« Rédemption » de Matt Lennox

Leland King revient dans sa ville natale de l’Ontario après avoir passé dix-sept ans en prison. Sa mère est en train de mourir d’un cancer, sa sœur s’est mariée à un pasteur limite extrémiste et son neveu Pete essaie de s’en sortir après avoir quitté l’école. On ne sait pas tout de suite ce que Leland a fait mais son retour n’est pas apprécié par les gens du patelin. L’accueil est très froid notamment des autorités et de Stan Maitland, ancien flic à la retraite.


Un superbe roman à l’américaine dans la veine d’un Joseph Boyden ou Richard Russo. Matt Lennox, dont “Rédemption” est le premier roman, montre un talent certain pour les mots. Il décrit à merveille l’ambiance de cette petite ville où la religion a une grande place. Tout est extrêmement bien écrit, les personnages sont authentiques et les sentiments qui les traversent sont très forts.

Une sorte de fresque social où le sens moral, le respect de la famille sont primordiaux. Va-t-il être possible à Leland d’atteindre la rédemption ?


Je vous laisse lire ce beau roman pour le savoir!

Edition Albin Michel ou Le Livre de Poche

« My absolut darling » de Gabriel Tallent

L’univers de Julia Alveston alias Turtle tourne autour de son père, manipulateur et violent, et les bois autour de chez elle, qu’elle arpente fusil à la main. A 14 ans sa seule vie sociale se résume au lycée où elle n’a pas d’amis. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob et Brett, deux adolescents perdus dans la forêt à qui elle apporte son aide. 

Elle comprend alors que la vie qu’elle mène avec son père n’est peut-être pas irréversible et qu’elle peut chercher sa liberté.  

« My absolut darling » est une véritable claque littéraire, d’une puissance et une intensité folle. Gabriel Tallent démontre un talent dingue avec ce roman sur la relation exclusive et ambivalente entre un père et sa fille. Sous couvert de survivalisme Martin garde sa fille près de lui dans une relation de dépendance affective. Il lui voue un amour absolu, total, à la limite de la folie. 

Turtle va devoir briser le carcan paternel et se dépasser pour s’en sortir.  

C’est violent, empli de colère et de révolte et ça prend le lecteur aux tripes. Impossible de lâcher ce roman une fois qu’on l’a commencé.  

Edition Gallmeister

« Les anonymes » de R.J Ellory

Quatre femmes ont été assassinées à Washington. Elles ont été retrouvées accroupies au pied de leur lit, rouées de coup, un ruban autour du cou.

Il n’en faut pas plus aux journalistes pour créer la légende du Tueur au Ruban. Mais l’inspecteur Miller s’interroge car le modus operandi de la dernière victime diffère un peu des précédentes. Qui plus est, la vie de cette femme présente énormément de blancs, comme si elle n’avait jamais existé.

A chaque lecture d’un roman de R.J Ellory on entre un peu plus dans les méandres de la politique américaine. A chaque fois l’auteur nous dévoile une part sombre de l’Amérique. Dans « Les Anonymes » , Ellory touche au sujet de l’ingérence de certains organismes américains type CIA dans la politique d’autres pays, en l’occurrence le Nicaragua. Et surtout aux « méthodes » de ces fameux organismes.

L’enquête sur les meurtres est le fil de la pelote qu’on déroule. Elle va permettre de mettre au jour un engrenage d’une ampleur nationale qui va aller bien au-delà des compétences des inspecteurs en charge.

R.J Ellory nous régale avec son écriture incisive et ses personnages toujours un peu bancales et torturés mais qui sont si proches de la réalité. Le rythme de l’enquête est lent, à l’image des difficultés des inspecteurs à démêler les rouages de l’intrigue.

Une grande réussite.

Edition Le Livre de Poche

« L’art d’écouter les battements de coeur » de Jan-Philipp Sendker

Tin Win est un brillant avocat de Wall Street, bon père de famille. Un jour il disparait. Son passeport est retrouvé quelques semaines plus tard près de Bangkok.

Quatre ans plus tard, sa fille Julia qui est devenue avocate à son tour, découvre des lettres d’amour que son père aurait écrites mais jamais envoyées à Mi Mi, une jeune femme birmane.

Décidée à découvrir ce qu’il est vraiment advenu de son père et surtout à résoudre l’énigme autour de son passé, elle va partir en Birmanie. Un nouveau monde s’ouvre à elle, très éloigné de son quotidien new-yorkais et la rencontre avec U Ba va lui apprendre qui était son père.

Voilà un beau roman que j’ai lu il y a quelques années maintenant mais qui m’est resté longtemps en mémoire et que j’avais envie de mettre en avant.

« L’art d’écouter les battements de cœur » est un roman d’amour, filial et fusionnel, mais aussi un récit initiatique. En comprenant la vraie nature de son père, Julia se découvre elle-même. Les croyances birmanes vont mettre à mal sa carapace occidentale et elle ne sera plus jamais la même.

L’écriture est simple, profondément sincère et le lecteur peut puiser un peu de sagesse dans cette histoire émouvante. J’aime les livres qui redonnent foi en l’humanité!

Le Livre de Poche.

« Le dernier mot » de Hanif Kureishi

"le dernier mot" de Hanif Kureishi. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA
« le dernier mot » de Hanif Kureishi. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA

Vous aimez les romans à l’humour anglais?
Vous aimez Martin Amis ou Joseph Connolly?
Voici ma potion:

Un jeune écrivain ambitieux se voit attribué par son agent la lourde tâche d’écrire la biographie de Mamoon Azam, auteur indien de renom. Le but de ce livre étant de redonner un peu de notoriété à cet auteur qui n’a rien écrit depuis longtemps.

Harry Jonhson, le jeune biographe, vient passer quelques temps dans la maison de campagne de l’auteur. Il aura fort à faire avec le mutisme de Mamoon qui n’est pas prêt à se laisser cerner facilement et avec l’extravagance de Liana, sa femme, qui veut à tout prix que son mari redevienne celui qu’il était, pour pouvoir retourner vivre à Londres.

Hanif Kureishi nous offre une palette de personnages très enlevés, toujours extrêmement bien développés et décrits comme il sait le faire.

Le vieil auteur, un peu aigri, en panne d’inspiration, qui veut bien qu’on fasse sa biographie mais qui ne veut pas révéler certains secrets.
Le jeune auteur, les dents longues, tenace qui ne veut pas faire un livre consensuel.

Autour de ces deux hommes gravitent toute une panoplie de femmes : l’épouse, la petite amie, les maîtresses de l’un et de l’autre, la servante. Ce sont deux hommes, chacun à leur manière, qui ont du sex-appeal et attirent irrésistiblement les femmes. Ces femmes qui n’auront pas un rôle accessoire, loin de là.

Le lecteur assiste à une sorte de duel verbal, de combat de mots entre ces deux écrivains. Certaines choses vont rentrer en jeu, l’admiration de Harry qui se ternit au fur et à mesure qu’il découvre Mamoon, la réticence de celui-ci à se dévoiler ce qui attise d’autant plus la curiosité de son biographe, l’idée de l’écriture bien sûr et l’influence et l’importance des femmes dans la vie d’un écrivain.

« Le dernier mot » c’est avant tout une comédie sociale, un roman satirique sur le métier d’écrivain tout ça avec beaucoup d’humour.

Comme c’est moi qui ai le dernier mot, lisez le!

Edition Christian Bourgois