« L’appel du coucou » de Roger Galbraith

L'appel du coucou de Roger Galbraith
Chroniques de livres et conseils de lecture .L’appel du coucou de Roger Galbraith par MLBA.

Vous aimez les romans policiers à l’ancienne ?
Vous aimez Jk Rowling ?
Voici ma potion :

 Une nuit, à Londres, un célèbre mannequin Lula Landry, est retrouvée morte. Elle serait tombée de sa fenêtre. La police conclut à un suicide.

Mais son demi-frère, John Bristow, n’y croit pas du tout. Il souhaite alors confier l’affaire à Cormoran Strike. Strike est un ancien militaire, revenu avec une jambe en moins de la guerre, et qui s’est reconverti en détective privé.

Ayant terriblement besoin d’argent, il accepte l’affaire sans grand espoir de résultat. Pourtant, petit à petit, aidé de Robin, sa secrétaire intérimaire, il va mettre à jour des dysfonctionnements dans l’enquête de police. Il va louvoyer dans le milieu de la mode et des avocats londoniens afin de tirer les choses au clair.

Qui est ce fameux Roger Galbraith, auteur complètement inconnu ? Il s’agit en fait de JK Rowling qui a décidé de publier ce polar sous pseudo. Après le décevant « Une place à prendre » on ne pouvait qu’espérer mieux. Et le fait est que Rowling nous offre un savoureux roman policier. Comme si, sous alias, elle avait pu donner libre cours à son talent.

Rowling nous propose une belle galerie de personnages, bien étayés comme elle savait si bien le faire dans Harry Potter.

Le personnage central du détective, Strike, est magnifique. Une jambe en moins, de l’embonpoint, une vie conjugale désastreuse, il est atypique et attachant.

L’appel du coucou est un parfait polar à l’anglaise, le personnage de détective perturbé mais néanmoins très compétent, la secrétaire, experte en net, secondant son patron de manière efficace et la victime, belle, intelligente mais avec des fêlures.

Je ne vous dis pas que c’est le polar de l’année mais vous passerez tout de même un excellent moment.

Ne résistez pas à l’appel du coucou.

Edition Grasset

« Docteur Sleep » de Stephen King

Chroniques de livres et conseils de lecture.Docteur Sleep de Stephen King
Chroniques de livres et conseils de lecture.Docteur Sleep de Stephen King

Vous aimez avoir peur? Vous avez envie de frissons?
Vous aimez Stephen King?
Voici ma potion:

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’était devenu le petit Danny de Shining? Et bien Stephen King l’a fait pour nous.

Après le passage à l’Overlook Hotel, tout ne fût pas facile pour Dan. Il est encore harcelé par ses visions mais Dick Halloran (le cuisinier de l’Overlook)  lui donne les clés pour s’en défaire. En vieillissant, Dan se met à boire pour atténuer les effets de son pouvoir. On le retrouve, au moment du roman, la trentaine bien tassée, célibataire et alcoolique. Il n’a pas fait grand chose de sa vie, sa mère est morte d’un cancer quelques années plus tôt. Il travaille de temps en temps dans les hôpitaux et aide les mourants à partir.

Arrive la soirée de trop, avec un réveil chez une fille dont il ne se souvient pas. Il décide de changer de coin et pose ses valises, par intuition, à Frazier. Là, son destin va prendre une nouvelle tournure, il va faire des rencontres qui vont l’emmener à arrêter de boire.

Alors qu’il s’installe à Frazier, une petite fille, Abra, nait dans la ville voisine. Petite fille qui va très vite monter des aptitudes extraordinaires, de quoi effrayer ses parents. Elle rentre en contact très vite avec Dan et ce contact se maintiendra de manière discontinue pendant dix ans.

Parallèlement le lecteur suit les aléas d’un groupe se faisant appeler le Noeud Vrai. Personnes humaines ou pas (on ne sait pas vraiment), elles se nourrissent de l’essence d’enfants ayant le don. Ils vont bien évidemment s’intéresser à Abra qui trouvera de l’aide en Dan.

Docteur Sleep commence doucement, lentement, le temps de poser les nombreux personnages et l’ambiance. On se demande où Stephen King veut en venir et puis soudain on est happé. Il nous a harponné sans même que l’on s’en rende compte.

L’histoire se précipite, les évènements s’enchaînent et le lecteur ne peut plus lâcher le livre.

Stephen King réussit une très belle suite à Shining dans un style relativement différent. Nous ne sommes plus dans un huis clos angoissant et terrorisant, au contraire ici nous avons une foule de personnages et de décors différents. Il n’est plus question d’horreur à proprement parler malgré certains passages. Docteur Sleep est plus une quête de rédemption et surtout un livre sur l’addiction à l’alcool. Comment Danny vit son alcoolisme et la souffrance que cela inflige.

Docteur Sleep ne vous laissera pas dormir.

Edition Albin Michel

« Mauvaise étoile » de R.J. Ellory

Chroniques de livres et conseils de lecture.Mauvaise étoile de R.J. Ellory
Chroniques de livres et conseils de lecture.Mauvaise étoile de R.J. Ellory

Vous avez envie d’un bon road-movie, d’une course poursuite angoissante?
Vous aimez Robert Crais et James Ellroy ?
Voici ma potion :

 L’histoire se passe au Texas en 1960. Elliot aka Digger et Clarence aka Clay, demi-frères, sont en maison de correction.

Leur début dans la vie n’a pas été facile. Deux pères différents, le deuxième, celui de Clay a assassiné leur mère avant de se faire descendre suite à un braquage foireux. Les deux enfants enchaînent alors les maisons de correction et celles de redressement où ils subissent sévices et réprimandes, de quoi forger un bon caractère.

Ils sont persuadés d’être nés sous une mauvaise étoile.

Mais voilà qu’un jour, un dangereux psychopathe, Earl Sheridan croise leur chemin. Arrêté peu de temps auparavant, condamné à la peine de mort, il est emmené dans leur maison de correction afin d’y passer la nuit. Celui-ci réussit à s’échapper en prenant les deux adolescents comme otage.

La rencontre avec Earl va servir de déclencheur chez Digger. Il va se reconnaître en lui, cela va révéler ses tendances meurtrières et psychopathes.

Suite à un braquage qui tourne mal, Earl est abattu par la police. Avant de mourir, il dénonce Clay comme l’instigateur de ses derniers meurtres et l’assassin de Digger. La police et le FBI se mettent alors à sa poursuite.

Les deux frères vont suivre, séparément, la même route. Digger semant les cadavres derrière lui, et Clay, accompagné de Bailey (fille d’une des victimes de Digger) tentant de rejoindre Eldorado, une ville chargée de promesse.

Roman de chasse, que ce soit la chasse des policiers s’acharnant à retrouver Clay, plutôt mort que vif, et la chasse de Digger cherchant sa prochaine proie, et faisant montre d’actes de plus en plus cruels et violents.

L’intrigue est endiablée et va crescendo.

Ellory ne mâche pas son plaisir à nous faire partager la violence de ses personnages. On se demande jusqu’où cela va aller. Le lecteur est confronté à des actes barbares d’une rare violence.
Il nous happe littéralement dans son univers. On est effrayé par Digger et on espère que Clay et Bailey vont s’en sortir.
C’est un roman foisonnant de personnages secondaires, parfaitement étayés comme Ellory sait le faire, mais qui comptent énormément dans le récit.

Un véritable page-turner*.

Edition Sonatine

*page-turner : folle envie de connaître la suite !

« L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa » de Romain Puertolas

Chroniques de livre & conseils de lecture "l'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea" de romain Puertolas
« l’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea » de romain Puertolas

Vous avez envie de comédie et d’une histoire abracadabrante ?
Vous aimez Paasilinna ou Jonas Jonasson ?
Voici ma potion :

Ajatashatru Lavash Patel est un fakir. Il a réussi à extorquer de l’argent aux habitants de son village du Rajasthan afin de se rendre à Paris pour acheter un lit à clous chez Ikéa, article en promo actuellement. Un aller-retour était prévu à la base, malheureusement son voyage va se transformer en périple à travers toute l’Europe. Affublé d’un vieux costume loué pour l’occasion et porteur d’un faux billet de cent euros (imprimé que d’un côté), l’indien enturbanné va traverser successivement la France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et la Libye. Il va bien sûr faire des rencontres pendant son voyage, certaines amicales, d’autres moins.

Comment Ajatashatru se retrouve coincé dans une armoire Ikéa est dévoilé des les premiers chapitres mais je vous laisse le découvrir.

Notre fakir est avant tout un escroc. Il arnaque tout le monde depuis des années, faisant semblant de ne manger que des clous et des vis alors qu’il ne peut passer deux heures sans se sustenter, faisant croire qu’il dort sur un lit à clous alors qu’il aime le confort douillet d’un bon matelas. En arrivant à Paris, c’est d’ailleurs une de ses arnaques qui va déclencher une bonne partie de ses péripéties. Escroquer un chauffeur de taxi gitan de cent euros était vraiment une mauvaise idée. Celui-ci va se mettre dans la tête de retrouver notre indien à tout prix.

Bien évidemment ses différentes rencontres vont le changer, Ajatashatru se retrouve confronté à la vraie vie si on peut dire. Il va côtoyer des clandestins, apprendre comment des hommes se retrouvent obligés de quitter leur famille pour tenter leur chance ailleurs. Il rencontrera même l’amour.

Romain Puertolas nous propose un vrai conte moderne, parsemé d’humour et de bons sentiments.

Au départ nous avons un personnage égoïste, qui au gré de ses pérégrinations va s’ouvrir aux autres, découvrir qu’on peut être heureux en faisant le bien. Le fakir va même se découvrir des talents d’écrivain.

Un personnage loufoque pour des situations loufoques, le lecteur passe un très agréable moment. Voilà un roman burlesque s’il en est !

Edition Le Dilettante

« Je ne retrouve personne » de Arnaud Cathrine

Chroniques de livre et conseils de lecture. Je ne retrouve personne de Arnaud Cathrine
Chroniques de livre et conseils de lecture. Je ne retrouve personne de Arnaud Cathrine

Vous aimez les histoires de vieux fantômes, les romans nostalgiques?
Vous aimez Jean-Philippe Blondel ou Philippe Delerm?
Voici ma potion:

Aurélien Delamare est un écrivain modestement célèbre, il a écrit six romans dont le dernier vient  de sortir. Alors qu’il devrait en commencer la promo, son frère ainé lui demande d’aller dans la maison familiale de Normandie. Leurs parents ont décidé de la mettre en vente après avoir migré dans le sud, quelqu’un doit aller sur place pour régler les papiers avec l’agence immobilière.Aurélien ne doit y rester que deux jours maximum, très peu motivé pour s’acquitter de cette tâche. Son séjour va finalement s’allonger.

En revenant dans la maison de son enfance, ce sont plein de vieux souvenirs qui vont se rappeler à lui, que ce soit sa relation tendue de domination qu’a toujours exercé son frère ainé sur lui, ou bien la relation qu’il entretenait avec son ami Benoit, ami qui lui a servi de personnage à son premier roman.

Aurélien est célibataire, il ne s’est jamais vraiment remis de sa rupture avec Junon. Celle-ci désirait plus que tout un enfant mais lui n’en voulait pas. Elle a fini par en faire un sans lui mais qu’il considère presque comme sa fille.

Arnaud Cathrine dépeint le portrait d’un homme trentenaire qui est resté adolescent dans sa tête, toujours enfermé dans ses vieux démons familiaux. Le personnage est décrit tout en délicatesse, Aurélien est attachant, perdu dans ses hésitations. Un homme en errance entre son passé, son présent et son futur. Aurélien, c’est un peu nous, c’est un peu tout le monde.

Un livre mélancolique sur les blessures du passé, sur la difficulté du passage à l’âge adulte. Aurélien ne retrouve personne mais il nous tarde de retrouver Arnaud Cathrine pour un prochain roman.

Edition Verticales

« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaître

Chronique de livres et conseils de lecture "au revoir la-haut" de Pierre Lemaitre par MLBA
Chronique de livres et conseils de lecture « au revoir la-haut » de Pierre Lemaitre par MLBA

Vous aimez l’idée de revanche et les histoires de crapule?
Vous aimez Marc Dugain ou Jean Echenoz?
Voici ma potion:

Deux rescapés de la guerre de 14 vont s’allier pour monter une grosse escroquerie basée sur le sentiment patriotique.

Albert Maillard et Edouard Péricourt sont littéralement des rescapés. Alors que tout les oppose, à commencer par le niveau social (Albert vient du milieu ouvrier, Edouard est fils d’un industriel plein aux as) la guerre va les lier à jamais. Edouard sauve la vie d’Albert lorsque celui-ci était en train de mourir étouffé sous un amas de terre. Mais en lui sauvant la vie, Edouard va se retrouver défigurer suite à l’explosion d’un obus. Il devient une véritable gueule cassée. Albert fait alors tout pour que son sauveur survive.

A la démobilisation une nouvelle vie commence. Edouard ne souhaite pas retourner chez lui, il est méconnaissable, n’a plus de figure, de mâchoire et ne peut plus parler. Il demande à Albert de lui trouver une nouvelle identité. Ils vont le faire passer pour mort auprès de sa famille.

Un nouveau combat pour la survie débute. Les anciens poilus sont considérés comme les rebuts de la société. Albert subvient aux besoins du duo par de petits boulots, surtout qu’Edouard est devenu accro à la morphine. Ce dernier, excessivement doué en dessin, décide de monter une arnaque. Ils vont vendre des monuments aux morts aux communes, demander une avance et s’enfuir avec le pactole. Albert d’abord réticent se laisse entrainer dans l’affaire.

En parallèle, le lecteur suit Henri d’Aulnay-Pradelle, capitaine de nos deux personnages pendant la guerre, un être sans scrupule qui a de l’ambition à revendre, prêt à tout pour réussir. Il épouse la sœur d’Edouard pour s’établir dans les beaux milieux de Paris et se servir du nom de son beau-père comme faire-valoir. Il se lance, lui-aussi, dans une arnaque qui n’en a pas le nom, mettre en place des cimetières d’anciens combattants pour que les familles puissent se recueillir. Mais étant un personnage sans état d’âme, il va monnayer le prix des cercueils (moins chers), quitte à mélanger les soldats et ne pas savoir qui est enterré (après tout les parents ne vont pas regarder dedans). Tout ça à ses risques et périls.

Pierre Lemaître nous tient en haleine du début à la fin. Il nous offre un roman passionnant sur une période noire de notre histoire. On découvre tout le trafic qui a pu être fait suite à la guerre, comment des hommes se sont enrichis grâce au chagrin, comment les soldats qui ont combattus pour la France se sont retrouvés sans rien, à la rue.

Albert et Edouard veulent une revanche sur la vie. Ce qu’ils ont donné en combattant personne ne leur rendra.

Une véritable fresque historique, un roman noir très cynique. On sent bien que l’auteur vient du polar, il sait distiller la tension quand il faut avec une écriture et un style très efficace.

Ne vous arrêtez pas au sujet de l’après-guerre si vous n’êtes pas féru d’histoire, c’est avant tout un magnifique roman.

Edition Albin Michel

« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke

Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d'hiver de Laura Kasischke par MLBA.
Chroniques de livre & conseils de lecture.Esprit d’hiver de Laura Kasischke par MLBA.

Vous avez envie d’un roman qui vous surprenne, d’un huis-clos angoissant?
Vous aimez Paul Auster et Douglas Kennedy?
Voici ma potion:

L’histoire se passe le jour de Noël. Holly et son mari Eric, traînent au lit. Elle s’est réveillée un peu plus tôt prise d’une angoisse pour vérifier si sa fille dormait bien et, une fois recouchée, sombre à nouveau dans le sommeil. Au réveil, c’est la panique. Eric doit partir précipitamment chercher ses parents à l’aéroport. Holly, elle, doit préparer le repas car ils reçoivent toute la famille, comme tous les ans. L’humeur, aujourd’hui, n’y est pas.

Une longue journée commence alors. Tatiana, sa fille de 15 ans, agit bizarrement. Cette adolescente d’habitude très gentille et douce se révèle revêche et acerbe avec sa mère. Tout au long de cette journée, Holly va se rappeler comment ils ont adopté cette petite fille en Sibérie. Comment les choses se sont passées pendant leurs deux voyages là-bas, comment ils sont tombés fous amoureux de ses grands yeux. On comprend petit à petit que cet orphelinat perdu de Sibérie avaient des méthodes un peu particulières.

Tatiana se montre donc de plus en plus désagréable avec sa mère et celle-ci ne sait plus comment agir avec elle. D’autant plus qu’elles se retrouvent bloquées toutes les deux. Une tempête de neige sévit à l’extérieur, aucun des invités ne peut venir et son mari est coincé à l’hôpital, sa mère ayant fait un malaise. L’isolement va s’ajouter à l’ambiance lourde de la maison, une situation banale qui va devenir cauchemardesque.

Laure Kasischke, comme à son habitude, nous happe dans son univers. Elle arrive à distiller une angoisse sourde dans tous ses romans. Les choses semblent en apparence ordinaires mais il ne faut jamais s’y fier. Rien n’est comme on l’attend.

Elle aborde là le thème mère-fille, que ce soit Holly et sa fille Tatiana, mais aussi Holly et sa mère. On apprend que Holly a perdu sa mère très tôt d’une grave maladie, que sa soeur aussi est morte de cette maladie et qu’elle-même a décidé de tout se faire enlever pour ne pas mourir aussi. D’où l’adoption abordée aussi dans ce roman. Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir un enfant? Est-on prêt à fermer les yeux sur vraiment tout? Comment le lien se crée entre adoptés et adoptants ?

D’ailleurs que s’est-il vraiment passé en Sibérie? Qui ont-ils ramené? Holly se répète toute la journée ce mantra « quelque chose les avait suivies depuis la Russie ». Des questions dont on ne connaîtra la réponse qu’à la toute fin du roman, ce qui remettra en perspective celui-ci. Une fin hallucinante qui vous donnera envie de rouvrir le livre de suite.

Edition Christian Bourgois

« La nuit en vérité » de Véronique Olmi

Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA
Chroniques de livre & conseils de lecture la nuit en vérité de Véronique Olmi par MLBA

Vous aimez les histoires de quête de soi, les romans sur l’adolescence?
Vous aimez Sylvie Germain, Claudie Gallay?
Voici ma potion:

Enzo, 12 ans, vit avec sa mère Liouba dans un grand appartement parisien. On comprend rapidement qu’ils ne sont pas chez eux. Liouba garde et fait le ménage de l’appartement pendant que les propriétaires sont en voyage.

Liouba est une toute jeune mère, Enzo étant né alors qu’elle n’avait que 16 ans. Enzo est un jeune garçon très enrobé qui subit constamment les mauvaises blagues de ses camarades. Il est la cible de toute la haine que peuvent contenir les adolescents. Non seulement il est hors norme parce qu’il est gros mais en plus il s’appelle Popov, sa mère ayant de lointaines origines russes, ce qui catalyse d’autant plus le regard des autres.

Véronique Olmi nous offre deux personnages mal dans leur peau et mal dans leur vie. Liouba est mère mais étant encore très jeune elle a aussi envie d’en profiter. Elle se lance tous les jours dans un ménage acharné alors que les propriétaires ne sont quasiment jamais là. Elle veut prendre soin de son fils sans réaliser ou sans vouloir s’avouer que celui-ci a des problèmes.

Enzo est un adolescent perturbé, mal dans sa chair, qui ne trouve que du bien-être en mangeant. Il est perdu, n’a jamais su qui était son père et n’ose pas poser de question à sa mère qui refuse de parler du passé ou de sa famille. Il subit les brimades des collégiens sans se révolter comme s’il acceptait tout ça, comme si c’était normal.

Jusqu’au jour où les brimades se transforme en véritable lynchage.

Le garçon échappe à sa condition par la lecture qui nourrit son imaginaire et surtout grâce à ses « virées » nocturnes. Dans ses rêves (bien qu’on ne sache jamais vraiment s’il est éveillé ou endormi), il s’enfuit de la petite chambre qu’il partage avec sa mère et rencontre des personnages, notamment un soldat russe de 14 ou un de ses ancêtres.

Véronique Olmi décrit avec justesse et tendresse cette relation mère-fils un peu marginale. Tout en pudeur, ces deux personnages ne savent pas comment se dire qu’ils s’aiment.

Enzo va devoir trouver tout seul une échappatoire à sa condition.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, outre la relation mère-fils, l’auteur parle de l’adolescence, de l’exclusion, de l’importance des origines et de savoir d’où l’on vient.

Un nuit en vérité pour une quête de soi.

Edition Albin Michel

« L’invention de nos vies » de Karine Tuil

Chroniques de livre & conseils de lecture. L'invention de nos vies de Karine Tuil par MLBA
Chroniques de livre & conseils de lecture. L’invention de nos vies de Karine Tuil par MLBA

Vous avez envie d’un roman qui parle d’identité, vous aimez les intrigues?
Vous aimez Frédérique Deghelt ou Alice Ferney?
Voici ma potion:

L’invention de nos vies c’est l’histoire d’une imposture.

Trois amis inséparables: Samuel et Nina, qui sont en couple, et Samir. Alors que Samuel part enterrer ses parents, morts dans un accident, Samir séduit Nina dont il est épris depuis leur rencontre. Pourtant quand Samuel revient, Nina le choisit et reste avec lui. Samir, lui, disparaît.

Vingt ans plus tard, Samuel est un écrivain raté, Nina toujours à ses côtés, ils vivotent dans un appartement minable. Un soir, à la télé, ils aperçoivent Samir, qui est devenu un brillant avocat à New-York. Tout lui a réussi, une carrière fantastique, un mariage de rêve avec une des héritières juives les plus riches de New-York et deux beaux enfants.

Mais tout ceci ne repose sur rien de vrai. Samir, alors qu’il cherchait du travail et que tous les cabinets d’avocats lui claquaient la porte au nez, décide de raccourcir son prénom à Sam. On le prend alors pour un juif et lui, loin de démentir, s’approprie cette nouvelle identité ainsi que le passé de son ami Samuel.

Nina et Samuel décident quant à eux de reprendre contact avec lui. Décision qui va mettre en branle de lourdes conséquences pour chacun.

Karine Tuil nous fait entrer dans cette spirale du mensonge.

Comment un petit mensonge, un « non-démenti », va entrainer de gros mensonges jusqu’à ne plus savoir qui on est vraiment.

Samir Tahar est un personnage complexe, enfermé dans ses mensonges, les retrouvailles avec ses anciens amis vont servir de catalyseur afin qu’éclate la vérité.

Karine Tuil parle dans ce roman de l’idée d’identité, que ce soit au sens premier du terme (peut-on vivre toute une vie en mentant à tout le monde, en n’étant pas vraiment soi-même?), de l’identité au niveau culturel (peut-on vivre en reniant ses racines, ses origines? Samir est musulman, Samuel juif). Elle traite aussi de l’identité sociale, comment le rang que l’on occupe dans la société peut évoluer, un jour en haut de la pyramide, le lendemain en bas ou inversement, et bien sûr comment les gens nous perçoivent selon notre rang.

Vous trouverez des réponses à toutes ces questions dans ce beau roman qui se lit presque comme un thriller.

Edition Grasset

« Les perroquets de la place d’Arezzo » de Eric-Emmanuel Schmitt

Les perroquets de la place d'Arezzo
Chroniques de livre & conseils de lecture. Les perroquets de la place d’Arezzo de Eric-Emmanuel Schmitt par Ma Libraire Bien-Aimée.

Vous aimez les histoires d’amour, les romans chorale?
Vous aimez Anna Gavalda ou Joseph Connolly?
Voici ma potion:

Une lettre anonyme vient perturber le quotidien du quartier de la place d’Arezzo à Bruxelles. Quartier très huppé fréquenté depuis de longues années par toute une population de perroquets et autres perruches, on raconte qu’un consul brésilien séjournant dans le quartier est reparti en libérant ses volatiles. Ceux-ci donnant une ambiance exotique au lieu.

Cette lettre anonyme ne vient pas d’un corbeau désireux de médire sur les gens, il s’agit là au contraire d’un message d’amour: « Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé: tu sais qui. »

Chaque riverain de la place d’Arezzo reçoit sa petite missive et celle-ci va engendrer bien des conséquences, permettant à certains de dévoiler leur amour, à d’autres d’y mettre fin, bref personne ne sera épargné.

Eric-Emmanuel Schmitt nous propose un beau panel des comportements amoureux et sexuels du xxi ème siècle.

Il décrit tous les scénarios imaginables : du jeune homme puceau ne supportant pas les contacts physiques au trio amoureux, du couple gay à l’adepte du sado-maso, du transexuel à l’homme politique se servant de son pouvoir pour abuser des femmes (qui n’est pas sans nous rappeler quelqu’un).

Tout le monde s’aime ou se déteste ou les deux, tout le monde couche avec tout le monde. Les habitants de ce quartier à l’instar des perroquets ont un appétit sexuel débordant.

Les personnages, faisant l’objet chacun leur tour d’un chapitre, sont haut en couleurs, ils ont tous en eux des souffrances intérieurs et sont tous très complexes.

On sent bien que Eric-Emmanuel Schmitt s’est amusé en écrivant ce livre et il ne faut pas avoir peur du pavé de sept cent pages, il se lit très facilement.

Un roman fleuve comme essai sociologique du comportement amoureux.

Edition Albin MIchel