« Peine perdue » de Olivier Adam

Peine perdue de Olivier Adam. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.
Peine perdue de Olivier Adam. Chroniques de livres et conseils de lecture par MLBA.

Vous avez envie d’un bon roman social ?
Vous aimez Steinbeck ou Hanif Kureishi?
Voici ma potion :

Une station balnéaire de la Côte d’Azur, hors période estivale. Les plages sont désertes. Pourtant tout un panel de personnages va se croiser autour d’une tempête qui va secouer durement la région et autour de l’agression d’Antoine, le premier portrait du roman.

Antoine, qui vivote depuis son licenciement, vit dans un camping où il retape les mobile-homes en attendant la saison. C’était un as du foot mais qui n’a jamais fait carrière à cause de son caractère tempétueux.

Son ex-femme, Marion, l’a quitté pour quelqu’un de plus stable. Même si elle est toujours amoureuse du père de son fils, elle a choisi la raison plutôt que la passion.

Il y a aussi le père d’Antoine, qui ne s’est jamais remis de la mort de sa femme, l’infirmière qui s’occupe de lui à l’hôpital. Ou encore Pierre et Hélène, qui, lors de la tempête ont décidé de prendre le large. Léa que l’on découvre sur la plage après l’orage et qui ne veut pas dire un mot.

Vingt-deux personnages qui donnent chacun leur point de vue afin de faire un ensemble.

Autant de caractères très bien décrits, terriblement intenses. En quelques pages le lecteur entre dans la vie de chacun.

Olivier Adam nous régale une fois de plus. Il dépeint un monde noir, désenchanté avec des protagonistes désespérés. Il décrit le monde d’aujourd’hui, pas très gai mais avec lequel il faut vivre.

« Peine perdue » c’est une écriture dense, qui prend aux tripes.

Édition Flammarion

« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke

Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d'hiver de Laura Kasischke par MLBA.
Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d’hiver de Laura Kasischke par MLBA.

Vous avez envie d’un roman qui vous surprenne, d’un huis-clos angoissant?
Vous aimez Paul Auster et Douglas Kennedy?
Voici ma potion:

L’histoire se passe le jour de Noël. Holly et son mari Eric, traînent au lit. Elle s’est réveillée un peu plus tôt prise d’une angoisse pour vérifier si sa fille dormait bien et, une fois recouchée, sombre à nouveau dans le sommeil. Au réveil, c’est la panique. Eric doit partir précipitamment chercher ses parents à l’aéroport. Holly, elle, doit préparer le repas car ils reçoivent toute la famille, comme tous les ans. L’humeur, aujourd’hui, n’y est pas.

Une longue journée commence alors. Tatiana, sa fille de 15 ans, agit bizarrement. Cette adolescente d’habitude très gentille et douce se révèle revêche et acerbe avec sa mère. Tout au long de cette journée, Holly va se rappeler comment ils ont adopté cette petite fille en Sibérie. Comment les choses se sont passées pendant leurs deux voyages là-bas, comment ils sont tombés fous amoureux de ses grands yeux. On comprend petit à petit que cet orphelinat perdu de Sibérie avaient des méthodes un peu particulières.

Tatiana se montre donc de plus en plus désagréable avec sa mère et celle-ci ne sait plus comment agir avec elle. D’autant plus qu’elles se retrouvent bloquées toutes les deux. Une tempête de neige sévit à l’extérieur, aucun des invités ne peut venir et son mari est coincé à l’hôpital, sa mère ayant fait un malaise. L’isolement va s’ajouter à l’ambiance lourde de la maison, une situation banale qui va devenir cauchemardesque.

Laure Kasischke, comme à son habitude, nous happe dans son univers. Elle arrive à distiller une angoisse sourde dans tous ses romans. Les choses semblent en apparence ordinaires mais il ne faut jamais s’y fier. Rien n’est comme on l’attend.

Elle aborde là le thème mère-fille, que ce soit Holly et sa fille Tatiana, mais aussi Holly et sa mère. On apprend que Holly a perdu sa mère très tôt d’une grave maladie, que sa soeur aussi est morte de cette maladie et qu’elle-même a décidé de tout se faire enlever pour ne pas mourir aussi. D’où l’adoption abordée aussi dans ce roman. Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir un enfant? Est-on prêt à fermer les yeux sur vraiment tout? Comment le lien se crée entre adoptés et adoptants ?

D’ailleurs que s’est-il vraiment passé en Sibérie? Qui ont-ils ramené? Holly se répète toute la journée ce mantra « quelque chose les avait suivies depuis la Russie ». Des questions dont on ne connaîtra la réponse qu’à la toute fin du roman, ce qui remettra en perspective celui-ci. Une fin hallucinante qui vous donnera envie de rouvrir le livre de suite.

Edition Christian Bourgois