Vous avez envie d’un roman qui vous surprenne, d’un huis-clos angoissant?
Vous aimez Paul Auster et Douglas Kennedy?
Voici ma potion:
L’histoire se passe le jour de Noël. Holly et son mari Eric, traînent au lit. Elle s’est réveillée un peu plus tôt prise d’une angoisse pour vérifier si sa fille dormait bien et, une fois recouchée, sombre à nouveau dans le sommeil. Au réveil, c’est la panique. Eric doit partir précipitamment chercher ses parents à l’aéroport. Holly, elle, doit préparer le repas car ils reçoivent toute la famille, comme tous les ans. L’humeur, aujourd’hui, n’y est pas.
Une longue journée commence alors. Tatiana, sa fille de 15 ans, agit bizarrement. Cette adolescente d’habitude très gentille et douce se révèle revêche et acerbe avec sa mère. Tout au long de cette journée, Holly va se rappeler comment ils ont adopté cette petite fille en Sibérie. Comment les choses se sont passées pendant leurs deux voyages là-bas, comment ils sont tombés fous amoureux de ses grands yeux. On comprend petit à petit que cet orphelinat perdu de Sibérie avaient des méthodes un peu particulières.
Tatiana se montre donc de plus en plus désagréable avec sa mère et celle-ci ne sait plus comment agir avec elle. D’autant plus qu’elles se retrouvent bloquées toutes les deux. Une tempête de neige sévit à l’extérieur, aucun des invités ne peut venir et son mari est coincé à l’hôpital, sa mère ayant fait un malaise. L’isolement va s’ajouter à l’ambiance lourde de la maison, une situation banale qui va devenir cauchemardesque.
Laure Kasischke, comme à son habitude, nous happe dans son univers. Elle arrive à distiller une angoisse sourde dans tous ses romans. Les choses semblent en apparence ordinaires mais il ne faut jamais s’y fier. Rien n’est comme on l’attend.
Elle aborde là le thème mère-fille, que ce soit Holly et sa fille Tatiana, mais aussi Holly et sa mère. On apprend que Holly a perdu sa mère très tôt d’une grave maladie, que sa soeur aussi est morte de cette maladie et qu’elle-même a décidé de tout se faire enlever pour ne pas mourir aussi. D’où l’adoption abordée aussi dans ce roman. Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir un enfant? Est-on prêt à fermer les yeux sur vraiment tout? Comment le lien se crée entre adoptés et adoptants ?
D’ailleurs que s’est-il vraiment passé en Sibérie? Qui ont-ils ramené? Holly se répète toute la journée ce mantra « quelque chose les avait suivies depuis la Russie ». Des questions dont on ne connaîtra la réponse qu’à la toute fin du roman, ce qui remettra en perspective celui-ci. Une fin hallucinante qui vous donnera envie de rouvrir le livre de suite.