Heurs et malheurs du sous-majordome Minor de Patrick DeWitt

Aujourd’hui je vous parle de “Heurs et malheurs du sous-majordome Minor” de Patrick DeWitt, édité chez Actes Sud. J’ai découvert cet auteur avec “les frères sisters”, un western décalé, adapté au cinéma par Jacques Audiard en 2018.
Ici nous allons suivre Lucy Minor, un jeune homme méprisé et rejeté par son entourage qui accepte une offre d’emploi de sous-majordome au château von Aux. Après des rencontres malheureuses qui le délestent de sa bourse et de sa pipe, il arrive au château et fait la rencontre de M. Olderglough, le majordome. Il découvre peu à peu son nouvel univers très déroutant et rencontre au village Klara dont il tombe amoureux.
Difficile de résumer ou de “pitcher” ce roman tellement il est fantaisiste. Si vous ne connaissez pas encore la plume de Patrick DeWitt, sachez qu’il excelle dans l’humour noir, les personnages étranges et les situations rocambolesques, tout ça pour servir au lecteur une histoire souvent caustique.
L’atmosphère de ce château et de ses environs est oppressante, tous les personnages agissent bizarrement et au milieu de tout ça Lucy évolue, se fond dans le paysage et se découvre enfin. Il ne sera fait aucune mention de temps ou de lieu, ce qui rend cette histoire d’autant plus fantastique.
En lisant ce livre j’avais l’impression d’être dans un film de Wes Anderson, il y a du “Grand Budapest Hotel” et du “Darjeeling limited” dans cette histoire, tout ça mâtiné avec un peu de Tim Burton.
Je vous conseille de découvrir cet ovni littéraire.

Un long retour de Louise Penny

Aujourd’hui je vous parle d’une auteure canadienne que j’aime beaucoup, Louise Penny.

Dans “un long retour” on retrouve Armand Gamache, son personnage fétiche, qui est désormais à la retraite. Anciennement inspecteur-chef à la sureté canadienne, il a décidé de raccrocher les gants après une enquête très éprouvante. Mais son amie et voisine Clara Morrow lui demande son aide. Peter, son mari, qui devait rentrer après une année de séparation, n’a toujours pas donné signe de vie.

Ce que j’aime dans cette série de polar c’est l’ambiance propre au lieu de l’action, le Canada. Tout est feutré, ouaté comme dans une bulle de mousse ou de neige. Les personnages prennent leur temps, ils sont plus dans la réflexion que dans l’action et n’agissent qu’une fois qu’ils ont bien réfléchi. Tous les personnages, même les secondaires, sont importants dans le récit et ont leur place. On sent que Louise Penny les aime ses personnages et prend plaisir à les mettre en scène.

L’enquête sur la disparition de Peter Morrow permet en plus d’en apprendre davantage sur le milieu artistique canadien. Personnellement l’auteure fait référence à des peintres dont je n’ai jamais entendu parler mais j’ai eu envie d’aller voir les œuvres qu’elle cite, notamment les peintures de Clarence Gagnon ou Tom Thomson.

Si vous ne connaissez pas cette série et que ça vous tente, le mieux c’est de commencer par le premier “Nature morte”.

« Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu

« Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu
Chroniques de livres et conseils de lecture

 

Quatre étés de 1992 à 1998, qui racontent la vie de quelques adolescents dans un ville de l’Est. Une ville touchée par le chômage suite à l’arrêt des hauts-fourneaux. Les pères n’ont plus de travail et boivent des coups au bar du coin, les jeunes traînent leur mal-être.

Anthony a quatorze ans. Avec son cousin ils bravent les interdits afin de vivre un peu et rompre la monotonie ambiante. Hacine, lui, a 16 ans et c’est le petit caïd de banlieue. Stéphanie ne rêve que d’une chose, partir loin d’ici.

Chronique sociale d’une vallée industrielle à l’abandon, « Leurs enfants après eux » c’est aussi la chronique de la jeunesse de l’époque, avec ce que ça comporte de violence, de sexe, d’alcool, tout ça sous fond de racisme.

Nicolas Mathieu nous donne à penser avec son écriture intense, très juste, et des dialogues au plus près de la réalité. Des personnages d’une terrible vérité. Un texte bouleversant empreint de poèsie et de mélancolie.

Une très belle plume à suivre de près.

Editions Actes Sud.

Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi

 

  Magyd Cherfi, parolier et chanteur de Zebda, raconte l’année où il a passé son bac. Une formalité pour un « français » mais un évènement pour un « indigène ».

En 1981, en banlieue toulousaine, Magyd écrit des poèmes et se fait malmener parce qu’il passe pour un intello. Sa mère attend de lui qu’il passe son bac, consécration pour ces immigrés maghrébins.

Magyd Cherfi raconte son adolescence mais c’est l’histoire de toute une génération qu’il met en avant et qu’il représente.

Crise identitaire, intégration, banlieue, il nous parle de tout ça de manière inimitable, avec humour, détachement mais aussi avec beaucoup d’émotion.

Instructif et nécessaire.

Edition Actes Sud

 

« Je me remémorais nos années d’ados qui nous avaient vus tous les deux privés de foot et de jeux avec les copains, interdits de bon temps et d’aventures de cape et d’épée, sauf que moi j’avais trouvé un véhicule qui m’emmenait beaucoup plus loin que le terrain de foot : l’écriture. Lui s’ennuyait et rongeait son frein avec des envies de vengeance quand je rêvais d’en découdre avec les mots. Des mots qu’il n’avait pas. Il n’avait que l’élasticité de son corps pour s’exprimer, un corps allumé par une âme rancunière. Méchante mixture.  »

« On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits. On a aimé ce « nous » qui nous a faits frères avec les « cheveux lisses ». On ne savait rien d’une quelconque histoire nous concernant, pas la moindre référence d’un grand homme de lettres, d’un poète, d’un peintre, d’un architecte de Béjaïa ou d’Alger, rien d’un sportif de Sidi Bel-Abbès ou d’un exploit auquel s’identifier. Alors on s’est aggrippés au conte gaulois, aux pages pleines de héros blonds aux yeux d’émeraude et on trouvait ça chouette d’être blond, d’avoir les yeux bleus. »

« Désaxé » de Lars Kepler

"Désaxé" de Lars Kepler. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« Désaxé » de Lars Kepler. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Envie d’un polar qui fait froid dans le dos?
Vous aimez les romans scandinaves?
Voici ma potion:

Une vidéo anonyme est envoyée à la police de Stockholm. On peut y voir une femme qui enfile ses collants. Quelqu’un la filme de l’extérieur à son insu. Le lendemain cette femme est retrouvée sauvagement assassinée. Quand une deuxième vidéo arrive avec le même procédé, l’inspectrice Margot Silverman, enceinte de huit mois, ne sait pas comment résoudre l’affaire.

Elle sera aidée par le psychologue Erik Maria Bark, adepte de la thérapie par l’hypnose, et par le fameux Joona Linna, revenu d’entre les morts.

Le duo d’auteurs qui forme Lars Kepler nous embarque une fois encore dans leur histoire. Le lecteur est happé par cette enquête complexe et déroutante. On retrouve les personnages phares de Kepler, l’hypnotiseur et l’inspecteur Linna (même si vous n’avez pas lu les précédents opus, vous pouvez lire celui-ci sans manquer d’éléments).

« Désaxé » parle des stalker, ces voyeurs qui font des fixations sur une personne. Ils les espionnent, volent des objets appartenant à ces personnes et souvent vont jusqu’au meurtre.

Lars Kepler régale le lecteur avec des personnages puissants, un récit captivant, une enquête effrénée et un rythme de dingue.

Bref vous ne lâcherez pas ce roman avant de l’avoir fini.

Édition Actes Sud