« Amelia » de Kimberly McCreight

"Amelia" de KImberly McCreight. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Amelia » de KImberly McCreight. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous aimez les romans à suspense?
Vous pensez que l’adolescence n’a pas de secret pour vous?
Voici ma potion:

Kate élève seule sa fille, Amélia, 15ans. Malgré son travail d’avocate très prenant, elle s’occupe de son mieux de sa fille, qui est une adolescente sans réel problème. Bonne élève au lycée, intelligente et très calme.

Pourtant un matin Amélia saute du toit de son lycée. Une enquête bâclée conclue à un suicide.

Quelques semaines plus tard alors que Kate décide de reprendre le travail, elle reçoit un sms lui disant que sa fille ne s’est pas suicidée. Aidée d’un nouvel inspecteur, Kate cherche à savoir ce qui s’est réellement passé. Elle va alors devoir fouiller dans la vie de sa fille et ne va pas être au bout de ses surprises.

Kimberly McCreight propose un thriller mené tambour battant. Dès le début elle attrape le lecteur pour ne plus le lâcher.

La narration n’est pas pour rien dans cette attractivité. L’auteur alterne le présent avec Kate qui découvre ce qu’il se passait dans la vie de sa fille, et le passé avec les derniers jours de Amélia racontée par elle-même.

Amélia traite des pressions et harcèlements dont peuvent être victime les adolescents. Tout ce qu’un ado est capable de faire pour s’intégrer à un groupe.

C’est aussi la découverte de la sexualité.

Sous couvert de thriller et de suspense, ce roman traite de nombreux sujets de société universels.

Un roman percutant et effrayant pour ceux qui ont des enfants.

Édition Cherche Midi

« On ne voyait que le bonheur » de Grégoire Delacourt

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire Delacourt. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« On ne voyait que le bonheur » de Grégoire Delacourt. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Envie d’un roman bouleversant et poignant?
Vous aimez Laura Kasischke ou John Irving?
Voici ma potion:

Antoine est expert en assurances. Il a passé sa vie à donner un prix à la vie des autres. Combien peut valoir un bras cassé ou la perte d’un enfant. A force d’estimer la vie des gens, Antoine se demande combien vaut la sienne. Chaque chapitre va revenir sur un moment de son existence et la valeur qu’il va donner à ce moment.

Antoine est divorcé, a peu d’amis, deux enfants qui s’éloignent de lui , des relations conflictuelles avec son père. Il a peu de considération pour lui-même jusqu’à commettre des actes irréversibles.

Ce livre est construit en trois parties, les deux premières ayant pour narrateur Antoine et la dernière partie racontée du point de vue de sa fille. Trois parties, trois rythmes différents qui permettent au lecteur de rester accrocher.

Grégoire Delacourt nous plonge dans les tourments d’un homme. Comment l’héritage des parents, l’attitude qu’ils ont eu, influent sur le comportement une fois adulte. Et surtout jusqu’où est-on prêt à aller par désespoir. Toujours avec des mots très justes, il nous fait partager la souffrance de son personnage et son désarroi face à la vie. On entre en empathie complète avec lui et on est forcément chamboulé.

La dernière partie écrite comme le journal intime de la fille d’Antoine est très forte, émouvante. Elle a un long chemin à faire pour pardonner à son père.

Sans aucun doute le meilleur roman de Grégoire Delacourt à ce jour.

Édition Lattès

« Joyland » de Stephen King

"Joyland" de Stephen King. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Joyland » de Stephen King. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un roman qui vous transporte et vous émeuve?
Vous aviez aimé Stand by me du même King?
Voici ma potion:

En 1973, Devin Jones trouve un job d’été à Joyland, parc d’attractions à l’ancienne, aux antipodes de Disneyland. Il est engagé pour faire un peu tout mais surtout pour rentrer dans la peau de la mascotte, Howie le chien gentil.

Devin cherche à s’occuper, à gagner de l’argent cet été-là mais aussi à oublier Wendy, son premier amour qui lui a brisé le cœur. Lui était fou amoureux à la différence de sa belle.

Dès son entretien avec sa future logeuse, il entend des rumeurs sur un meurtre qui aurait eu lieu dans la Maison de l’Horreur, fameuse attraction de Joyland, et sur le fait que la jeune fille assassinée serait toujours en train de rôder là-bas. La diseuse de bonne aventure lui fait aussi d’étranges prédictions.

Joyland va lui apporter bien plus que de l’argent.

Ceux qui attendent du maître Stephen King qu’il vous glace d’effroi et vous face trembler de terreur, passez votre chemin. Ici pas de voiture diabolique ou de chien mutant! Bien sûr on y trouve un fantôme et un garçon qui a un don spécial mais Joyland c’est surtout l’histoire de l’apprentissage de l’âge adulte, comment on peut se remettre de la rupture de son premier amour.

Des personnages très émouvants et si vous n’y prenez pas garde il est possible que vous versiez une larme.

Personne ne sait comme Stephen King décrire les affres de la jeunesse, toutes les peurs, tous les désirs qui animent les jeunes dans ce douloureux passage à la maturité.

Joyland comme un véritable récit initiatique.

Edtion Albin Michel

« La ballade d’Hester Day » de Mercedes Helnwein

"La Ballade d'Hester Day" de Mercedes Helnwein. Chroniques de livres et conseis de lecture par MLBA.
« La Ballade d’Hester Day » de Mercedes Helnwein. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Envie d’un road-trip un peu dingue à l’américaine?
Vous aimez Arto Paasilinna et Russel Banks?
Voici ma potion:

Hester Day est une jeune fille, pas vraiment comme les autres. Aucune des activités de son âge ne l’intéresse, Hester s’ennuie et ne veut pas aller à l’université. Son franc parler et ses remarques rendent sa mère folle de rage, elle qui voudrait voir sa fille devenir neurochirurgienne. A l’approche de ses 18 ans, elle se met en tête de vouloir adopter un enfant, histoire de faire quelque chose. Afin d’adopter, elle propose à Fenton Flaherty, poète à ses heures perdues et assidu de la bibliothèque, de se marier. Celui-ci accepte pensant que cela lui donnera de l’inspiration.

Malgré le mariage, on ne lui accorde, bien évidemment, pas le droit d’avoir un enfant. Hester, sur un coup de tête, décide de partir, elle embarque avec elle son cousin, Jethro, petit garçon très futé de 10 ans. Accompagné de Fenton qui possède un camping-car, les voilà parti pour un road-trip à travers les Etats-Unis.

La ballade d’Hester Day est un livre très réjouissant et très drôle. Le personnage d’Hester ainsi que ses acolytes de voyage sont tous en marge de la société, ils ne trouvent pas leur place dans le monde, mais sans vraiment avoir le sentiment d’être des incompris. Ils sont inconscients de leurs actes, surtout Hester.

Leur voyage est parsemé de moments improbables. Ils sont un peu les beatniks des temps modernes. A la recherche du bonheur, comme tout le monde après tout, mais pas de la même manière. Entre humour et émotion, laissez-vous embarquer dans la ballade d’Hester Day.

Edition La Belle Colère

« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke

Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d'hiver de Laura Kasischke par MLBA.
Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d’hiver de Laura Kasischke par MLBA.

Vous avez envie d’un roman qui vous surprenne, d’un huis-clos angoissant?
Vous aimez Paul Auster et Douglas Kennedy?
Voici ma potion:

L’histoire se passe le jour de Noël. Holly et son mari Eric, traînent au lit. Elle s’est réveillée un peu plus tôt prise d’une angoisse pour vérifier si sa fille dormait bien et, une fois recouchée, sombre à nouveau dans le sommeil. Au réveil, c’est la panique. Eric doit partir précipitamment chercher ses parents à l’aéroport. Holly, elle, doit préparer le repas car ils reçoivent toute la famille, comme tous les ans. L’humeur, aujourd’hui, n’y est pas.

Une longue journée commence alors. Tatiana, sa fille de 15 ans, agit bizarrement. Cette adolescente d’habitude très gentille et douce se révèle revêche et acerbe avec sa mère. Tout au long de cette journée, Holly va se rappeler comment ils ont adopté cette petite fille en Sibérie. Comment les choses se sont passées pendant leurs deux voyages là-bas, comment ils sont tombés fous amoureux de ses grands yeux. On comprend petit à petit que cet orphelinat perdu de Sibérie avaient des méthodes un peu particulières.

Tatiana se montre donc de plus en plus désagréable avec sa mère et celle-ci ne sait plus comment agir avec elle. D’autant plus qu’elles se retrouvent bloquées toutes les deux. Une tempête de neige sévit à l’extérieur, aucun des invités ne peut venir et son mari est coincé à l’hôpital, sa mère ayant fait un malaise. L’isolement va s’ajouter à l’ambiance lourde de la maison, une situation banale qui va devenir cauchemardesque.

Laure Kasischke, comme à son habitude, nous happe dans son univers. Elle arrive à distiller une angoisse sourde dans tous ses romans. Les choses semblent en apparence ordinaires mais il ne faut jamais s’y fier. Rien n’est comme on l’attend.

Elle aborde là le thème mère-fille, que ce soit Holly et sa fille Tatiana, mais aussi Holly et sa mère. On apprend que Holly a perdu sa mère très tôt d’une grave maladie, que sa soeur aussi est morte de cette maladie et qu’elle-même a décidé de tout se faire enlever pour ne pas mourir aussi. D’où l’adoption abordée aussi dans ce roman. Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir un enfant? Est-on prêt à fermer les yeux sur vraiment tout? Comment le lien se crée entre adoptés et adoptants ?

D’ailleurs que s’est-il vraiment passé en Sibérie? Qui ont-ils ramené? Holly se répète toute la journée ce mantra « quelque chose les avait suivies depuis la Russie ». Des questions dont on ne connaîtra la réponse qu’à la toute fin du roman, ce qui remettra en perspective celui-ci. Une fin hallucinante qui vous donnera envie de rouvrir le livre de suite.

Edition Christian Bourgois

« La nuit en vérité » de Véronique Olmi

Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA
Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA

Vous aimez les histoires de quête de soi, les romans sur l’adolescence?
Vous aimez Sylvie Germain, Claudie Gallay?
Voici ma potion:

Enzo, 12 ans, vit avec sa mère Liouba dans un grand appartement parisien. On comprend rapidement qu’ils ne sont pas chez eux. Liouba garde et fait le ménage de l’appartement pendant que les propriétaires sont en voyage.

Liouba est une toute jeune mère, Enzo étant né alors qu’elle n’avait que 16 ans. Enzo est un jeune garçon très enrobé qui subit constamment les mauvaises blagues de ses camarades. Il est la cible de toute la haine que peuvent contenir les adolescents. Non seulement il est hors norme parce qu’il est gros mais en plus il s’appelle Popov, sa mère ayant de lointaines origines russes, ce qui catalyse d’autant plus le regard des autres.

Véronique Olmi nous offre deux personnages mal dans leur peau et mal dans leur vie. Liouba est mère mais étant encore très jeune elle a aussi envie d’en profiter. Elle se lance tous les jours dans un ménage acharné alors que les propriétaires ne sont quasiment jamais là. Elle veut prendre soin de son fils sans réaliser ou sans vouloir s’avouer que celui-ci a des problèmes.

Enzo est un adolescent perturbé, mal dans sa chair, qui ne trouve que du bien-être en mangeant. Il est perdu, n’a jamais su qui était son père et n’ose pas poser de question à sa mère qui refuse de parler du passé ou de sa famille. Il subit les brimades des collégiens sans se révolter comme s’il acceptait tout ça, comme si c’était normal.

Jusqu’au jour où les brimades se transforme en véritable lynchage.

Le garçon échappe à sa condition par la lecture qui nourrit son imaginaire et surtout grâce à ses « virées » nocturnes. Dans ses rêves (bien qu’on ne sache jamais vraiment s’il est éveillé ou endormi), il s’enfuit de la petite chambre qu’il partage avec sa mère et rencontre des personnages, notamment un soldat russe de 14 ou un de ses ancêtres.

Véronique Olmi décrit avec justesse et tendresse cette relation mère-fils un peu marginale. Tout en pudeur, ces deux personnages ne savent pas comment se dire qu’ils s’aiment.

Enzo va devoir trouver tout seul une échappatoire à sa condition.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, outre la relation mère-fils, l’auteur parle de l’adolescence, de l’exclusion, de l’importance des origines et de savoir d’où l’on vient.

Un nuit en vérité pour une quête de soi.

Edition Albin Michel