La bête en elles de Camille Lysière

Aujourd’hui je vous parle de “La bête en elles” de Camille Lysière, édité chez Eyrolles. J’ai rencontré l’auteure lors d’un salon, je ne la connaissais pas mais le sujet de son livre m’a interpellé et comme elle m’en a très bien parlé, je me suis dit que j’allais découvrir.


Marie a 17 ans, elle vient de passer le bac et pour se faire un peu d’argent elle monte à Paris pour travailler tout l’été. Elle sera hébergée par des amis de ses parents. Olivier, journaliste, et Sylvaine qui travaille à la télé. Tout se passe pour le mieux jusqu’à cette nuit où Olivier s’invite dans sa chambre et la viole. Marie est tétanisée. Que faire ? On ne croira jamais une jeune fille face à cet homme connu. Quand le viol se reproduit, toute volonté l’abandonne.
Marie n’est pas la seule à vivre ça. A des époques différentes, d’autres jeunes filles ont vécu ce même traumatisme.

Camille Lysière traverse le temps pour nous montrer la même histoire et la façon dont chaque personnage réagit selon l’époque. Avec à chaque fois la même rage en elles.
C’est un procédé que je n’avais encore jamais lu je crois. Réécrire la même histoire en changeant juste les prénoms et la période temporelle. C’est très intelligent et met en relief l’idée que de tout temps les femmes ont été victimes de viol, l’auteure pointe du doigt non seulement le traumatisme physique mais surtout le traumatisme psychologique qui en résulte.
C’est très juste dans le fond et très bien écrit pour la forme.
A découvrir si le sujet vous intéresse.

« L’empathie » de Antoine Renand

« Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte »

Cette phrase d’accroche en forme de teaser n’est pas anodine. En effet, Alpha est un prédateur sexuel hyper violent, il escalade les murs des immeubles et s’immisce chez des couples qu’il a croisé auparavant, par hasard. Il prend plaisir à frapper l’homme, tout en le gardant éveillé afin qu’il assiste au viol de sa femme. Ultra violent et ultra méthodique.

Anthony Rauch, alias la Poire, est sur l’enquête qui vise à mettre fin aux agissements du « lézard ». Capitaine de police dans une brigade spécialisée dans les crimes sexuels, on comprend vite qu’il a lui-même pas mal de choses à cacher.

Pour un premier roman Antoine Renand frappe fort. Il maitrise son sujet, très dur au demeurant. Il pousse la prouesse à créer des personnages très complexes. On rentre dans la psyché de chaque personnage, ils ont tous un passé douloureux et un sacré bagage à porter.

L’écriture est directe, les choses sont dites, même les plus crues. Les scènes de viol sont particulièrement dures. Âme sensible s’abstenir. Grâce à la construction originale de son thriller et des digressions qui forment finalement un tout, Antoine Renand tient le lecteur du début à la fin. C’est oppressant et dérangeant avec un sentiment d’urgence tout le long de l’histoire.

Voilà un auteur qui rentre par la grande porte dans le monde du thriller.

Édition Pocket

« Les corps inutiles » de Delphine Bertholon

"les corps inutiles" de Delphine Bertholon. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
« les corps inutiles » de Delphine Bertholon. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous cherchez un beau livre sur l’adolescence?
Vous aimez les personnages intenses?
Voici ma potion:

Clémence a quinze ans. Elle se prépare pour aller à une fête chez des copains. C’est la fin des années collège.

En chemin, elle se fait agresser. Un homme tente de la violer. Heureusement, il ne peut pas l’emmener où il voulait et s’enfuit en ne l’ayant que « toucher ».

Mais voilà, même s’il n’y a pas eu viol physique, Clémence se sent violée psychologiquement. Elle ne va rien dire à personne, ne va pas savoir comment en parler.

Quinze ans plus tard, Clémence est une jeune femme solitaire et célibataire. Après avoir été maquilleuse professionnelle pour le cinéma, elle a décidé de tout quitter pour maquiller des poupées grandeur nature destinées aux hommes seuls pour une entreprise appelée « la Clinique ».

« Les Corps Inutiles » c’est l’histoire d’une fille dont la vie est dévastée par une agression, une fille qui ne pourra plus jamais être la même , qui n’arrivera pas à passer à autre chose.

Chaque 29 du mois elle se sent obligée de fêter ce sinistre anniversaire en appâtant des hommes et en passant la nuit avec eux, sans jamais rien ressentir , comme une punition qu’elle s’infligerait à elle-même.

C’est un roman sur l’hypersensibilité mais aussi sur « l’hyposensibilité ». Depuis son agression Clémence ne ressent plus rien, ni le chaud ni le froid, mais ne ressent plus rien non plus dans son coeur. Elle n’aime personne.

Clémence est un personnage tendu, attachant, émouvant mais aussi énervant. On l’aime et on a envie qu’elle s’en sorte. A son mal-être s’ajoute le manque de communication qu’il y a toujours eu avec ses parents. Elle est isolée dans sa détresse.

L’écriture de Delphine Bertholon est dense, intense, sur le fil, elle ne nous cache rien et ne s’interdit rien. Un portrait sans concession.

Je vous conseille ce beau livre sur les blessures et la résilience.

Édition Le livre de Poche