Aujourd’hui je vous parle de “un cœur sombre” de RJ Ellory, édité chez Sonatine et au Livre de Poche.
Vincent Madigan est flic, ce genre de flic qui peut faire quelques compromissions avec son rôle de porteur de la loi et qui a donc plus d’une fois franchi la ligne rouge. Il boit trop, prend des cachets en tous genres et pour sortir de cette spirale infernale a la bonne idée de braquer le plus gros bandit du coin à qui il doit de l’argent. Bien évidemment les choses ne se passent pas comme prévu, il est obligé de tuer ses complices, une petite fille est blessée et il va tout mettre en œuvre pour essayer de réparer ses erreurs.
“Un cœur sombre” c’est l’histoire d’un anti-héros. Le portrait d’un homme pétri d’ambiguïté et de culpabilité, capable du pire comme du meilleur. Un homme qui s’est laissé entrainer du côté obscur malgré lui. Un vrai ripou à qui on n’arrête pas de dire que c’est un homme bien.
C’est un véritable pari de prendre pour héros un personnage aussi ambivalent.
Franchement je n’arrive pas à comprendre pourquoi je n’ai pas lu ce livre avant, moi qui suis une si grande fan de Ellory. Il y a tout ce qu’on peut attendre d’un roman noir, des personnages sombres, des meurtres, des questionnements, des remises en question, de la tension, des rédemptions.
Peut-on être lavé de tous nos péchers si on fait une bonne action ? Question en filigrane de tout le roman.
C’est noir, c’est violent, c’est brillant, comme un film de Coppola ou de Scorsese mâtiné de Tarantino. R.J. Ellory est décidément un des meilleurs auteurs anglais du moment.
« Les anonymes » de R.J Ellory
Quatre femmes ont été assassinées à Washington. Elles ont été retrouvées accroupies au pied de leur lit, rouées de coup, un ruban autour du cou.
Il n’en faut pas plus aux journalistes pour créer la légende du Tueur au Ruban. Mais l’inspecteur Miller s’interroge car le modus operandi de la dernière victime diffère un peu des précédentes. Qui plus est, la vie de cette femme présente énormément de blancs, comme si elle n’avait jamais existé.
A chaque lecture d’un roman de R.J Ellory on entre un peu plus dans les méandres de la politique américaine. A chaque fois l’auteur nous dévoile une part sombre de l’Amérique. Dans « Les Anonymes » , Ellory touche au sujet de l’ingérence de certains organismes américains type CIA dans la politique d’autres pays, en l’occurrence le Nicaragua. Et surtout aux « méthodes » de ces fameux organismes.
L’enquête sur les meurtres est le fil de la pelote qu’on déroule. Elle va permettre de mettre au jour un engrenage d’une ampleur nationale qui va aller bien au-delà des compétences des inspecteurs en charge.
R.J Ellory nous régale avec son écriture incisive et ses personnages toujours un peu bancales et torturés mais qui sont si proches de la réalité. Le rythme de l’enquête est lent, à l’image des difficultés des inspecteurs à démêler les rouages de l’intrigue.
Une grande réussite.
Edition Le Livre de Poche
« Seul le silence » de R.J.Ellory
Au fin fond de la Géorgie, Joseph, douze ans, vit seul avec sa mère, son père étant récemment décédé. Près de chez eux des fillettes sont sauvagement assassinées après avoir été violées. Cela dure depuis quelques mois, Joseph découvre même une des victimes aux abords de sa maison. Cet évènement va le marquer à jamais. Et même alors qu’il aura quitté la région pour s’installer à New-York, cette histoire va le rattraper, les meurtres n’ont jamais cessé.
Premier roman de R.J.Ellory édité en France, « Seul le silence » marque le début d’un auteur important, qui a son univers à lui et sa façon propre de raconter des histoires.
« Seul le silence » est un roman prenant, intense. Ellory nous compte l’histoire de Joseph, un homme aux prises avec les démons de son enfance, hanté par les meurtres barbares de petites filles qu’il connaissait. Exceptionnellement doué pour l’écriture, il va s’en servir pour exorciser tout ça. Accablé par les évènements tragiques qui traversent sa vie, il n’aura de cesse de trouver l’assassin.
Un roman dense et poignant. On suit ce personnage de son enfance à son âge adulte et on est en totale empathie avec lui. Comment peut-on vivre en endurant tant de souffrance? Un roman noir avec en filigrane ces meurtres commis par un esprit complètement dérangé.
Je ne peux que vous le recommander.
Édition Le Livre de Poche
« Le jour où Kennedy n’est pas mort » de R.J.Ellory
Il y a des auteurs que l’on suit depuis longtemps, qui nous ont bousculé et retourné, et qui ne nous déçoivent jamais. Ellory est de ceux-là. Peu importe le sujet traité le lecteur sait qu’il va lire un grand livre.
Le 22 Novembre 1963, Kennedy ne sera pas assassiné par Lee Harvey Oswald. En 1964 il se lance dans la course à la réélection. Campagne menée essentiellement par son frère Bobby qui doit à tout prix cacher les tromperies et les problèmes de santé de Jack.
Dans le même temps, Mitch, photojournaliste, apprend que son amour de jeunesse, Jean, s’est suicidée. Malgré les nombreuses années sans se parler, il a du mal à croire qu’elle ait pu faire ce geste. Elle était une journaliste tenace et ne lâchait prise qu’une fois son article bouclé. Mitch commence à enquêter de son côté. Il comprend vite qu’elle était sur une histoire sulfureuse.
Ellory s’essaie à l’uchronie et ça marche. Et si Kennedy n’avait pas été assassiné ce jour de 1963? Kennedy qui reste un des sujets préférés de nombreux écrivains, notamment Stephen King et son « 22-11-63 ». L’auteur imagine cet espace temps parallèle en se fondant sur des rumeurs réelles de l’époque. Il nous fait rentrer dans les arcanes de la politique américaine des années 60 où se mêlent abus de pouvoir, sexe et malversations.
Un récit mené tambour battant comme R.J.Ellory sait si bien le faire. C’est rythmé, angoissant, stressant. Le personnage de Mitch joue un véritable contre la montre, il n’a que peu de temps pour pouvoir démêler les fils de cette histoire ce qui crée ce sentiment d’urgence.
Les gens de pouvoir ont-ils toute impunité? C’est un peu ce dont il est question dans ce thriller. A ne pas manquer!
Édition Sonatine