« Adieu demain » de Michael Mention

Aujourd’hui je vous parle de “Adieu demain” de Michael Mention, édité chez Rivages Noir.
Vingt ans après l’arrestation d’un tueur en série surnommé “l’éventreur du Yorkshire”, des femmes sont à nouveau assassinées, transpercées par un carreau d’arbalète. Le superintendant Mark Burstyn déjà sur l’enquête vingt ans plus tôt craint que tout recommence. Epaulé par l’inspecteur Clarence Cooper, ils se donnent corps et âmes dans la recherche du coupable.


J’ai été soufflé par la façon dont cette histoire est narrée. On suit, parallèlement à l’enquête, Peter sur plus de vingt ans de sa vie. Un jeune homme marqué très tôt par la violence de son père, le divorce de ses parents et la rencontre en prison du fameux éventreur du Yorkshire. Non seulement l’auteur nous fait entrer dans l’esprit de ses personnages mais il nous donne aussi à voir les grands évènements marquants de la Grande Bretagne des années 70 à nos jours. Les personnages évoluent avec leur temps et c’est presque une chronique sociologique qu’il nous offre là. Avec en fond une bande son excellente.


C’est en tous cas un thriller ingénieusement mené qui nous met à bout de souffle tellement il est intense. Je n’avais pas lu “Sale temps pour le pays” qui serait le premier volet de cette trilogie, je vais remédier à cet oubli.

Editions Rivages

« Qu’à jamais j’oublie » de Valentin Musso

Aujourd’hui je vous parle de “Qu’à jamais j’oublie” de Valentin Musso, édité l’an dernier aux éditions du Seuil.
Alors que Théo rentre chez lui après le vernissage de l’exposition qu’il a créé autour des photos de son père Joseph Kircher, il apprend que sa mère, Nina, a été arrêté pour tentative de meurtre. Celle-ci aurait en effet poignardé un homme avant d’être retrouvée dans un état catatonique sans pouvoir proférer une seule parole. Il décide de la rejoindre afin d’en savoir plus et sa recherche de vérité va le conduire dans le passé de sa mère dont il ignorait tout.
Valentin Musso nous offre un polar bien ficelé où le personnage qui mène l’enquête n’est pour une fois pas un flic mais un fils en quête de vérité. C’est efficace, il y a peu de temps mort ou de superflu et c’est pour ça que ça se lit si bien. On reste pas mal dans le superficiel au niveau psychologie des personnages mais ça ne gâche pas le plaisir de lecture. L’histoire de la mère de Théo est particulièrement touchante d’autant plus qu’elle est basée sur des faits réels, un pan de l’histoire suisse dont je n’avais aucune idée. Et vous savez comme j’aime apprendre des choses en lisant !
J’aime aussi dans les romans tout ce qui touche aux secrets de famille, là je suis ravie. Encore une preuve que les secrets et les mensonges peuvent avoir de graves conséquences.

Ceux d’à côté de M.T. Edvardsson

Aujourd’hui je vous parle de “Ceux d’à côté” de M.T. Edvardsson . Auteur dont j’ai lu le premier roman récemment “une famille presque normale” et qui m’avait laissé un peu dubitative.


Micke et Bianca Andersson ont décidé de quitter Stockholm pour Köpinge, petite localité résidentielle afin d’élever au mieux leurs deux enfants. Un quartier résidentiel qui implique un voisinage proche avec qui il faut vivre pour le meilleur et pour le pire. Ils vont l’apprendre à leurs dépens.


L’auteur utilise le même procédé de narration que dans son précédent roman avec des chapitres alternant entre passé et présent et des narrateurs multiples autour d’un évènement tragique. Les allers-retours dans le temps vont permettre aux lecteurs de se faire une idée des raisons du drame.


Le procédé est efficace car il nous fait douter de tout ce qu’on lit, les différents narrateurs nous disent-ils la vérité ? M.T. Edvardsson réussit le pari de rendre chaque personnage suspect, de rendre ce petit quartier et ses gens bien sous tous rapports très louches. C’est vraiment très efficace car la tension est quasi palpable.


J’ai, pour ma part, préféré celui-ci au premier, je me demande maintenant ce que l’auteur va nous réserver pour son prochain roman.

Edition Sonatine

Noirs diamants de Martin Walker

Aujourd’hui je vous parle de “Noirs diamants” de Martin Walker, une enquête de son personnage fétiche Bruno Courrèges qui se déroule dans mon Périgord natal donc forcément ça m’intéresse !
Bruno Courrèges, chef de la police municipale de Saint-Denis, apprend que le marché aux truffes de la région fait l’objet de fraude. La truffe locale, véritable trésor de la région, serait mélangée à de la truffe chinoise de moins bonne qualité. De plus une querelle de territoire entre vietnamiens et chinois aurait lieu dans la région. Lorsque Hercule, un de ses plus proches amis et ancien barbouze, est assassiné dans la forêt, son enquête prend une nouvelle tournure.
Je ne sais pas si vous avez déjà lu un roman qui se passe dans des lieux que vous connaissez bien mais c’est toujours particulier. On ne peut pas s’empêcher d’essayer de reconnaitre l’endroit dont parle l’auteur, de faire le jeu des différences et je dois dire qu’ici ça m’a un peu phagocyté l’histoire.
Histoire qui pourtant est plutôt intrigante, on pourrait penser que nous allons avoir affaire à un polar rural mais ce n’est pas du tout ça, l’enquête prend des proportions internationales et on se rapproche plus du “Parrain” que de Maigret.
Ceci est le troisième tome des aventures de Bruno Courrèges, si ça vous intéresse je vous invite à découvrir Martin Walker (qui est anglais) avec le premier opus “Meurtre en Périgord”.

Editions du Masque.

Une famille presque normale de M.T. Edvardsson

Aujourd’hui je vous parle de “une famille presque normale” de M.T. Edvardsson, un auteur suédois dont c’est le premier roman traduit en France.

Adam est pasteur, sa femme Ulrika est avocate, ensemble ils ont une fille Stella, 19 ans. La famille parfaite, en apparence. Un évènement va chambouler ce bel équilibre. Au travers du récit de chacun des protagonistes, le lecteur va assister au basculement de cette famille.

Ce livre a été élu meilleur polar étranger pour le prix Nouvelles voix du polar en 2021. J’en ai également entendu énormément de bien sur les réseaux sociaux par des personnes ayant l’habitude de lire ce genre de thriller. Mon attente était donc plutôt élevée ! Je ne peux pas dire que j’ai été déçue, j’ai trouvé que le récit était très bien mené, surtout avec ce parti pris de donner la parole à chaque personnage pour permettre au lecteur d’avoir une certaine vue d’ensemble. Mais je crois qu’il m’a manqué quelque chose pour vraiment en faire, selon moi, un grand thriller.

Le sujet principal est en tous cas traité de manière intelligente. Jusqu’où iriez-vous pour protéger votre enfant ? Les parents de Stella sont confrontés à ce dilemme, protéger son enfant coute que coute ou dire la vérité ? Est-on responsable des actions et décisions de son enfant ? Est-ce notre faute si notre enfant prend des mauvaises décisions ? Toutes ces questions sont abordées dans ce thriller ainsi que la notion de culpabilité, les non-dits ou bien la manipulation.

Un bon thriller qui m’a laissé sur ma faim à cause de la fin.

Juste derrière toi de Lisa Gardner

Aujourd’hui je vous parle de “Juste derrière moi” de Lisa Gardner, une auteure américaine de thriller qu’on ne présente plus, la nouvelle Mary Higgins Clark.

Le profileur Pierce Quincy et sa femme Rainie Conner, ancienne policière, sont devenus famille d’accueil. Ils décident d’ailleurs d’adopter Sharlah, la jeune fille dont ils s’occupent depuis quelques mois car des sentiments forts les unissent. Les choses se compliquent quand Telly, le grand frère de Sharlah, se retrouve impliqué dans plusieurs assassinats et que tout laisse à penser qu’il veut s’en prendre à sa sœur.

Lisa Gardner connait les codes du thriller, elle excelle dans la mise en place de l’histoire, dans la description des personnages et leur psychologie, elle a le don pour installer une sorte de tension tout le long du récit jusqu’au retournement final. C’est efficace pour qui cherche un bon thriller afin de se changer les idées. Ici, nous ne sommes pas dans le thriller que vous lâchez une fois le cerveau retourné, auquel vous pensez encore deux jours après mais il fait le job pour ce qu’on lui demande, du suspense et du divertissement.

Vous avez déjà lu Lisa Gardner ? Votre avis ?

Le village perdu de Camilla Sten

Aujourd’hui je vous parle de “le village perdu” de Camilla Sten. C’est un roman qui m’a été conseillé par un libraire pour ma Kube de ce mois-ci.

En 1959 à Silvertjarn toute la population de la ville a disparu. Les premières personnes arrivées sur les lieux découvrent une ville morte avec sur la place centrale une femme qui semble avoir été lapidée. Seul un bébé est rescapé. Que s’est-il passé ? Des années plus tard, Alice, documentariste et dont la grand-mère est originaire de ce village, décide de monter une équipe afin d’aller sur place tourner un film.

Le pitch de départ est très intriguant, on sent qu’il va y avoir une ambiance particulière et Camilla Sten tient cette promesse. L’atmosphère de désolation du village est plutôt anxiogène, on a parfois le sentiment que l’histoire pourrait basculer dans l’horreur la plus totale. Mais l’auteure tient le cap. Les allers-retours dans le passé nous apprennent petit à petit les circonstances de la disparition. Le récit est vraiment bien mené, il est difficile de reposer son livre tant l’histoire est prenante et j’aime ça.

On sent que Camilla Sten a été à bonne école avec sa mère Viveca qui est une écrivaine suédoise très connue dans le milieu du polar.

On peut dire que la relève est assurée.

« Le passager sans visage » de Nicolas Beuglet

Suite à sa précédente enquête qui fut un succès (cf « le dernier message »), Grace Campbell est dans les petits papiers de ses chefs, elle pourrait même s’octroyer quelques jours de repos. Mais un message déposé sur le pas de sa porte va perturber ce calme. Un message qui va lui faire rouvrir un pan de son passé qu’elle avait enterré.

Je n’ai pas envie d’en dire plus pour ne pas déflorer l’intrigue centrée sur Grace et qui va permettre au lecteur de mieux comprendre son comportement et sa personnalité complexe.

Comme d’habitude chez Nicolas Beuglet, l’histoire se déroule à cent à l’heure. L’héroïne n’a que quelques jours pour démêler tous les fils de l’enquête et le moins que l’on puisse dire c’est que ça déménage. Grace est dans une véritable quête de vérité et de vengeance dont l’issue sera l’apaisement de sa conscience et le fait de pouvoir enfin vivre normalement.

Il y a une vraie critique sous-jacente de nos sociétés modernes et du délitement de la culture, les arguments font frémir, on sent que l’auteur s’est bien documenté.

Un bon thriller qui éveille le questionnement.

XO Editions

« Tout autre nom » de Craig Johnson

Le shérif Walt Longmire reprend du service. On fait appel à lui pour enquêter sur le suicide de l’inspecteur Gerald Holman qui se serait tiré deux balles dans la tête.

Pour comprendre son geste, Walt se penche sur les dossiers que Gerald était en train de traiter. Une affaire de disparitions de femmes semble une piste intéressante pour commencer.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore les romans de Craig Johnson et son personnage de Walt Longmire, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger.

Walt Longmire est shérif dans le Wyoming. Il est intransigeant, droit dans ses bottes, fidèle en amitié et surtout tenace quand il s’agit de mener une enquête jusqu’au bout. Le Wyoming est aussi un personnage à part entière dans les romans de Johnson. Un climat rude, froid et dangereux où il ne fait pas forcément bon vivre.

Dans cet opus Walt va encore devoir arpenter les décors arides du Wyoming en hiver, tempêtes de neige, rencontre avec des bisons et de superbes descriptions de paysage. Une enquête non sans danger, passionnante car elle met en avant notre héros dans toute sa splendeur. Un brin macho avec des répliques savoureuses.

Éditions Points.

« L’inconnu de la forêt » de Harlan Coben

Un petit garçon est retrouvé dans la forêt. Il semblerait qu’il vit là depuis longtemps mais qu’il s’est adapté. Il a même appris à lire et écrire en entrant clandestinement dans des maisons. On l’appelle Wilde.

Quelques années plus tard, Wilde vit toujours dans la forêt mais s’est forgé une réputation de détective privé. On fait appel à lui pour des enquêtes plutôt pointues.

Justement Hester Crimstein, avocate et amie de longue date, fait appel à lui. Son petit-fils Matthew est inquiet, une de ses camarades de classe a disparu. Celle-ci était le souffre-douleur de la classe et Matthew craint qu’elle n’ait fait une bêtise.

Harlan Coben connait la technique pour dérouler son histoire et faire en sorte que le lecteur veuille connaître la suite. Il instille des petits indices qui pourraient nous faire croire qu’on a résolu l’enquête. Et puis il nous emmène tout ailleurs histoire de bien montrer qui tient les rênes du récit.

Non nous ne sommes pas surpris par l’écriture de Coben que l’on connait si bien mais l’histoire tient la route avec un personnage principal énigmatique et complexe et des sujets d’actualité intéressants, le harcèlement scolaire et numérique, la corruption en politique et la montée au pouvoir d’un homme d’affaire qui veut tout révolutionner.

Un Coben efficace en somme.

Édition Belfond.