Le serpent majuscule de Pierre Lemaitre

Aujourd’hui je vous parle du premier polar écrit par Pierre Lemaitre et qui n’avait jamais été publié.

Nous allons suivre une tueuse à gage plutôt originale. Mathilde a la soixantaine bien sonnée, de l’embonpoint et sans doute un début d’Alzheimer. Alors qu’elle devrait se séparer des armes à chaque opération, Mathilde les ramène chez elle sans se rappeler de comment ni pourquoi elle les a utilisés. Evidemment à un moment ça dérape et son chef, le Commandant, commence à se poser des questions sur l’efficacité de la tueuse.

Pierre Lemaitre annonce en préambule que ce roman marque ses adieux au genre polar. La réédition de son premier roman noir sera aussi son dernier. Vu le plaisir que l’on prend à lire ce récit réjouissant et décalé, on peut se demander si ce n’est pas dommage que ce soit le dernier. L’auteur nous offre un roman noir caustique avec une héroïne loufoque et dérangée que rien ne peut arrêter.

Souvent les morts sont absurdes, fantaisistes et aucun personnage n’est à l’abri d’une balle perdue. C’est drôle, ça fait grincer les dents, c’est délirant mais surtout ça fait du bien de lire un polar dont la seule ambition est de distraire et faire sourire. Dans la veine des films noirs dialogués par Audiard.

Merci pour ce dernier roman noir Mr Lemaitre.

Une famille presque normale de M.T. Edvardsson

Aujourd’hui je vous parle de “une famille presque normale” de M.T. Edvardsson, un auteur suédois dont c’est le premier roman traduit en France.

Adam est pasteur, sa femme Ulrika est avocate, ensemble ils ont une fille Stella, 19 ans. La famille parfaite, en apparence. Un évènement va chambouler ce bel équilibre. Au travers du récit de chacun des protagonistes, le lecteur va assister au basculement de cette famille.

Ce livre a été élu meilleur polar étranger pour le prix Nouvelles voix du polar en 2021. J’en ai également entendu énormément de bien sur les réseaux sociaux par des personnes ayant l’habitude de lire ce genre de thriller. Mon attente était donc plutôt élevée ! Je ne peux pas dire que j’ai été déçue, j’ai trouvé que le récit était très bien mené, surtout avec ce parti pris de donner la parole à chaque personnage pour permettre au lecteur d’avoir une certaine vue d’ensemble. Mais je crois qu’il m’a manqué quelque chose pour vraiment en faire, selon moi, un grand thriller.

Le sujet principal est en tous cas traité de manière intelligente. Jusqu’où iriez-vous pour protéger votre enfant ? Les parents de Stella sont confrontés à ce dilemme, protéger son enfant coute que coute ou dire la vérité ? Est-on responsable des actions et décisions de son enfant ? Est-ce notre faute si notre enfant prend des mauvaises décisions ? Toutes ces questions sont abordées dans ce thriller ainsi que la notion de culpabilité, les non-dits ou bien la manipulation.

Un bon thriller qui m’a laissé sur ma faim à cause de la fin.

Juste derrière toi de Lisa Gardner

Aujourd’hui je vous parle de “Juste derrière moi” de Lisa Gardner, une auteure américaine de thriller qu’on ne présente plus, la nouvelle Mary Higgins Clark.

Le profileur Pierce Quincy et sa femme Rainie Conner, ancienne policière, sont devenus famille d’accueil. Ils décident d’ailleurs d’adopter Sharlah, la jeune fille dont ils s’occupent depuis quelques mois car des sentiments forts les unissent. Les choses se compliquent quand Telly, le grand frère de Sharlah, se retrouve impliqué dans plusieurs assassinats et que tout laisse à penser qu’il veut s’en prendre à sa sœur.

Lisa Gardner connait les codes du thriller, elle excelle dans la mise en place de l’histoire, dans la description des personnages et leur psychologie, elle a le don pour installer une sorte de tension tout le long du récit jusqu’au retournement final. C’est efficace pour qui cherche un bon thriller afin de se changer les idées. Ici, nous ne sommes pas dans le thriller que vous lâchez une fois le cerveau retourné, auquel vous pensez encore deux jours après mais il fait le job pour ce qu’on lui demande, du suspense et du divertissement.

Vous avez déjà lu Lisa Gardner ? Votre avis ?

Le village perdu de Camilla Sten

Aujourd’hui je vous parle de “le village perdu” de Camilla Sten. C’est un roman qui m’a été conseillé par un libraire pour ma Kube de ce mois-ci.

En 1959 à Silvertjarn toute la population de la ville a disparu. Les premières personnes arrivées sur les lieux découvrent une ville morte avec sur la place centrale une femme qui semble avoir été lapidée. Seul un bébé est rescapé. Que s’est-il passé ? Des années plus tard, Alice, documentariste et dont la grand-mère est originaire de ce village, décide de monter une équipe afin d’aller sur place tourner un film.

Le pitch de départ est très intriguant, on sent qu’il va y avoir une ambiance particulière et Camilla Sten tient cette promesse. L’atmosphère de désolation du village est plutôt anxiogène, on a parfois le sentiment que l’histoire pourrait basculer dans l’horreur la plus totale. Mais l’auteure tient le cap. Les allers-retours dans le passé nous apprennent petit à petit les circonstances de la disparition. Le récit est vraiment bien mené, il est difficile de reposer son livre tant l’histoire est prenante et j’aime ça.

On sent que Camilla Sten a été à bonne école avec sa mère Viveca qui est une écrivaine suédoise très connue dans le milieu du polar.

On peut dire que la relève est assurée.

Anne de Green Gables de Lucy Maud Montgomery

Aujourd’hui je vous parle d’un livre lu dans le cadre du prix du meilleur roman points. “Anne de Green Gables” de Lucy Maud Montgomery. Ce livre écrit en 1905 a été remis au gout du jour l’an dernier grâce au fabuleux éditeur Monsieur Toussaint Louverture.

Anne (avec un “e”, elle y tient beaucoup) est adoptée par Matthew et Marilla Cuthbert, un frère et une sœur qui auraient préféré un garçon pour aider à la ferme. Mais voilà, le destin leur apporte Anne, petite fille exubérante et excentrique à la parole volubile et à l’imagination débordante. Malgré un premier contact difficile elle parvient à séduire tous les gens qui l’entourent.

Premier tome d’une série de romans édités au début du 20ème siècle, on découvre ce personnage de Anne Shirley qui est aussi horripilant qu’attachant. Pour ma part je suis tombée avec délice dans ce récit un peu suranné qui m’a rappelé combien j’avais aimé les romans des sœurs Brontë ou ceux de Jane Austen. J’ai dévoré les quatre cents pages de ce roman en étant touchée de plus en plus par Anne, j’ai adoré frémir avec elle, pleurer avec elle, j’ai découvert une véritable héroïne littéraire. Un personnage symbole de liberté, liberté de parole, liberté d’esprit, mais aussi symbole d’espoir et de courage. Je ne suis pas sûre que ça plaise à tous types de publics mais si vous aimez les beaux romans classiques avec des grands personnages féminins, ce livre est fait pour vous !

Ce roman a été adapté en série sur Netflix “Anne with an e” que je vais m’empresser d’aller regarder !

Un long retour de Louise Penny

Aujourd’hui je vous parle d’une auteure canadienne que j’aime beaucoup, Louise Penny.

Dans “un long retour” on retrouve Armand Gamache, son personnage fétiche, qui est désormais à la retraite. Anciennement inspecteur-chef à la sureté canadienne, il a décidé de raccrocher les gants après une enquête très éprouvante. Mais son amie et voisine Clara Morrow lui demande son aide. Peter, son mari, qui devait rentrer après une année de séparation, n’a toujours pas donné signe de vie.

Ce que j’aime dans cette série de polar c’est l’ambiance propre au lieu de l’action, le Canada. Tout est feutré, ouaté comme dans une bulle de mousse ou de neige. Les personnages prennent leur temps, ils sont plus dans la réflexion que dans l’action et n’agissent qu’une fois qu’ils ont bien réfléchi. Tous les personnages, même les secondaires, sont importants dans le récit et ont leur place. On sent que Louise Penny les aime ses personnages et prend plaisir à les mettre en scène.

L’enquête sur la disparition de Peter Morrow permet en plus d’en apprendre davantage sur le milieu artistique canadien. Personnellement l’auteure fait référence à des peintres dont je n’ai jamais entendu parler mais j’ai eu envie d’aller voir les œuvres qu’elle cite, notamment les peintures de Clarence Gagnon ou Tom Thomson.

Si vous ne connaissez pas cette série et que ça vous tente, le mieux c’est de commencer par le premier “Nature morte”.

La Familia Grande de Camille Kouchner

Aujourd’hui je vous parle de “la Familia grande” de Camille Kouchner, édité chez Points.

A moins que vous ayez été enfermé dans une cave ou bien que vous ayez passé toute l’année dernière à l’étranger, vous n’avez pas pu passer à côté du scandale que ce livre a causé. Tant et si bien que tout le monde pouvait en parler sans même l’avoir lu. Je préfère toujours me faire mon propre avis et j’attendais sa sortie poche pour enfin le lire.

Je ne sais pas s’il est utile que je reparle du sujet du livre. Mais pour les quelques qui étaient dans une cave, il s’agit de l’histoire de la famille de Camille Kouchner. Fille de Bernard, plusieurs fois ministre, et de Evelyne Pisier, professeur de droit et politologue et belle-fille de Olivier Duhamel, lui aussi politologue et éditorialiste à la radio. Elle raconte l’enfance particulière qu’elle et ses frères ont eu dans cette famille où tout était permis. Enfance enchantée qui prend fin quand Camille comprend que son beau-père pratique des attouchements sur son frère jumeau. Elle ne dit rien mais le secret va agir comme un poison lent jusqu’à la révélation.

Les secrets de famille, vaste sujet mais qui, ici, a une résonnance particulière du fait de la notoriété des protagonistes. Dans cette famille d’intellectuels se cachait le plus méprisable des hommes et tout le monde s’est entendu pour ne rien révéler, réduisant à néant la souffrance de Victor, le frère de Camille. Quel est le pire dans cette histoire ? L’acte en lui-même ou l’omerta de la famille sur le sujet ? Comment se reconstruire quand l’abus dont on a été victime est nié par son entourage ?

Un récit romancé qui emmène beaucoup de questions sur le sujet de l’inceste et de la parole donnée aux victimes. Intéressant !

Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin

Aujourd’hui je vous parle de “Ce qu’il faut de nuit” de Laurent Petitmangin, édité depuis peu au Livre de Poche.

C’est un livre dont on a beaucoup entendu parler l’année dernière lors de sa sortie en grand format. Il a d’ailleurs remporté quelques prix.

C’est l’histoire d’un homme qui se retrouve seul avec ses deux fils suite au décès de sa femme. Deux bons fils, sans problème, jusqu’au jour où le plus âgé est vu en compagnie de jeunes d’extrême droite. Le père cherche à comprendre sans vraiment poser de question. Le dialogue n’a jamais été au centre de la famille.

L’auteur propose un premier roman très touchant sur la parentalité et la transmission. Peut-on tout accepter de ses enfants ? Doit-on les soutenir coute que coute ? Est-on responsable de leur choix politique ? Autant de questions abordées dans ce court roman. Un roman qui est très juste dans les sentiments et les relations familiales qu’il traite. L’écriture est précise et poignante, Laurent Petitmangin cerne parfaitement les tourments de ce père.

Les louanges que j’avais lu sont tout à fait méritées.

L’avez-vous lu ?

After de Stephen King

Ceux qui me connaissent un peu savent mon attachement à Stephen King. Je crois que c’est avec lui que j’ai eu mes premiers frissons, avec lui que j’ai compris que la littérature pouvait aussi procurer ce genre de sentiments, la trouille littéralement. Je suis toujours restée fidèle même si quelques fois le King a pu me décevoir, mais après tout qui peut se vanter d’être toujours au top ?

Ici on est sur un opus un peu faible, il est relativement court et l’histoire peut se résumer en une phrase.

Jamie voit des morts et ce “pouvoir” va lui causer quelques ennuis.

Même si à plusieurs reprises, le narrateur nous dit “ceci est une histoire d’épouvante, je vous avais prévenu”, je dois avouer que je n’ai rien lu qui soit effrayant, loin de là.

Un roman de Stephen King qui ne fait pas du tout flipper, c’est décevant, on attend toujours le moment où il va nous surprendre. Ici point de surprise.

Allez, vivement le suivant !!

Black Manoo de Gauz

Aujourd’hui je vais vous parler de “Black Manoo” de Gauz que j’ai lu dans le cadre du prix du meilleur roman points.

Gauz, je le connaissais car j’avais lu “debout-payé” dans le cadre d’un autre prix littéraire et déjà j’avais pu noter l’originalité de son écriture, vraiment différente de ce qu’on pouvait lire à l’époque de sa sortie.

Black Manoo est ivoirien, Emmanuel de son prénom. Dans les années 90 il débarque en France avec un faux visa. Erudit, il connait la généalogie des rois de France par cœur, il n‘en est pas moins aussi accro au crack. Ses débuts à Belleville sont compliqués mais il réussit à se faire une place dans cette jungle urbaine.

Au travers de son parcours, Gauz nous donne à voir la vie des clandestins et migrants de l’époque. Grâce à sa prose colorée, musicale et souvent drôle, l’auteur nous fait entrer dans le quotidien de tous ses personnages. Ça peut paraitre léger, la forme est légère (ce qui n’est aucunement une critique) mais le fond est très fort. Une véritable plongée dans les quartiers populaires et la manière dans les gens à la marge, les invisibles, survivent.

Evidemment mention spéciale pour son héros qui donne véritablement à réfléchir sur notre société.

Connaissez vous cet auteur ou ses romans ??