Noirs diamants de Martin Walker

Aujourd’hui je vous parle de “Noirs diamants” de Martin Walker, une enquête de son personnage fétiche Bruno Courrèges qui se déroule dans mon Périgord natal donc forcément ça m’intéresse !
Bruno Courrèges, chef de la police municipale de Saint-Denis, apprend que le marché aux truffes de la région fait l’objet de fraude. La truffe locale, véritable trésor de la région, serait mélangée à de la truffe chinoise de moins bonne qualité. De plus une querelle de territoire entre vietnamiens et chinois aurait lieu dans la région. Lorsque Hercule, un de ses plus proches amis et ancien barbouze, est assassiné dans la forêt, son enquête prend une nouvelle tournure.
Je ne sais pas si vous avez déjà lu un roman qui se passe dans des lieux que vous connaissez bien mais c’est toujours particulier. On ne peut pas s’empêcher d’essayer de reconnaitre l’endroit dont parle l’auteur, de faire le jeu des différences et je dois dire qu’ici ça m’a un peu phagocyté l’histoire.
Histoire qui pourtant est plutôt intrigante, on pourrait penser que nous allons avoir affaire à un polar rural mais ce n’est pas du tout ça, l’enquête prend des proportions internationales et on se rapproche plus du “Parrain” que de Maigret.
Ceci est le troisième tome des aventures de Bruno Courrèges, si ça vous intéresse je vous invite à découvrir Martin Walker (qui est anglais) avec le premier opus “Meurtre en Périgord”.

Editions du Masque.

Heurs et malheurs du sous-majordome Minor de Patrick DeWitt

Aujourd’hui je vous parle de “Heurs et malheurs du sous-majordome Minor” de Patrick DeWitt, édité chez Actes Sud. J’ai découvert cet auteur avec “les frères sisters”, un western décalé, adapté au cinéma par Jacques Audiard en 2018.
Ici nous allons suivre Lucy Minor, un jeune homme méprisé et rejeté par son entourage qui accepte une offre d’emploi de sous-majordome au château von Aux. Après des rencontres malheureuses qui le délestent de sa bourse et de sa pipe, il arrive au château et fait la rencontre de M. Olderglough, le majordome. Il découvre peu à peu son nouvel univers très déroutant et rencontre au village Klara dont il tombe amoureux.
Difficile de résumer ou de “pitcher” ce roman tellement il est fantaisiste. Si vous ne connaissez pas encore la plume de Patrick DeWitt, sachez qu’il excelle dans l’humour noir, les personnages étranges et les situations rocambolesques, tout ça pour servir au lecteur une histoire souvent caustique.
L’atmosphère de ce château et de ses environs est oppressante, tous les personnages agissent bizarrement et au milieu de tout ça Lucy évolue, se fond dans le paysage et se découvre enfin. Il ne sera fait aucune mention de temps ou de lieu, ce qui rend cette histoire d’autant plus fantastique.
En lisant ce livre j’avais l’impression d’être dans un film de Wes Anderson, il y a du “Grand Budapest Hotel” et du “Darjeeling limited” dans cette histoire, tout ça mâtiné avec un peu de Tim Burton.
Je vous conseille de découvrir cet ovni littéraire.

La bête en elles de Camille Lysière

Aujourd’hui je vous parle de “La bête en elles” de Camille Lysière, édité chez Eyrolles. J’ai rencontré l’auteure lors d’un salon, je ne la connaissais pas mais le sujet de son livre m’a interpellé et comme elle m’en a très bien parlé, je me suis dit que j’allais découvrir.


Marie a 17 ans, elle vient de passer le bac et pour se faire un peu d’argent elle monte à Paris pour travailler tout l’été. Elle sera hébergée par des amis de ses parents. Olivier, journaliste, et Sylvaine qui travaille à la télé. Tout se passe pour le mieux jusqu’à cette nuit où Olivier s’invite dans sa chambre et la viole. Marie est tétanisée. Que faire ? On ne croira jamais une jeune fille face à cet homme connu. Quand le viol se reproduit, toute volonté l’abandonne.
Marie n’est pas la seule à vivre ça. A des époques différentes, d’autres jeunes filles ont vécu ce même traumatisme.

Camille Lysière traverse le temps pour nous montrer la même histoire et la façon dont chaque personnage réagit selon l’époque. Avec à chaque fois la même rage en elles.
C’est un procédé que je n’avais encore jamais lu je crois. Réécrire la même histoire en changeant juste les prénoms et la période temporelle. C’est très intelligent et met en relief l’idée que de tout temps les femmes ont été victimes de viol, l’auteure pointe du doigt non seulement le traumatisme physique mais surtout le traumatisme psychologique qui en résulte.
C’est très juste dans le fond et très bien écrit pour la forme.
A découvrir si le sujet vous intéresse.

Sœur de Abel Quentin

Aujourd’hui je vous parle de “Sœur” de Abel Quentin.

Jenny Marchand a 17 ans et le mal-être chevillé au corps. Elle est introvertie, n’a pas d’amis, ne se retrouve pas dans cette famille provinciale où il ne se passe pas grand-chose. Jusqu’à sa rencontre avec Dounia, une jeune musulmane qui lui accorde l’intérêt qu’elle n’a jamais trouvé auprès des siens.

Abel Quentin réussit à dépeindre la dérive adolescente de manière magistrale. On entre totalement dans la tête de cette jeune fille qui est tellement désespérée que l’idée d’un sacrifice semble la seule issue pour elle. L’auteur montre les rouages de l’endoctrinement qui parait si facile avec un esprit si perturbé. Enfin Jenny entend les mots qu’elle souhaitait entendre, enfin on lui offre de la considération. Il ne s’agit pas là de démontrer comment la radicalisation s’opère, Jenny n’est pas croyante à la base mais plutôt comment un esprit faible peut être facilement corrompu.

La mise en place du récit est très efficace, on sent la tension qui monte au fur et à mesure et même si la fin semble inéluctable, on se surprend à espérer qu’elle soit différente. L’histoire se déroule pendant une campagne présidentielle, difficile de ne pas penser à ce qu’il se passe en ce moment. Difficile aussi de ne pas faire le rapprochement avec ce qu’on peut lire dans les journaux sur des adolescents qui décident de partir faire une guerre qui n’est pas la leur.

Bref un roman qui se lit comme en apnée où on peut recommencer à respirer une fois le livre refermé.

Mexican gothic de Silvia Moreno-Garcia

Aujourd’hui je vous parle de “Mexican gothic” de Silvia Moreno-Garcia, édité chez Bragelonne. Dans ma pile depuis quelques mois, il me tardait de trouver le bon moment pour le lire.

Noemi Tabaoda, une jeune mondaine aimant les soirées festives, se voit confier une mission par son père. Aller rendre visite à sa cousine Catalina qui vient de leur envoyer un courrier très alarmant. Celle-ci récemment mariée à Virgil Doyle parle d’empoisonnement et de fantômes, elle semble plus que perturbée. Noemi se rend donc à High Place, fief de la famille Doyle où l’accueil qu’elle reçoit est plutôt hostile. Les habitants et la maison elle-même semblent cacher quelque chose

.Dans une ambiance plus que tendue, Silvia Moreno-Garcia nous propose un roman digne des romans gothiques du 19ème. Il y a du Bram Stoker, du Mary Shelley et même du Matthew Gregory Lewis (il faut lire “le moine”). Le style est peut-être moins habile ici mais l’auteure ne démérite pas avec cette histoire inquiétante et angoissante. Tous les ingrédients sont là pour que le lecteur n’ait pas envie de poser le livre. Il y a du rythme, de bons personnages, un peu d’humour et surtout une histoire horrible à souhait qui fonctionne hyper bien.

Une très belle surprise !

Fille de Camille Laurens

Aujourd’hui je vous parle de “Fille” de Camille Laurens, édité chez Gallimard. J’ai ce livre depuis deux ans dans ma pile et j’avoue que j’hésitais à le lire par peur, que ça me touche trop ou que ça ne me plaise pas, je ne sais pas. J’ai senti que le moment était venu de l’ouvrir.

Laurence nait à Rouen à la fin des années cinquante. C’est la deuxième fille de la famille. Quand on demande à son père s’il a des enfants, il répond “non, j’ai deux filles”. Je crois que tout est dit dans cette phrase. Le sujet du livre et la problématique terrible qui va étreindre Laurence toute sa vie.

Est-ce qu’on vaut moins quand on est une fille ? Comment peut-on se construire en sachant que nous n’étions pas désirés pour ce que nous sommes ? Et lorsque Laurence devient mère à son tour, que transmettre à cette fille à qui on donne la vie ?Avec une écriture sensible et très juste Camille Laurens aborde tous ces sujets qui, pour une femme, peuvent être terriblement violents. Sans tomber dans le féminisme, quelle femme n’a pas un jour subi une remarque sexiste ou déplacée du fait de son sexe ? J’ai été profondément touché par ce texte que j’ai trouvé d’une vérité dingue, comme l’impression d’ouvrir le journal intime de l’auteure et de me plonger dans son âme.

Ce livre touchera certainement plus les femmes que les hommes mais je conseille à ces messieurs de l’ouvrir, ils pourraient apprendre un ou deux trucs.

Dernier jour sur terre de David Vann

Aujourd’hui je vous parle de “Dernier jour sur terre” de David Vann. Ce n’est pas un livre récent, j’ai décidé d’essayer d’alléger ma pile à lire en exhumant des livres achetés il y a longtemps !

En 2008 dans une université américaine Steve Kazmierczak, 27 ans, tue cinq personnes et en blesse dix-huit autres avant de se donner la mort. David Vann revient sur cet évènement en essayant de comprendre ce qui pousse un jeune homme à commettre un tel acte.

L’auteur s’appuie sur la comparaison entre lui et le meurtrier. Après tout, lui aussi a été élevé au milieu des armes, il a appris à tirer extrêmement jeune, son père lui a montré comment abattre un cerf de sang-froid. Ce père, adulé, qui finit par se suicider une arme à la main. Alors pourquoi, lui, David Vann, s’en est sorti et pourquoi, Steve, a sombré dans une spirale qui l’a conduit à ce fameux 14 février 2008.

C’est un livre très intéressant avec un message fort en filigrane, sur la violence engendrée par la légalisation du port d’armes aux Etats-Unis. L’auteur met aussi en lumière le manque de suivi pour ceux qui ont des troubles psychologiques, en l’occurrence Steve, qui est livré à lui-même. Aurait-il commis ce crime si les bonnes personnes l’avaient accompagné ? Tant de questionnements qui ne justifient pas le geste mais tendent à l’expliquer.

Entre récit, témoignage et enquête, “dernier jour sur terre” est une plongée dans l’horreur mais aussi une critique acerbe de l’Amérique d’aujourd’hui qui produit ses propres tueurs de masse.

Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre

Aujourd’hui je vous parle du premier polar écrit par Pierre Lemaitre et qui n’avait jamais été publié.

Nous allons suivre une tueuse à gage plutôt originale. Mathilde a la soixantaine bien sonnée, de l’embonpoint et sans doute un début d’Alzheimer. Alors qu’elle devrait se séparer des armes à chaque opération, Mathilde les ramène chez elle sans se rappeler de comment ni pourquoi elle les a utilisés. Evidemment à un moment ça dérape et son chef, le Commandant, commence à se poser des questions sur l’efficacité de la tueuse.

Pierre Lemaitre annonce en préambule que ce roman marque ses adieux au genre polar. La réédition de son premier roman noir sera aussi son dernier. Vu le plaisir que l’on prend à lire ce récit réjouissant et décalé, on peut se demander si ce n’est pas dommage que ce soit le dernier. L’auteur nous offre un roman noir caustique avec une héroïne loufoque et dérangée que rien ne peut arrêter.

Souvent les morts sont absurdes, fantaisistes et aucun personnage n’est à l’abri d’une balle perdue. C’est drôle, ça fait grincer les dents, c’est délirant mais surtout ça fait du bien de lire un polar dont la seule ambition est de distraire et faire sourire. Dans la veine des films noirs dialogués par Audiard.

Merci pour ce dernier roman noir Mr Lemaitre.

Une famille presque normale de M.T. Edvardsson

Aujourd’hui je vous parle de “une famille presque normale” de M.T. Edvardsson, un auteur suédois dont c’est le premier roman traduit en France.

Adam est pasteur, sa femme Ulrika est avocate, ensemble ils ont une fille Stella, 19 ans. La famille parfaite, en apparence. Un évènement va chambouler ce bel équilibre. Au travers du récit de chacun des protagonistes, le lecteur va assister au basculement de cette famille.

Ce livre a été élu meilleur polar étranger pour le prix Nouvelles voix du polar en 2021. J’en ai également entendu énormément de bien sur les réseaux sociaux par des personnes ayant l’habitude de lire ce genre de thriller. Mon attente était donc plutôt élevée ! Je ne peux pas dire que j’ai été déçue, j’ai trouvé que le récit était très bien mené, surtout avec ce parti pris de donner la parole à chaque personnage pour permettre au lecteur d’avoir une certaine vue d’ensemble. Mais je crois qu’il m’a manqué quelque chose pour vraiment en faire, selon moi, un grand thriller.

Le sujet principal est en tous cas traité de manière intelligente. Jusqu’où iriez-vous pour protéger votre enfant ? Les parents de Stella sont confrontés à ce dilemme, protéger son enfant coute que coute ou dire la vérité ? Est-on responsable des actions et décisions de son enfant ? Est-ce notre faute si notre enfant prend des mauvaises décisions ? Toutes ces questions sont abordées dans ce thriller ainsi que la notion de culpabilité, les non-dits ou bien la manipulation.

Un bon thriller qui m’a laissé sur ma faim à cause de la fin.

Juste derrière toi de Lisa Gardner

Aujourd’hui je vous parle de “Juste derrière moi” de Lisa Gardner, une auteure américaine de thriller qu’on ne présente plus, la nouvelle Mary Higgins Clark.

Le profileur Pierce Quincy et sa femme Rainie Conner, ancienne policière, sont devenus famille d’accueil. Ils décident d’ailleurs d’adopter Sharlah, la jeune fille dont ils s’occupent depuis quelques mois car des sentiments forts les unissent. Les choses se compliquent quand Telly, le grand frère de Sharlah, se retrouve impliqué dans plusieurs assassinats et que tout laisse à penser qu’il veut s’en prendre à sa sœur.

Lisa Gardner connait les codes du thriller, elle excelle dans la mise en place de l’histoire, dans la description des personnages et leur psychologie, elle a le don pour installer une sorte de tension tout le long du récit jusqu’au retournement final. C’est efficace pour qui cherche un bon thriller afin de se changer les idées. Ici, nous ne sommes pas dans le thriller que vous lâchez une fois le cerveau retourné, auquel vous pensez encore deux jours après mais il fait le job pour ce qu’on lui demande, du suspense et du divertissement.

Vous avez déjà lu Lisa Gardner ? Votre avis ?