Vous aviez aimé « Racines » de Alex Haley?
Vous espérez vous coucher moins bête ce soir?
Voici ma potion:
Au XVIIIème siècle au Ghana (anciennement la Côte de l’Or), deux filles naissent de la même mère mais dans deux villages différents, des villages rivaux, les Ashanti et les Fanti.
Alors qu’Effia, surnommée « la Beauté » est repérée par le nouveau gouverneur britannique en place et devient pour quelques sous sa « femme africaine », Esi est enlevée et emmenée au fort (dirigé par ce fameux gouverneur) où sont entassés les futurs esclaves en attente de partir pour le nouveau continent.
Chapitre après chapitre le lecteur va suivre la destinée des deux soeurs et de leurs descendants.
Ceux qui auront atterris en Amérique vont connaitre les affres de l’esclavagisme, dans les champs de coton et autres mines de charbon. Ils vont surtout connaitre la ségrégation, le racisme et la violence faite aux Noirs, à toutes les époques.
Les descendants de Effia, restés sur le continent africain auront aussi à faire face à de terribles bouleversements. Ils devront continuer pendant longtemps la pratique du commerce triangulaire initié avec les Anglais, continuer à profiter des guerres entre village pour enlever leurs rivaux et les revendre. Malgré l’éducation et l’aisance qu’ils pourront acquérir, ce lourd passé sera dur à porter et la fuite vers les Etats-Unis sera le seul moyen de se libérer.
Sur trois siècles Yaa Gyasi nous raconte l’histoire de cette famille noire, tiraillée par les guerres, par l’esclavagisme, et surtout par la cruauté de l’homme blanc. Elle parsème son récit de détails sur les coutumes africaines, sur la vie des esclaves dans les mines de charbon, sur l’arrivée de la drogue à Harlem dans les années 60. Chaque époque est très bien documentée et on y apprend beaucoup de choses.
Magnifiquement écrit, le lecteur suit avec plaisir et intérêt ces destinées. A travers une pléiade de personnages on voit et comprend l’évolution de la société. Chaque chapitre alterne d’un continent à un autre sans jamais que l’on soit perdu.
C’est un roman sur la condition des Noirs à travers les siècles mais aussi sur la condition de la femme noire, qui doit se montrer forte et vaillante pour porter la famille.
C’est tout simplement un livre sur la liberté.
Edition Calmann-Levy.