Black Manoo de Gauz

Aujourd’hui je vais vous parler de “Black Manoo” de Gauz que j’ai lu dans le cadre du prix du meilleur roman points.

Gauz, je le connaissais car j’avais lu “debout-payé” dans le cadre d’un autre prix littéraire et déjà j’avais pu noter l’originalité de son écriture, vraiment différente de ce qu’on pouvait lire à l’époque de sa sortie.

Black Manoo est ivoirien, Emmanuel de son prénom. Dans les années 90 il débarque en France avec un faux visa. Erudit, il connait la généalogie des rois de France par cœur, il n‘en est pas moins aussi accro au crack. Ses débuts à Belleville sont compliqués mais il réussit à se faire une place dans cette jungle urbaine.

Au travers de son parcours, Gauz nous donne à voir la vie des clandestins et migrants de l’époque. Grâce à sa prose colorée, musicale et souvent drôle, l’auteur nous fait entrer dans le quotidien de tous ses personnages. Ça peut paraitre léger, la forme est légère (ce qui n’est aucunement une critique) mais le fond est très fort. Une véritable plongée dans les quartiers populaires et la manière dans les gens à la marge, les invisibles, survivent.

Evidemment mention spéciale pour son héros qui donne véritablement à réfléchir sur notre société.

Connaissez vous cet auteur ou ses romans ??

Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi

 

  Magyd Cherfi, parolier et chanteur de Zebda, raconte l’année où il a passé son bac. Une formalité pour un « français » mais un évènement pour un « indigène ».

En 1981, en banlieue toulousaine, Magyd écrit des poèmes et se fait malmener parce qu’il passe pour un intello. Sa mère attend de lui qu’il passe son bac, consécration pour ces immigrés maghrébins.

Magyd Cherfi raconte son adolescence mais c’est l’histoire de toute une génération qu’il met en avant et qu’il représente.

Crise identitaire, intégration, banlieue, il nous parle de tout ça de manière inimitable, avec humour, détachement mais aussi avec beaucoup d’émotion.

Instructif et nécessaire.

Edition Actes Sud

 

« Je me remémorais nos années d’ados qui nous avaient vus tous les deux privés de foot et de jeux avec les copains, interdits de bon temps et d’aventures de cape et d’épée, sauf que moi j’avais trouvé un véhicule qui m’emmenait beaucoup plus loin que le terrain de foot : l’écriture. Lui s’ennuyait et rongeait son frein avec des envies de vengeance quand je rêvais d’en découdre avec les mots. Des mots qu’il n’avait pas. Il n’avait que l’élasticité de son corps pour s’exprimer, un corps allumé par une âme rancunière. Méchante mixture.  »

« On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits. On a aimé ce « nous » qui nous a faits frères avec les « cheveux lisses ». On ne savait rien d’une quelconque histoire nous concernant, pas la moindre référence d’un grand homme de lettres, d’un poète, d’un peintre, d’un architecte de Béjaïa ou d’Alger, rien d’un sportif de Sidi Bel-Abbès ou d’un exploit auquel s’identifier. Alors on s’est aggrippés au conte gaulois, aux pages pleines de héros blonds aux yeux d’émeraude et on trouvait ça chouette d’être blond, d’avoir les yeux bleus. »