« La nuit en vérité » de Véronique Olmi

Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA
Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA

Vous aimez les histoires de quête de soi, les romans sur l’adolescence?
Vous aimez Sylvie Germain, Claudie Gallay?
Voici ma potion:

Enzo, 12 ans, vit avec sa mère Liouba dans un grand appartement parisien. On comprend rapidement qu’ils ne sont pas chez eux. Liouba garde et fait le ménage de l’appartement pendant que les propriétaires sont en voyage.

Liouba est une toute jeune mère, Enzo étant né alors qu’elle n’avait que 16 ans. Enzo est un jeune garçon très enrobé qui subit constamment les mauvaises blagues de ses camarades. Il est la cible de toute la haine que peuvent contenir les adolescents. Non seulement il est hors norme parce qu’il est gros mais en plus il s’appelle Popov, sa mère ayant de lointaines origines russes, ce qui catalyse d’autant plus le regard des autres.

Véronique Olmi nous offre deux personnages mal dans leur peau et mal dans leur vie. Liouba est mère mais étant encore très jeune elle a aussi envie d’en profiter. Elle se lance tous les jours dans un ménage acharné alors que les propriétaires ne sont quasiment jamais là. Elle veut prendre soin de son fils sans réaliser ou sans vouloir s’avouer que celui-ci a des problèmes.

Enzo est un adolescent perturbé, mal dans sa chair, qui ne trouve que du bien-être en mangeant. Il est perdu, n’a jamais su qui était son père et n’ose pas poser de question à sa mère qui refuse de parler du passé ou de sa famille. Il subit les brimades des collégiens sans se révolter comme s’il acceptait tout ça, comme si c’était normal.

Jusqu’au jour où les brimades se transforme en véritable lynchage.

Le garçon échappe à sa condition par la lecture qui nourrit son imaginaire et surtout grâce à ses « virées » nocturnes. Dans ses rêves (bien qu’on ne sache jamais vraiment s’il est éveillé ou endormi), il s’enfuit de la petite chambre qu’il partage avec sa mère et rencontre des personnages, notamment un soldat russe de 14 ou un de ses ancêtres.

Véronique Olmi décrit avec justesse et tendresse cette relation mère-fils un peu marginale. Tout en pudeur, ces deux personnages ne savent pas comment se dire qu’ils s’aiment.

Enzo va devoir trouver tout seul une échappatoire à sa condition.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, outre la relation mère-fils, l’auteur parle de l’adolescence, de l’exclusion, de l’importance des origines et de savoir d’où l’on vient.

Un nuit en vérité pour une quête de soi.

Edition Albin Michel

« L’invention de nos vies » de Karine Tuil

Chroniques de livre & conseils de lecture. L'invention de nos vies de Karine Tuil par MLBA
Chroniques de livre & conseils de lecture. L’invention de nos vies de Karine Tuil par MLBA

Vous avez envie d’un roman qui parle d’identité, vous aimez les intrigues?
Vous aimez Frédérique Deghelt ou Alice Ferney?
Voici ma potion:

L’invention de nos vies c’est l’histoire d’une imposture.

Trois amis inséparables: Samuel et Nina, qui sont en couple, et Samir. Alors que Samuel part enterrer ses parents, morts dans un accident, Samir séduit Nina dont il est épris depuis leur rencontre. Pourtant quand Samuel revient, Nina le choisit et reste avec lui. Samir, lui, disparaît.

Vingt ans plus tard, Samuel est un écrivain raté, Nina toujours à ses côtés, ils vivotent dans un appartement minable. Un soir, à la télé, ils aperçoivent Samir, qui est devenu un brillant avocat à New-York. Tout lui a réussi, une carrière fantastique, un mariage de rêve avec une des héritières juives les plus riches de New-York et deux beaux enfants.

Mais tout ceci ne repose sur rien de vrai. Samir, alors qu’il cherchait du travail et que tous les cabinets d’avocats lui claquaient la porte au nez, décide de raccourcir son prénom à Sam. On le prend alors pour un juif et lui, loin de démentir, s’approprie cette nouvelle identité ainsi que le passé de son ami Samuel.

Nina et Samuel décident quant à eux de reprendre contact avec lui. Décision qui va mettre en branle de lourdes conséquences pour chacun.

Karine Tuil nous fait entrer dans cette spirale du mensonge.

Comment un petit mensonge, un « non-démenti », va entrainer de gros mensonges jusqu’à ne plus savoir qui on est vraiment.

Samir Tahar est un personnage complexe, enfermé dans ses mensonges, les retrouvailles avec ses anciens amis vont servir de catalyseur afin qu’éclate la vérité.

Karine Tuil parle dans ce roman de l’idée d’identité, que ce soit au sens premier du terme (peut-on vivre toute une vie en mentant à tout le monde, en n’étant pas vraiment soi-même?), de l’identité au niveau culturel (peut-on vivre en reniant ses racines, ses origines? Samir est musulman, Samuel juif). Elle traite aussi de l’identité sociale, comment le rang que l’on occupe dans la société peut évoluer, un jour en haut de la pyramide, le lendemain en bas ou inversement, et bien sûr comment les gens nous perçoivent selon notre rang.

Vous trouverez des réponses à toutes ces questions dans ce beau roman qui se lit presque comme un thriller.

Edition Grasset