filles volontaires du Saint Thomas’ Hospital.
Tommy est un rêveur. Il veut devenir écrivain et se sert souvent de son quotidien pour alimenter ses histoires. Ses copains et lui sont fans de super-héros et de cinéma. Ils s’imaginent constamment à la place de leurs personnages préférés.
Et il y a aussi Mila dont il est secrètement amoureux.
Jérôme Attal propose au lecteur une sorte de conte d’apprentissage. Un récit sur l’adolescence avec tous les tourments que cela peut comporter mais en temps de guerre, ce qui donne une dimension différente à tout le récit. Même si le malheur plane les adolescents restent des ados, mais avec un rapport direct avec la mort.
La langue de l’auteur est très belle, très poétique, on se régale à chaque tournure de phrase.
« Moi, Tommy Bradford, je me battrai dans ce monde pour une raison toute simple : pouvoir continuer à marcher dans les rues en pensant au mystère agréable qu’est le sourire de Mila »
« Le métier d’inventeur de mon père, je pense que c’est comme un pari sur l’avenir. Qu’un jour, il trouvera l’invention qui changera la manière qu’on a de voir ou de vivre les choses »
On sent une tendresse très forte pour ses personnages. Ce Tommy est un sacré loustic mais il est tellement attachant qu’on le suit jusqu’au bout avec plaisir.
Ce roman vous touchera en plein cœur, c’est certain.